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La Izquierda Diario
21 de septembre de 2017 Twitter Faceboock

Une mobilisation ouvrière et populaire pour garantir le droit à l’autodétermination
Franco n’est pas mort ! La droite espagnole poursuit l’offensive contre la Catalogne
Ciro Tappeste

« Franco no ha mort ». C’est que l’on pouvait lire sur de nombreuses banderoles et affiches, confectionnées à la hâte, par les manifestants qui sont descendus par dizaines de milliers dès l’annonce du coup de force de Madrid contre la Catalogne, mercredi matin. Jeudi, les mobilisations continuaient de plus belle et devraient prendre de l’ampleur vendredi, avec un appel à la grève de la CGT et de l’IAC.

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Le gouvernement de droite, au pouvoir à Madrid poursuit sur la voie de la répression avec le soutien de Ciudadanos et d’une fraction du Parti Socialiste (PSOE). Après l’arrestation de quatorze responsables politiques catalans, mercredi, dont onze sont encore en garde-à-vue pour « sédition » et « détournement de fonds », des perquisitions ou tentatives de perquisitions contre des locaux de partis politiques indépendantistes et la saisie de plus de dix millions de bulletins de vote, censés servir pour le référendum du 1er octobre, Madrid a tout simplement mis sous tutelle financière la Généralité, le gouvernement autonome. Il n’en faudrait pas plus, d’ailleurs, pour que l’article 155 de la Constitution de 1978, qui prévoit la suspension des autonomies régionales, ne soit mis en œuvre au nom, selon Mariano Rajoy, le Premier ministre, de la défense de « l’unité du pays » et de la « démocratie ».

Drôle de conception de la démocratie de la part de Rajoy, qui refuse de considérer, un seul instant, non pas le droit à l’indépendance, mais le droit à l’auto-détermination. Sans même parler du franquisme, dont le Parti Populaire est issu, en dernière instance, l’attitude austéritaire et anti-démocratique de Rajoy n’est pas sans rappeler la décision des droites espagnoles de la CEDA, de retour au pouvoir sous la IInde République, entre 1934 et 1936 qui, d’un côté, avait écrasé la grève des mineurs d’Asturies et, de l’autre, suspendu le statut autonome de la Généralité de Catalogne.

Compte-tenu de l’ampleur de l’attaque, la réaction des indépendantistes bourgeois catalans du vieux parti de Jordi Pujol, le Parti Démocrate Européen Catalan (PDECAT), n’est qu’une pâle copie de leurs ancêtres, Taradellas, Companys et Casanova qui, eux, étaient allés jusqu’au bout de leur logique, en octobre 1934, en défiant Madrid et en proclamant l’Etat catalan, avant de préférer faire machine arrière sous la pression de l’armée. Aux côtés de l’ERC, le centre-gauche indépendantiste, et au nom du sens des responsabilités, les leaders actuels du PDECAT, Carles Puigdemont en tête, ont tout d’abord appelé au calme alors que les gens commençaient spontanément à descendre dans la rue, mercredi matin. Le PDECT et l’ERC qui sont comme effrayés par ce que voudrait dire maintenir, coûte que coûte, un droit aussi élémentaire celui du référendum du 1er octobre. Leur attitude actuelle est avant tout liée à la crainte qu’ils ont du fait que la question nationale se transforme en un moteur de combat qui les dépasserait complètement si le monde du travail, les classes populaires et la jeunesse s’en emparaient en les écartant du chemin. Même si la justice espagnole n’a pas pu encore mettre la main sur les urnes qui devraient servir à l’élection du 1er octobre, c’est ainsi que sur la question du référendum, Oriol Junqueras, numéro 2 de la Généralité et bras-droit de Puigdemont, a reconnu à demi-mots que le référendum ne pourrait se tenir.

Mais ce n’est pas à la bourgeoisie catalaniste de décider si un droit aussi élémentaire que celui à l’autodétermination doit ou non être respecté. Dès mercredi, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui se sont rassemblées dans les villes et les villages de Catalogne en soutien au processus et contre le coup de force madrilène. Mais des rassemblements ont également été organisés dans les pays catalans, dans la région de Valence et aux Baléares, à Madrid, en Aragon, en Andalousie, et bien entendu en Galice et en Euskadi. Dans les établissements scolaires et universitaires de Catalogne, la journée de jeudi a été une longue suite d’AG et de débrayages à l’appel du SEPC et de l’USPEC, après les manifestations de mercredi soir auxquelles les jeunes ont fortement participé. Du côté syndical, la CGT (gauche syndicale espagnole) et la plateforme des syndicats indépendantistes (IAC) ont appelé à une AG de leurs directions respectives, jeudi soir, pour décider d’une grève, dès vendredi, dans toute la Catalogne. Les dockers ont, pour leur part, anticipé l’appel puisque ceux des ports de Barcelone et Tarragone ont annoncé le boycott des embarcations dépendant de la garde civile.

Ni le PDECAT ni l’ERC ne sont capables de résister, jusqu’au bout, aux provocations madrilènes, et se placer à la hauteur de la situation. Il n’y a bien que le mouvement ouvrier, les organisations populaires et de jeunesse, politiques comme syndicales, qui sont capables de rendre effectif la tenue du référendum du 1er octobre. C’est aussi la raison pour laquelle, d’une part, la mobilisation doit se réaliser en toute autonomie des indépendantistes bourgeois catalans, et qu’il est nécessaire de l’autre, qu’au sein de la gauche radicale, à commencer par Podemos et Izquierda Unida, un positionnement clair, d’appui et de mobilisation, dans tout l’Etat espagnol, soit adopté. Pablo Iglesias, le leader de POdemos, en est aujourd’hui encore loin. Il s’est bien entendu dissocié de l’opération de répression de Madrid sans appeler, pourtant, à mobiliser ou à défendre le droit à l’indépendance.

Les prochaines heures, à savoir les manifestations de jeudi soir et la journée de vendredi, seront décisives pour déterminer le niveau d’affrontement auquel les héritiers du franquisme du Parti Populaire sont prêts à aller, et pour établir un rapport de force suffisant, dans notre camp social, en faveur du droit à l’autodétermination. Une avancée de la bourgeoisie espagnoliste et de ses partis, PP, PSOE et Ciudadanos, sur la question catalane, serait un coup très dur pour les travailleurs et la jeunesse de tout l’Etat espagnol.

[Crédit photo : Ferran Sendra. "Nous votons pour être libre"]

 
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