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La Izquierda Diario
1er de octobre de 2017 Twitter Faceboock

Charges, balles en caoutchouc et résistance
348 blessés, dont 3 graves. La situation actuelle en Catalogne en 6 points
Ciro Tappeste

La situation en Catalogne à l’occasion de cette journée référendaire sur l’indépendance interdite par le gouvernement central est riche en rebondissements. Révolutionpermanente.fr fait le point sur la situation en début d’après-midi, ce dimanche.

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1.

Tout avait été organisé par Madrid pour empêcher le vote. Les 10.000 gardes civils et policiers arrivés en renfort en vue du week-end, de même que les mossos d’esquadra, la police autonome, avaient reçu l’ordre de procéder à la fermeture administrative de l’ensemble des bâtiments, écoles et collèges, pouvant servir de bureaux de vote, dès vendredi soir, après les cours. Face à la possibilité d’un vote sur internet, Madrid a ordonné l’occupation du Centre de Télécommunications et de Technologies de l’Information (CTTI) par la garde civile jusqu’à lundi, de façon à éviter tout référendum sur internet. C’était sans compter la détermination de la population, avec la jeunesse en première ligne. Aux grèves étudiantes et lycéennes de cette semaine se sont ajoutées les occupations nocturnes des établissements scolaires ainsi que les « tractorades », la veille sur les bureaux de vote par les agriculteurs, montés sur leurs tracteurs, comme lors des manifestations antifranquistes des années 1970.

2.

Face à l’occupation de 1130 bureaux de vote sur les 2300 que compte la Catalogne, les mossos d’esquadra ont procédé, tôt dans la matinée de dimanche, à l’établissement de procès-verbaux, ne voulant, visiblement, pas participer aux opérations de répression. Symptôme supplémentaire de ces tiraillements au sein des organes de répression, le colonel Diego Pérez de los Cobos, à la tête de la garde civile, le corps de police militarisé qui chapeaute les opérations en Catalogne ces derniers jours, a fait savoir que le major Trapero, qui se trouve à la tête des mossos, aurait refusé de se rendre à une réunion placée sous l’autorité de la gendarmerie madrilène.

3.

C’est donc la police et la garde-civile qui, peu avant 9h, à l’heure de l’ouverture officielle des bureaux, ont commencé à intervenir avec une grande brutalité, procédant à des fermetures administratives de bureaux, après avoir expulsé les occupants, matraquant les adultes comme les plus âgés et les mineurs, réquisitionnant les urnes qui avaient pu y être placées, chargeant de façon indiscriminées les queues d’électeurs et d’électrices qui s’étaient formés devant les bureaux pour appuyer les occupants à l’intérieur. Souvent, les forces de répression se sont heurtées à une résistance extrêmement déterminée. Au cours des opérations de la matinée, 349 personnes ont été blessées, trois se trouvant dans un état jugé grave.

4.

Selon la Généralité de Catalogne, 73% des bureaux étaient ouverts à 9h. Dans la plupart, cependant, en milieu de matinée, les opérations de vote étaient soit interrompues, soit rendues extrêmement compliquées par la présence des forces de répression. Face à ces difficultés, Jordi Turull, le porte-parole de la Généralité a annoncé que tout électeur serait habilité à voter dans le bureau de son choix, indépendamment de son collège de rattachement, le contrôle du vote se faisant par registre électronique. Madrid a immédiatement riposté en ordonnant la suspension des serveurs censés enregistrer les votes, une action d’atteinte aux libertés fondamentales d’information s’ajoutant à l’occupation du CTTI depuis vendredi. Cela n’a pas empêché plusieurs personnalités politiques du gouvernement autonome qui ont échappé à la vague d’arrestations de mercredi dernier de voter, à l’instar de Carles Puigdemont, président de la Généralité, le gouvernement (Govern) autonome, Oriol Junqueras, vice-président du « Govern », et Carme Forcadell, présidente du « Parlament » de Catalogne.

5.

Condamnant, bien entendu, la répression, mais sans rien proposer d’autre que de continuer à se rendre dans les bureaux encore ouverts, les appels au calme lancés par le PDeCat (centre-droit indépendantiste, au pouvoir) et par ses alliés de ERC (centre-gauche indépendantiste) se sont multipliés. Les manifestants ont tenu bon, à de nombreux endroits. A Sabadell, dans la banlieue de Barcelone, l’un des épicentres de la résistance depuis mercredi dernier, les manifestants ont fait reculer la police. Le centre de Barcelone, peu après midi, était le théâtre d’escarmouches permanentes entre la police et les manifestants autour de plusieurs bureaux. La police madrilène n’a pas hésité à tirer au flashball sur les manifestants, alors même que cette arme est interdite en Catalogne depuis 2014.

6.

Côté Madrid, Mariano Rajoy et son gouvernement font porter la responsabilité des violences sur celles et ceux qui ont décidé que le droit démocratique à l’autodétermination n’était pas négociable. Selon le représentant de Madrid en Catalogne, Enric Millo, c’est la Généralité qui, en maintenant la tenue d’un référendum interdit par la droite espagnole, aurait « obligé Madrid à faire ce que nous ne voulions pas faire ». Le régime post-franquiste issu de la transition de 1978 à la tête duquel se trouve Mariano Rajoy et appuyé par Ciudadanos (centre-droit) et le PS espagnol a pourtant une longue tradition en matière de répression des droits démocratiques et nationaux et de répression des travailleurs. Son origine lointaine n’est autre que le Pronunciamiento de Franco contre la République espagnole et le Front Populaire, en 1936. Pour Jordi Turull, porte-parole de la Généralité, la « répression est digne du franquisme ».

La journée n’est pas encore finie, et la grève générale, appelée par la gauche syndicale, prévue pour mardi, n’a pas encore commencé, tout comme les manifestations en solidarité avec le droit à l’autodétermination appelées dans les grandes villes de l’Etat espagnol, ce soir. Les prochaines heures seront décisives, non seulement pour la Catalogne, mais également pour le sort des travailleuses et des travailleurs du reste de l’Etat espagnol, quelle que soit leur nationalité. La droite madrilène s’est toujours caractérisée par accompagner ses coups les plus durs contre le droit à décider démocratiquement de son propre avenir, en Euskadi-Pays Basque comme en Catalogne, d’offensives en règle contre le monde du travail. Si Rajoy recule, en revanche, ce sera une victoire pour le monde du travail, la jeunesse et les classes populaires de l’ensemble de l’Etat espagnol contre un gouvernement madrilène austéritaire et plus répressif que jamais.

 
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