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La Izquierda Diario
31 de août de 2017 Twitter Faceboock

Organiser une riposte à la hauteur. Tou-te-s dans la rue le 12 septembre !
Présentation des ordonnances de Macron-Medef : la guerre est déclarée !
Jean-Patrick Clech

Ce devait être l’événement de la rentrée, placé sous le signe de la réaction sur toute la ligne. C’est bien le cas. Les cinq ordonnances présentées par le premier ministre et sa ministre du Travail, Murielle Pénicaud, sont un concentré d’agression patronale. Pas étonnant que le Medef se frotte les mains. Scandaleux que certains « syndicalistes » continuent à ne pas appeler à la mobilisation le 12. Raison de plus, en revanche, pour construire la riposte la plus unitaire possible, dès le 12, et de lui donner un prolongement, avant le 22 septembre, date à laquelle les ordonnances devraient être adoptées.

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Edouard Philippe a passé le plus clair de sa conférence de presse à insister sur la méthode qui a été celle du gouvernement et de Macron pour mettre en place cette Loi Travail XXL. C’est ce sur quoi il insistera à nouveau, ce soir, sur le plateau du 20h de France 2, la chaîne publique lui accordant un temps supplémentaire d’antenne pour qu’il continue à faire passer pour une avancée ce qui pourrait être un recul historique pour le monde du travail et la jeunesse. Il suffit d’écouter le patronat pour comprendre que dans les 36 mesures contenues dans les 159 pages présentées à la mi-journée, ce n’est pas un accord gagnant-gagnant qui a été acté, mais les bases d’une offensive contre le salariat sur laquelle Macron veut construire son quinquennat.

François Asselin, président de la CPME, s’est déclaré on ne peut plus satisfait, saluant un texte « particulièrement pragmatique (…) qui colle à la réalité du terrain ». Avec une pointe de regret, il a tout de même souligné « qu’on aurait pu simplifier beaucoup de choses ». Ce faisant, il pose le cadre de la guerre qui est ouverte. L’offensive qui a été déclarée par Philippe aujourd’hui n’est que la première étape d’une guerre globale dont les batailles à venir, si celle-ci est gagnée par le gouvernement et le Medef, seront les contre-réformes de l’assurance chômage, de la formation professionnelle et un énième coup de matraque aux retraites. Des coups qui n’épargneront personne, le secteur public, qui ne subira pas directement la Loi Travail XXL, étant en ligne de mire, de même que l’université pour tous, puisque Macron veut instaurer la sélection en cassant le bac.

Retour en arrière

Parmi les mesures clef, dévoilées aujourd’hui et qui confirment ce qui avait déjà été avancé par le gouvernement et validé par le mauvais jeu de la concertation auquel se sont livrés les confédérations syndicales, plusieurs relèvent du recul à des conditions de travail et de contrat vieilles comme le XIXème siècle. C’est ça, l’ambition historique du patronat. C’est ça, la modernisation macroniste.

Côté licenciement, il y aura le plafonnement maximal à vingt mensualités, pour trente années de travail, des indemnités prudhommales. Le délai de recours en cas de licenciement abusif, fixé à deux ans aujourd’hui, serait ramené à un an, alors que le patronat réclamait six mois. Dans les entreprises de moins de cinquante salariés, c’est l’arbitraire patronal qui sera désormais la règle. Contournant tout mandatement syndical, le patron pourra consolider son despotisme d’entreprise en convoquant, à sa guise, des référendums internes pour sanctionner ses mauvais coups.

Sur le temps de travail (lire son augmentation), la « mobilité » des salariés (lire le règne sans partage des RH sur les conditions de travail) et les rémunérations (lire la baisse des salaires), c’est désormais les accords d’entreprises, au cœur des cinq ordonnances, qui primeront sur les accords de branche dans le privé, si la contre-réforme venait à passer. Et contre la propagande gouvernementale qui voudrait nous faire croire que ce sont les petits patrons qui tireront les fruits de cette nouvelle contre-réforme, le principal cadeau, c’est pour le grand patronat : il suffit de penser au passage au périmètre national pour apprécier les difficultés économiques des multinationales qui licencient en France.

Les réactions de la CFDT et de FO ont de quoi laisser perplexe, même si elles s’expliquent parfaitement à l’aune de l’attitude qui a été celle de Laurent Berger et de Jean-Claude Mailly depuis l’élection de Macron : à sa botte. Selon Véronique Desacq, numéro deux cédétiste, la centrale est « déçue, mais ça ne veut pas dire complètement catastrophée ». Elle n’appelle, bien entendu, à aucune mobilisation. Mailly, lui, a le sentiment d’avoir « fait son travail ». Un beau boulot, en effet : au service du Medef, alors que plusieurs de ses fédérations et UD rejoignent l’appel à la mobilisation, le 12.

Être à la hauteur, l’unité contre les divisions

La France Insoumise qualifie les ordonnances de « coup d’Etat social », Alexis Corbière utilisant même la formule, tout à fait juste, « d’agression confirmée avec préméditation ». Mais si l’on ne veut pas se payer de mot, et c’est bel et bien de putsch social dont il s’agit, alors il faut que l’ensemble des organisations, politiques et syndicales, du monde du travail et de la jeunesse, se mettent autour d’une table et décident, ensemble et dans la continuité, d’un calendrier à même de construire une contre-offensive à la hauteur.

Pour cela, la date du 12 septembre, appelée par la CGT et Solidaires, est centrale, mais également sa suite. Il n’est pas possible que la mobilisation et la colère populaires soient fragmentées en plusieurs dates en fonction de calculs d’appareil. Il en faut plusieurs, pour donner une suite au 12, qui est à construire, à partir d’AG, sur les lieux de travail, du public comme du privé, ce qui sera la meilleure garantie pour imposer le front unifié de nos organisations à un Edouard Philippe qui entend faire adopter ses ordonnances le 22 septembre. Après le 12, il faut donc des suites.

Préparer le combat, contre nos ennemis et les traîtres

La guerre est déclarée. Après avoir tout fait pour nous désarmer, avant l’été, certains sont d’ores et déjà passés à l’ennemi sur le champ de bataille. D’autres ont la tête ailleurs. Mais les traîtres ne sont pas les propriétaires des organisations syndicales des travailleurs.

La meilleure façon d’empêcher qu’ils ne mettent leurs forces au service de l’ennemi, c’est en les condamnant pour ce qu’ils sont et en appelant leurs bases à rejoindre la mobilisation. C’est aussi pour cela que les organisateurs du 12 se doivent de s’adresser à toutes les bases syndicales et aux non-syndiqués, dans les entreprises, du privé comme du public –qui est épargné par cette réforme mais qui est dans le viseur du gouvernement- pour que le 12 soit une première échéance réussie, contre le gouvernement, le Medef qui se frotte les mains, mais aussi contre leurs représentants au sein du monde du travail qui continuent à prétendre qu’ils font du syndicalisme et qui œuvrent, jour après jour, pour le camp patronal. C’est pour cela que le 12 doit être le début de la contre-offensive pour notre camp social.

[Crédit photo :BFMTV]

 
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