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La Izquierda Diario
27 de septembre de 2017 Twitter Faceboock

Les catalans ont le droit de décider
J-3 avant le référendum catalan : un rassemblement de soutien devant l’ambassade d’Espagne à Paris
Claude Manor

A trois jours du référendum d’autodétermination de la Catalogne que le pouvoir central espagnol veut empêcher par tous les moyens, plusieurs organisations, syndicats partis et associations du mouvement ouvrier en France ont appelé à un rassemblement devant l’ambassade d’Espagne. Une volonté commune pour exprimer leur soutien aux catalans et à leur droit à l’autodétermination.

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Une répression prétendument légale qui prend la forme d’un coup d’état

Depuis maintenant près de deux semaines, Mariano Rajoy, avec le soutien du PSOE, a accumulé les actes de répression contre ce vote qu’il qualifie d’anticonstitutionnel. De fait, c’est à un véritable coup d’état qu’il se livre, pleinement décidé à bâillonner la Catalogne et à empêcher par la force du pouvoir central que se déroule le référendum d’autodétermination convoqué par le parlement de la Généralité. Saisie de 10 millions de bulletins de vote, fermeture de sites internet, perquisition dans des locaux de journaux et de mouvements politiques, prise d’assaut de bâtiments officiels, incarcération de plusieurs ministres catalans… la répression va crescendo et bafoue le statut de la généralité et l’opinion de la population catalane qui approuve à 70% le référendum du 1er octobre.

Désormais, l’intimidation a force de loi. Tous ceux qui participeraient, de près ou de loin, à l’organisation du scrutin sont passibles de poursuites. Arguant du fait que le référendum serait constitutionnellement illicite, le gouvernement annonce que tout acte visant à organiser la consultation tombe sous le coup des chefs d’accusation de « désobéissance, prévarication et malversation des deniers publics ». Cette annonce n’apparaît hélas pas comme une menace en l’air. Les responsables catalans ont en tête le précédent de la condamnation, en mars dernier, d’Arturo Mas, ex-président de la Catalogne, à deux ans d’inéligibilité et à une amende de 36 500 euros pour " désobéissance ".

Il n’est d’ailleurs pas exclu que, dimanche prochain et peut-être même dans les jours qui vont suivre, un cran supérieur ne soit franchi dans l’utilisation de la force par le gouvernement de Madrid contre la Catalogne, rappelant que le franquisme n’est pas si loin et que l’appareil d’Etat espagnol, au demeurant toujours flanqué d’une monarchie, n’en a pas extirpé toutes traces.

Dis-moi qui te soutient et je te dirai quel est ton camp

Le gouvernement de Madrid n’est pas le seul à craindre ce mouvement. Les dirigeants capitalistes européens le regardent également avec une certaine anxiété car cette revendication pour le droit à l’autodétermination participe du mouvement plus large des travailleurs qui, en Europe, refusent la corruption, l’austérité, l’atteinte aux droits démocratiques, la restriction des libertés. Macron, lors d’une conférence de presse commune avec Rajoy, après avoir joué une apparente neutralité en déclarant : « Je vais être simple et direct : il s’agit d’une affaire interne à l’Espagne » a apporté au gouvernement espagnol, un soutien et une solidarité sans équivoque en ces termes : « Je connais seulement un partenaire et un ami qui est l’Espagne. L’Espagne tout entière. Je connais un seul interlocuteur que j’ai ici à mes côtés et qui s’appelle Mariano Rajoy, le reste ne me concerne pas. » Ce faisant, il ne se contente pas de jouer la continuité des Sarkozy et Hollande qui ont toujours apporté un soutien sans faille au gouvernement Espagnol sur la question catalane, Il a certainement en tête les récents épisodes du mouvement en Guyane et en ligne de mire le referendum prochain en Kanakie.

Plus étonnants sont, pour un homme « de gauche radicale » les propos quasi jacobins tenus par un Mélenchon qui juge qu’il ne serait pas raisonnable qu’une multitude de petits états, de « baronnies rappelant les temps du saint empire romain germanique », puisse se constituer. Il substitue purement et simplement au droit à l’autodétermination des peuples, l’idée d’une conférence internationale qui serait chargée de régler les inévitables conflits surgissant autour de la question des frontières.

Une cause légitime, celle des peuples décidés à décider par eux-mêmes

Les manifestants rassemblés devant l’ambassade d’Espagne étaient sur une ligne strictement inverse. Sans vouloir intervenir sur le fond de la question de l’indépendance, ils revendiquaient pour les catalans, comme pour tous les peuples, le droit à l’autodétermination.

« L’Espagne est une prison pour les peuples » a déclaré le représentant des basques, « pour le peuple catalan, mais aussi basque, galicien ou andalou ». Mais ce n’est pas l’apanage de l’Espagne c’est aussi celui de la France et de bien d’autres pays conquérants que l’histoire a connus.
C’est aussi la raison pour laquelle, on pouvait compter parmi les signataires de l’appel, outre l’Assemblée de Catalogne en France des représentants Kurdes ou Kabyles…

C’est forte de cette légitimité et de cette solidarité entre les peuples que la représentante de l’Assemblée de Catalogne en France a déclaré que même s’ils devaient dormir la nuit dans les bureaux de vote, les catalans voteraient le 1er octobre.

Ils auront en face d’eux le gouvernement et l’appareil répressif d’un état déterminé, brandissant l’article 155 de la constitution qui lui donne le droit de prendre le contrôle sur les institutions catalanes ou même de dissoudre le parlement. Voyant comme un épouvantail le spectre d’un fédéralisme espagnol, le Parti Populaire de Mariano Rajoy a créé lui-même l’impasse dans laquelle il se trouve, en remettant en cause en 2010, le statut d’autonomie de la « nation catalane » accordé par les parlementaires en 2006,
Pourtant il persiste et ne veut rien céder. Car s’il ne pouvait empêcher le vote et que le oui pour l’indépendance l’emportait dimanche,, il risquerait fort de se voir mis en minorité au parlement.

Tout est donc dans le rapport de force qui se mettra en place dans les heures qui viennent. La solidarité internationale des organisations du mouvement ouvrier et particulièrement de la France dont la situation frontalière avec l’Espagne fait un interlocuteur de poids, comptera pour les Catalans.
Les organisations signataires de l’appel au rassemblement se sont séparées en se promettant de mettre tout en œuvre pour élargir d’urgence, le mouvement de solidarité dont les Catalans en lutte pour leur droit à l’autodétermination vont avoir besoin.

 
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