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La Izquierda Diario
3 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

Témoignage
Catalogne. Un vibrant hommage aux grands-mères héroïnes du référendum

Elles ont vécu la dictature sous Franco. Les images de ces « grandes » femmes, des femmes aux cheveux gris qui n’avaient pas peur de faire face à la police pour défendre le référendum du 1er octobre m’ont profondément marquée. « Je ne peux pas rester chez moi dans le calme, je ne l’ai pas fait pendant le franquisme », disaient-elles.

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Ce récit d’une partie de ce que j’ai vécu le 1er Octobre, montrera les images de ces femmes qui ont été les protagonistes d’une intense journée vécue par elles sans crainte en Catalogne, des femmes anonymes auxquelles les réseaux sociaux ont rendu hommage en les transformant en héroïnes célèbres.

Les portes de l’école ont été ouvertes à 9 heures du matin. Les urnes et les bulletins de vote étaient déjà à l’intérieur. Entre enseignants, parents d’élèves, élèves, et habitants des quartiers, nous avons maintenu une garde permanente pour protéger les bureaux de vote des menaces de la garde civile.

Nous n’étions pas seuls, à l’extérieur des écoles, à partir de 5 heures du matin, des centaines de personnes se pressaient au cri de « Votarem ! » (« Nous voterons ! »).

Devant les portes, parmi toutes les personnes qui attendaient leur tour, la tension est montée. Des nouvelles sont arrivées : la police nationale avait commencé à confisquer les urnes en battant femmes, enfants, et tous ceux qui faisaient la queue avec l’intention de voter. Parmi eux, les grandes femmes, ces très chères grand-mères devinrent la solide première ligne de défense du référendum du 1er octobre.

Je me suis assise par terre, à l’extérieur. Il a commencé à pleuvoir et une femme aux grands yeux noirs, assise sur une chaise improvisée en attendant de voter, s’est rapprochée en soupirant d’épuisement et m’a couverte de la pluie qui coulait avec son magnifique parapluie décoré de fleurs. Elle me dit :

« Ma fille, j’ai 79 ans, je suis là parce que je ne peux pas tolérer qu’ils ne nous laissent pas voter. j’ai vécu la guerre, j’ai combattu la dictature franquiste, j’ai fait des choses que je n’aurais jamais imaginé faire à cette époque, luttant pour défendre les droits des gens, tout en prenant soin de mes enfants. Je ne veux pas qu’ils passent par la même chose. Un jour comme aujourd’hui, je ne peux pas rester chez moi dans le calme, je ne l’ai pas fait pendant le franquisme, je ne le ferai pas maintenant. Je n’ai pas peur. »

La fatigue dans son corps semblait avoir disparu au moment même où le regard d’Amalia me transportait dans une partie de sa vie et de celle de tant de femmes anonymes qui ont fait l’histoire.

Je parle un moment avec elle, en espérant qu’elle m’en raconte plus sur sa vie. Le regard de ses grands yeux exprimait la fermeté forgée, sûrement, par une lutte constante et quotidienne contre le franquisme. Je ne sais plus à quel moment j’ai du quitter sa compagnie. La tension était montée, l’arrivée des matraques était imminente. Je suis retournée chercher Amalia et à sa place il y avait une autre grand-mère comme elle, et à ses cotés d’autres se rassemblaient.

Loli, ma camarade de classe, me dit qu’elles devaient aller chercher plus de chaises parce que les femmes aux cheveux gris voulaient rester quoi qu’il en soit, avec tout cet entêtement qui les caractérise, pour défendre, en première ligne, l’école de la garde civile et des nationalistes. Il n’y avait aucun moyen de les convaincre de se retirer de ce front qu’elles avaient fait leur dès la première heure. Le faire semblait comme une offense pour elles.

Elles sont allées voter et lorsqu’elles sont ressorties, elles ont été applaudies par toutes les personnes mobilisées aux portes de l’école, pour ce qu’elles étaient, des femmes courageuses. Beaucoup d’entre elles ont été brutalement réprimées. Mais dans ces images, nous ne voyons aucun visage de peur, aucune larme dans leurs yeux. Ces visages sont ceux de la fierté.

« Nous avons vécu la guerre, nous avons vécu le franquisme, nous n’allons pas rester dans nos foyers ». J’ai eu l’impression que les mots d’Amalia s’étaient multipliés avec le nombre de ces femmes prêtes à tout. Un grand hommage à elles et à la sagesse qu’avec leur expérience elles savent transmettre.

 
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