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La Izquierda Diario
28 de juin de 2017 Twitter Faceboock

Moralisation de la vie politique
Macron à Las Vegas : révélations sur les arrangements de Muriel Pénicaud
Jaque Mate

Alors que la ministre du travail Muriel Penicaud, qui a échappé au remaniement ministériel, doit présenter ce mercredi le projet de loi d’habilitation pour réformer le code du travail par ordonnances, les révélations du journal Libération pourraient bien ouvrir une nouvelle crise gouvernementale.

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Le Journal a en effet révélé des documents et informations remettant sérieusement en cause la défense de la ministre mais impliquant également Macron et son cabinet dans le cadre de l’enquête pour favoritisme envers la société Havas pour l’organisation de la French Tech Night.
Dès sa nomination, l’inspection du CV de la nouvelle ministre du travail tout droit sortie des écoles du CAC 40 avait déjà laissé peser des soupçons sur sa participation dans cette affaire qu’elle s’était empressée de réfuter en expliquant avoir elle-même commandé un audit et prévenu les instances de contrôle, niant également dans la foulée toute implication potentielle du nouveau président qui avait été la star du salon.


Un favoritisme à l’égard de la société Havas impliquant la ministre alors directrice générale de l’agence.

La base de sa défense est pourtant battue en brèche : Selon un rapport confidentiel réalisé par EY (ex-Ernst & Young) si l’organisme Business France, dont Muriel Pénicaud était alors directrice générale avait suivi la procédure d’appel d’offre (obligatoire à partir de 207 000 euros), il n’aurait pas été possible d’organiser la soirée dans le délai imparti. La procédure de sélection prenant entre 52 et 77 jours, le choix n’aurait pu qu’être arrêté au mieux début janvier, au moment où devait avoir lieu l’événement.

Si les rapports consultés ne permettent pas de savoir comment et pourquoi Havas a bénéficié du contrat de la French Tech Night, les échanges mails de Fabienne Bothy-Chesneau, directrice exécutive de la communication à Business France ne font état de réunions avec Havas qu’à partir du 3 et du 16 Décembre. Le rapport de l’Inspection Générale des Finances dont des extraits ont été révélés par le Canard Enchainé indique que « les prestations ont été effectuées sans bon de commande, ni devis validé, ni contrat signé, ni constatation du service fait. » « Les différentes étapes de la commande publique ont été largement ignorées ou contournées ».

Il est difficile de croire que la directrice générale de l’établissement n’ait pas été au courant et qu’elle ait pu passer à côté du pilotage d’un tel évènement.

Des prestations commandées directement par le cabinet d’Emmanuel Macron

Mais l’affaire ne s’arrête pas là, étant donné l’urgence pour organiser l’évènement, l’agence initialement chargée de la communication a rapidement été sollicitée pour l’organisation évènementielle de la soirée elle-même avec à la clé une facture de 248 925 dollars.

Malgré le soutien du porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, qui affirmait ne pas être « inquiet » et défendait la ministre du travail, les preuves à son encontre s’accumulent : elle a d’abord payé personnellement un acompte de 30 000 euros à l’hôtel (afin de contourner les problèmes de refus de virement par l’hôtel et de plafond de dépense des cartes de Business France) et a également validé un second paiement en janvier sans en avoir informé le service achat qui le découvrira une semaine plus tard.
Si la ministre est clairement impliquée, les mails retranscrits par l’agence d’audit mettent également en avant les protestations de la directrice exécutive de la communication qui est agacée par le comportement du cabinet du ministre et qui tente de recadrer le fonctionnement : « C’est Business France qui décide et nous sommes aimables et associons la mission French Tech ainsi que le cab. Pas l’inverse. »

Le cabinet d’Emmanuel Macron serait même intervenu dans le choix de l’hôtel en sélectionnant un l’établissement plus prestigieux au détriment d’un autre jugé « trop kitsch ». En totale contradiction avec l’affirmation de Muriel Pénicaud en mars dernier qui visait à couvrir Emmanuel Macron, le rapport de l’IGF affirme clairement : « Nous comprenons que la définition exacte des besoins a pu être en partie déterminée par des personnes extérieures à Business France, en particulier le cabinet du ministre de l’économie ».

Une opacité totale concernant l’audit et des « retards » pour informer les services de contrôle

Alors qu’elle était au courant de la somme facturée par Havas pour l’évènement depuis longtemps, le responsable des achats reçoit la refacturation de la société ayant effectué la prestation début février et alerte la directrice générale qui n’a d’autre choix que de déclencher un audit. Par la suite elle n’informera pas avant la fin de l’année 2016 les instances de contrôle interne et les ministères de tutelle (Bercy et le quai d’Orsay). Pourtant le comité d’audit de la société s’était réuni en Juin et n’avait pas été averti de l’audit commandé à EY qui était presque finalisé. Le rapport d’EY daté du 28 Juillet ne sortira pas des placards de la future ministre avant plusieurs mois et la directrice soumettra à un comité d’audit, en décembre 2016, un simple résumé de l’audit et un protocole de transaction. Le contrôleur économique de Buiness France découvre alors la situation et refuse de signer, alertant au passage les ministères de tutelle. Ainsi ce sont tous les éléments de défense de la ministre qui sont réfutés par cet audit ainsi que le rapport de l’IGF, ce qui pose la question de l’implication de Macron dans cette affaire.

Cette affaire qui éclate après le remaniement ministériel qui avait entre autres pour objectif de présenter un gouvernement exemplaire – tout comme le précédent était censé l’être – pourrait affaiblir la ministre du travail et le gouvernement Macron alors qu’ils se préparent à lancer l’offensive dès septembre notamment grâce au projet de loi sur l’habilitation à réformer le code du travail par ordonnances. Toutes ces affaires qui s’enchaînent montrent bien que derrière ce « renouvellement des hommes politiques » et cette soi-disant moralisation de la vie politique ce sont toujours les mêmes qui profitent de leur mandat pour s’enrichir et enrichir leurs proches de manière directe (emplois fictifs) ou à travers les détournements ou les faveurs à des tiers ! Il n’y a rien à espérer de ce nouveau gouvernement qui sous des airs de « nouvelle force politique » n’est que le successeur des nombreux gouvernements de droite et de « gauche » ayant appliqués les réformes demandées par le MEDEF avant lui. Face à un tel gouvernement il n’y a qu’une seule solution : préparer les luttes et la riposte dès aujourd’hui !

© Paul Malo Le Point

 
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