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La Izquierda Diario
2 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

Référendum en Catalogne
Le Barça joue à huis-clos pour protester contre la répression
Sadek Basnacki

Le club du FC Barcelone est historiquement proche du mouvement indépendantiste catalan et a pris à plusieurs reprises la défense du droit à l’autodétermination ces dernières semaines. Le club s’est vu refuser par la ligue de football espagnole sa demande de report de match étant donné le contexte répressif dans la capitale catalane. Le club a décidé de jouer à huis clos, ce qui n’est pas du goût de tout le monde.

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Crédit Photo : @ AFP

La Ligue et le Barça ; le bras de fer à l’image de l’Etat espagnol et la Catalogne

Jusqu’à 25 minutes du coup d’envoi, l’incertitude a plané autour de la tenue du match de la 7ème journée de la Liga opposant le FC Barcelone et Las Palmas. Le club catalan avait demandé le report du match, ce qui a été refusé par la ligue espagnole de football professionnel qui a assuré que le match pouvait se tenir normalement et que la sécurité des spectateurs était garantie. « Il n’y avait donc pas de motif pour reporter le match », s’est défendu LaLiga, dont le président, Javier Tebas, a manifesté en famille samedi à Madrid contre le référendum catalan. Manifestation où l’on a pu entendre l’hymne phalangiste et voir de nombreux salut fasciste. La ligue et le Barça se sont souvent accrochés autour de l’indépendantisme affiché de nombreux socios et joueurs.

On se rappelle notamment la finale de la coupe du roi de 2015 entre Barcelone et Bilbao (club basque où l’indépendantisme est également très marqué) où les supporters des deux clubs avaient hué de concert l’hymne de l’Etat espagnol. Les deux clubs avaient subis des sanctions de la part de la ligue. Le capitaine emblématique du FCB Xavi et Carlès Puyol, après la victoire de leur équipe, avaient parcouru la pelouse avec les drapeaux catalan et basque. Les deux anciens joueurs du club ont pris positions ces derniers jours pour défendre le droit à l’autodétermination du peuple catalan. Xavi apparaît dans trois vidéos publiées par la radio catalane Rac1 où il s’exprime en catalan, castillan et anglais .

« Ce qu’il se passe aujourd’hui en Catalogne est une honte. Il est inadmissible que dans un pays démocratique, les gens ne puissent pas voter. Tout mon soutien à ces gens qui essaient pacifiquement d’exercer leur droit de vote »

PHOTO XAVI PUYOL

Un soutien en demi teinte de la part de la présidence du club

Face au refus de la Ligue de reporter le match et d’autoriser les joueurs à jouer avec leur maillot extérieur qui est au couleur de la Catalogne, le Barça, étendard de l’identité catalane, a finalement opté pour une voie médiane entre le maintien de la rencontre et son annulation unilatérale, qui aurait supposé des sanctions sportives. Vide de ses plus de 90 000 spectateurs, le Camp Nou a accueilli ce match de la 7e journée du Championnat d’Espagne. Le président blaugrana Josep Maria Bartomeu a déclaré au micro de beIN Sports Espagne : « Nous sommes préoccupés et très peinés par ce qui est en train de se passer. C’est pour cela que nous avons décidé, au lieu d’annuler le match - ce que nous voulions tous -, de le jouer de manière exceptionnelle, c’est-à-dire sans public et à huis clos », afin de montrer le « désaccord » du club face aux « entraves à la liberté d’expression ».

« Nous voulions annuler le match mais on ne nous a pas laissé. Nous soutenons les gens qui souffrent ce manque de liberté d’expression. Face à la réponse négative de la Liga, nous aurions perdu 6 points. Nous avons décidé de jouer à huis clos pour montrer notre mécontentement »

Pourtant, derrière ça, la direction du club pensait surtout éviter un envahissement de la pelouse qui aurait empêché le match de se dérouler et aurait entrainé des sanctions. En effet, plusieurs groupes de supporters du Barça avaient appelé sur les réseaux sociaux à envahir le terrain pour empêcher la tenue de la rencontre. « Face à la répression indigne que subit le peuple catalan, nous demandons au FC Barcelone de suspendre le match. Dans le cas où il ne le ferait pas, nous le ferions nous-mêmes », écrivait sur Twitter le groupe chargé de la tribune du Camp Nou réservée aux ultras (« Grada de Animacio »). Malgré le stade entièrement vide, un supporter de Barcelone a tout de même réussi a pénétrer sur la pelouse à la 72e minute brandissant un papier, peut être un bulletin de vote. Il a été très rapidement évacué par la sécurité.

De plus, devant la terrible répression de Madrid, Las Palmas s’est permis une honteuse provocation, autorisée par la ligue bien entendu. Le club des Canaries a pris ouvertement position en faveur de l’unité de l’Espagne en arborant un drapeau de l’Etat espagnol sur son maillot « pour témoigner sans véhémence de (son) espérance dans l’avenir de ce pays »... En guise de solidarité avec le peuple catalan brutalement réprimé à quelques rues du stade, les joueurs de Barcelone ont foulé la pelouse en arborant leur maillot aux couleurs de la Catalogne alors que le panneau d’affichage du stade où habituellement est inscrit le score, montrait une urne avec en dessous le mot « democracia ».

La direction du Barça en difficulté

Il est vrai que cela fait peu pour contenter les socios plus proches des milieux indépendantistes. Ces derniers critiquaient déjà Bartomeu pour le manque d’implication du club aux côtés des séparatistes. Le Barça s’était certes prononcé le 20 septembre en faveur du « droit à décider » de la Catalogne. Le choix du huis clos a également créé des dissensions au sein même de la direction du Barça. En signe de protestation face à la décision de jouer le match alors que les scènes de violence policière se sont multipliées toute la journée en Catalogne, le vice-président du FC Barcelone Carles Vilarrubí a démissionné de son poste. Bartomeu ne s’est pas fait connaître par ses prises de positions tranchées sur le référendum et il paraît plus actionner le levier nationaliste pour sauver sa tête alors que sa gestion est sévèrement contestée, encore plus depuis le départ de Neymar. Une motion de censure a même été déposée au début du mois. Si Bartomeu était renversé, Joan Laporta pourrait faire son retour. Ce dernier qui a été président du club entre 2003 et 2010 a profité de son départ du monde du foot pour fonder un parti indépendantiste.

Les personnalités du club derrière le peuple catalan

Ce changement à la tête du Barca correspondrait plus à l’esprit du club dont plusieurs de ses figures ont voté dimanche ou appelé à respecter le droit de vote. Pep Guardiola, ancien joueur et entraîneur du Barça qui est actuellement à la tête de Manchester City mais qui reste l’une des icônes du club, n’a jamais caché qu’il aurait préféré représenter la Catalogne plutôt que l’Espagne sur la scène internationale. Lors des élections régionales de 2015, il figurait même sur une liste indépendantiste. Sur les réseaux sociaux, il a pris clairement la défense du référendum.

« Il ne s’agit pas d’indépendance, il s’agit du droit de décider, de voter. Il ne s’agit pas de l’indépendance, il s’agit de la démocratie ».
Gérard Piqué, le défenseur emblématique de Barcelone a posté sur les réseaux sociaux une photo de lui en train de voter. Il n’a jamais caché ses positions sur le droit à l’autodétermination des catalans et a toujours profité de sa position médiatique pour les mettre en avant.

Un soutien qui va au delà de la Catalogne

Un autre peuple qui n’a jamais caché sa volonté d’avoir le droit à l’autodétermination dans l’Etat espagnol est le peuple basque. L’Athletic Club de Bilbao est très marqué par le mouvement indépendantiste basque. Ces dernières semaines, on a pu remarquer dans les tribunes le vaste mouvement de soutien des supporters basques pour le droit à l’autodétermination de la Catalogne. Lors du match d’Europa League de ce jeudi à San Mamés, des milliers de supporters ont brandit des bulletins de vote et entonné des chants pour soutenir les catalans. Encore ce dimanche soir, en déplacement à Valence, ils ont entonné le chant catalan antifraquiste L’Estaca. Cette semaine, une manifestation rassemblant des milliers de basques ont défilé à Bilbao pour montrer leur solidarité. C’est un magnifique exemple de solidarité des peuple qu’il faut continuer à promouvoir et inciter.

 
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