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La Izquierda Diario
2 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

Ce soir comme tous les soirs…
Paris. Des policiers jettent par terre la marchandise d’un vendeur de rue
Philippe Alcoy

Ce soir, comme tous les soirs, des policiers ont jeté par terre la marchandise d’un vendeur de rue. Ceux que l’on croise tous les jours ; ceux à qui on achète de temps en temps des fruits ou des légumes. Et pourtant cela ne fait les gros titres d’aucun journal national. En réalité cela ne fait même pas les petits titres des journaux nationaux. En fin de compte, cela relève du « travail » normal de la police.

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Il y avait plus de policiers que d’habitudes dans la rue, je ne sais pas pour quelle raison. Mais il n’y avait pas plus de vendeurs de rue que d’habitude. Ni moins. Ils étaient là comme tous les soirs. Elles étaient là comme tous les soirs, les vendeuses de rue aussi. Ca m’a un peu étonné : police et travailleurs précaires vendeurs de rue au même endroit, c’est une contradiction dans les termes.

Je marchais. J’ai vu un vendeur de rue, isolé, dans un carrefour. Son dos donnait au trottoir d’en face. J’ai vu également les policiers arriver par derrière. Ils étaient calmes, comme si de rien n’était. Ils ne l’avaient surement pas encore vu.

L’étrange situation m’a étonné. Trop de calme. D’un côté comme de l’autre. Cela ne pouvait pas durer. J’aurais voulu prévenir le vendeur. Mais il était déjà trop tard.

Et effectivement la situation n’a pas duré. Je marche dans la direction opposée aux trois policiers. Je me retourne pour voir s’ils font semblant de ne pas voir le vendeur. Rien. Ils ne tardent pas à l’entourer. Calmement, ils ne craignent rien. Ils ne risquent rien. Ils disent quelque chose. Le vendeur commence à ranger quand un des policiers, toujours calmement, avec un regard presque sadique, jouissif, renverse un cageot d’avocats. Les avocats tombent doucement, calmement. Le vendeur ne peut rien dire. Il ne doit rien dire. L’humiliation est consommée. Travail accompli, les policiers peuvent rentrer la conscience tranquille d’avoir gagné leur pain.

Le vendeur de rue, lui, ce soir aura peut-être plus perdu d’argent qu’il n’aura gagné. Humilié et criminalisé, rien n’y fait. Demain il sera de nouveau dans la rue. À gagner son pain, à échapper encore à des policiers aux « manies renversantes », aux instincts antipopulaires. Mais cette situation ne saura pas durer éternellement. N’oublions pas le potentiel d’indignation populaire de ces actes d’humiliation des travailleurs de la part de la police. C’est une telle humiliation et injustice qui a poussé Mohamed Bouazizi à s’immoler par le feu fin 2010 en Tunisie. Et c’est ça aussi qui a marqué le début des "révolutions arabes". Comme dit le classique chant révolutionnaire : "Et gare à la revanche, quand tous les pauvres s’y mettront !".

 
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