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La Izquierda Diario
19 de juillet de 2017 Twitter Faceboock

Répression en marche
9 mois de prison avec sursis pour Mickaël au Havre
René Dupont

Mardi avait lieu au Havre le jugement de Mickaël pour dégradations de la voirie, de biens publics et mise en danger de personne. Un jugement pour finir de casser le mouvement des agents territoriaux du Havre. Retour sur le mouvement.

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Le 19 juin 2017, il est environ 14h quand plusieurs militants se réunissent à la suite d’un appel des syndicats cgt et fo territoriaux. Les raisons de leur colère : trop de différence entre les catégories A et C ; les salariés de la catégorie A touchant en effet une prime de 1270 euros en plus de leurs salaires, tandis que ceux de la catégorie C touchent 1270 de salaires toutes primes confondues. Leurs salaires ont été gelés depuis 7 ans et cette année, c’est l’année de trop.
Ce jour-là la délégation de syndiqués a été reçue par le directeur des services publics alors que les délégués du personnel avaient demandé à être reçu par la maire. L’entretien se passe dans un mépris total pour les revendications des agents de la catégorie C ; le directeur utilise plusieurs fois des mots blessants et parfois violents. Alors que l’entretien se termine assez rapidement, une alarme est déclenchée dans la mairie, alors qu’aucun feu n’est détecté. Manœuvre en définitive de la mairie pour faire peur au personnel et aux habitants sur les agissements des grévistes. Le doute plane et l’incompréhension aussi.

Les délégués expliquent à la sortie le déroulement de l’entretien aux grévistes et la façon dont ils ont été reçus. La colère monte, ils comprennent très vite qu’aucun accord sur le traitement de leurs salaires ne sera fait. Pour protester contre cette décision, ils décident d’allumer un feu devant la mairie et lancent des pneus à plusieurs endroits. Le mouvement ne s’arrête pas là et dès le lendemain un blocage de plusieurs chantiers est prévu, ainsi qu’un nouveau rassemblement devant l’hôtel de ville. Par prévention, ou plutôt par provocation, la police informe les manifestants que si un feu est allumé, ils utiliseront la force. Le dispositif répressif a en effet bien été prévu ; plusieurs fourgons, voitures de police et de la BAC sont présents et en masse, jusqu’à poster un policier sur les toits des immeubles pour prendre des photos des grévistes. Il s’agit alors bien de criminaliser et délégitimer aux yeux de l’opinion les manifestants plutôt que de répondre à leurs revendications.
Pourtant là encore le rassemblement se passe normalement et sans désordre. Les revendications n’avançant toujours pas, le lendemain les manifestants décident une action coup de poing sur le site où sont placées les machines de vote électronique. C’est à ce moment-là seulement que le maire accepte de les recevoir, il promet alors de débloquer une enveloppe de 400 000 euros si le blocage est levé afin que les élections se passent bien et une prise de rendez-vous est proposée pour le mardi suivant afin de reprendre les négociations. Mais le mardi vers midi tout s’accélère, lorsque tout le monde apprend l’arrestation de l’agent territorial Mickael sur son chantier. Un rassemblement de soutien se met aussitôt en place devant le commissariat du Havre, les négociations passent à la trappe pour laisser la place à l’intimidation avec la garde à vue de Mickael. Celui-ci passe une nuit au commissariat avec un passage en comparution immédiate. L’avocat de Mickael demande un report d’audience. Celle-ci est reportée par le juge au 18 juillet.

Mickael ce mardi 18 juillet est condamné a 9 mois de prison avec sursis, 5 ans de mise a l’épreuve, une inscription au casier judiciaire et à payer une amende de 15 400 euros de dommages et intérêts à la mairie du Havre. Il lui est reproché d’avoir amené des pneus avec sa voiture et sa remorque. Mickael durant l’audience a avoué avoir entretenu un feu en lançant une torche, des fumigènes dedans, il n’a pas voulu mettre en cause ses collègues. La sanction est sévère au vue de ce qui lui est reproché : il s’agit de faire un exemple et de casser la grève des agents territoriaux.

Nous étions 300 ce jour-là devant la mairie, mais c’est sur Mickaél qu’ils ont décidé de tout faire peser. Il a été reconnu par sa plaque d’immatriculation, la police faisait alors régulièrement des rondes autour de son domicile pour lui mettre la pression jusqu’à son arrestation puis sa condamnation.
Depuis le printemps 2016 avec le mouvement contre la loi travail, nous voyons en marche une justice de classe écrasante, le nombre de militants poursuivi se compte par milliers, les chefs d’inculpation sont bien souvent farfelus : condamnation à 4 mois de prison avec sursis pour avoir « tagué » à la craie, certains pour de simples autocollants, c’est une redoutable criminalisation des manifestants qui sévit depuis plus d’un an avec machine judiciaire à l’appui. Le 1er septembre à Dieppe deux camarades passeront au tribunal pour avoir distribué des tracts sur un carrefour giratoire pendant le mouvement de la loi travail.

L’intersyndicale du Havre et l’union départementale CGT vont lancer une caisse de solidarité pour que Mickael n’ait pas à payer la somme que la mairie réclame. Il est plus que temps d’en finir avec toute cette répression en marche et contre elle de s’organiser tous ensemble .

 
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