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La Izquierda Diario
22 de septembre de 2017 Twitter Faceboock

Tribune libre
« Mother ! » : thriller cauchemardesque à multiples facettes
Erica Farges

Darren Aronofsky revient avec Mother !, son septième film s’ajoute à la liste des thrillers psychologiques dans la filmographie du réalisateur.

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Erica Farges

Un couple, un poète (Javier Bardem) et sa femme (Jennifer Lawrence), voient leur relation et leur tranquillité mises en péril par l’arrivée d’invités imprévus. Le cocon confortable qu’essaye de construire la femme du couple dans leur grand manoir isolé de tout devient un huis clos dominé par la paranoïa. Aronofsky montre l’enfermement et la toxicité d’une relation de couple, où le besoin d’inspiration, de reconnaissance et d’admiration du mari finira par vampiriser sa femme jusqu’à causer la perte de cette dernière.

Si Aronofsky affirme avoir voulu faire de ce film une allégorie de Mère Nature, l’actrice Jennifer Lawrence y voit clairement un film féministe : « Pour moi, le film est féministe à la manière des romans victoriens évoquant le patriarcat dans lesquels des maris aimants et attentionnés ôtent lentement et délicatement toute dignité à leur épouse. Pour qu’un film soit féministe, il n’est pas nécessaire que tous les personnages soient des femmes et que toutes les femmes dans le film soient agressives. Avant de savoir ce qu’était le féminisme, des auteurs écrivaient ces romans qui montraient que la force des femmes leur était drainée. ». Mother ! a donc une forte dimension féministe, ce qui semble être une tendance actuelle dans les œuvres de fiction audiovisuelles. Ce constat peut être fait, par exemple, pour la dernière cérémonie Emmy Awards, le dimanche 17 septembre 2017, où beaucoup des séries qui ont été fortement récompensées (The Handmaid’s Tale, Big Little Liars, Veep…) traitent de la place des femmes dans la société et rappellent la menace qui plane actuellement sur les droits des femmes partout dans le monde.
Filmé du point de vue de la maîtresse de maison, le film prend progressivement une tournure de cauchemar permanent, où les limites entre l’angoisse, les psychoses de l’héroïne et la réalité sont floues, son malaise psychique finit par devenir physique. La protagoniste est perpétuellement ramenée au centre du labyrinthe oppressant qui se crée dans sa propre maison.

Aspect caractéristique des films d’Aronofsky, le niveau de malaise et de claustrophobie monte tout au long du film pour atteindre un degré insoutenable. Il reprend également une des thématiques récurrentes dans ses films : l’aliénation des personnages. Un film cauchemardesque donc, qui ne bascule jamais totalement dans le film d’horreur, malgré les références à Rosemary’s Baby (1968) de Roman Polanski et à Carrie au bal du diable (Carrie, 1976) de Brian De Palma.
Mother ! est un film qui a une position ambiguë vis-à-vis du libre-arbitre des spectateurs. D’un côté, il laisse une grande place à l’interprétation personnelle, avec des possibilités infinies d’y voir des symbolismes et des métaphores. Mais, paradoxalement, Aronofsky entraine quasiment de force les spectateurs vers les profondeurs d’un délire psychotique qui prend des allures apocalyptiques. Ce qui explique sans doute, en partie, les avis très partagés que ce film suscite.

 
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