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La Izquierda Diario
5 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

Le langage châtié de l’Elysée
Illettrés, fainéants, bordélisateurs. Macron n’aurait-il pas un problème avec les prolos ?
Philippe Müller

En visite en Corrèze, à Egletons, Macron a été accueilli par les salariés de GM&S à qui il avait refusé une rencontre, prétextant des problèmes d’emploi du temps. Cela ne l’a pas empêché de leur adresser une tendre pensée : « il y en a certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas. »

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« Le bordel », donc. Selon Castanern, c’est une façon de ne pas manier la langue-de-bois. C’est donc ainsi que Macron a qualifié la manifestation de colère bien légitime des GMetS, alors qu’ils font face à un plan rouleau-compresseur de leurs emplois. La visite aura donc donné l’occasion à Macron de manifester – une fois de plus – son plus total mépris pour le monde du travail.

Depuis, l’Elysée cherche à resituer la phrase dans son contexte, « regrette la forme mais assume le fond ». La petite phrase de Macron témoigne encore une fois de son ignorance complète de la réalité du travail – au point de ne pas comprendre le critère de « pénibilité » dans le droit du travail, comme il l’a expliqué lors de la campagne présidentielle et comme il entend le faire disparaître désormais – mais plus encore de son mépris de classe, glaçant, à l’adresse des salariés, grévistes, et manifestants. Après les illettrés des ouvriers de l’agro-industrie bretonne, sa sortie sur le « costard », les fainéants, voilà la figure du « bordélisateur » qui fait son entrée dans le lexique élyséen.

On peut également penser que cette sortie de route est tout à fait pilotée par Macron. Loin d’avoir été seulement une dissonance, il s’agit clairement d’une adresse à la bourgeoisie, par le biais des médias de masse : Macron n’est pas du genre à se laisser simplement surprendre par une caméra ou un micro-cravate de BFMTV, vu le niveau de contrôle de la communication qu’il applique à son camp politique. Cette phrase, jetée au-dessus des têtes du tout-venant des téléspectateurs est plutôt un appel du pied en direction de son camp social, une manière de le cimenter.

La situation s’annonçant tendue dans le contexte des ordonnances et des mobilisations qui se profilent, et alors que Macron dispose d’une base sociale fragile, il y a fort à parier qu’il tente ainsi – au vu et au su de tous – de renforcer sa classe autour de lui et de faire la démonstration qu’il est prêt au conflit ouvert avec les salariés. Mais c’est aussi une façon, et à bon compte, comme lors de la mise-en-scène du « débat » Philippe-Mélenchon, de tendre une perche au leader de la France Insoumise et de l’introniser comme son seul et unique opposant. On n’a guère entendu la droite sur cette question du « bordel ». En revanche, en faisant rugir Mélenchon, Macron se donne, et à bon compte, le rôle qu’il veut se construire, au coup par coup, cette fois-ci en direction de la droite dure.

En attendant, à nous de lui faire comprendre que, ce qu’il appelle « bordel », ce n’est rien par rapport à ce qui pourrait lui exploser à la figure, si tout le monde s’y mettait. A bon entendeur, salut.

 
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