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La Izquierda Diario
11 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

Sionisme et financement de l’occupation
Israël cherche à tout prix à éviter la publication de la liste des entreprises impliquées dans la colonisation

Depuis mars 2016, date à laquelle l’ONU avait acté la création d’une ‘’liste noire’’ des entreprises internationales en lien avec la colonisation du territoire Palestinien, la pression monte du côté israëlien. La publication de la liste n’a pas encore été officiellement actée mais Israël fait déjà tout pour empêcher sa parution.

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L’ONU monte la pression d’un cran

Depuis le début du conflit Isrëalo-palestinien, l’ONU joue un rôle important de rappel constant à l’ordre, à la raison et surtout à la loi, par le biais de résolution, sans que celles-ci ne soient jamais vraiment suivies de conséquences. D’après Le Monde diplomatique, entre 1947 et 2009 ce sont plus d’une trentaine de résolution qui n’ont pas était respectées par l’État Israëlien, que ce soit des cessez-le-feu, ‘’l’acquisition de territoire par la guerre’’, ‘’l’interdiction de détruire des habitations’’, … En mars 2016, le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a voté une motion lançant la création d’une liste recensant les entreprises ayant un lien direct ou indirect avec la colonisation constante qu’effectue Israël sur le territoire Palestinien et Cis-Jordanien. Cette résolution avait été approuvée par 32 pays et 15 abstentions (abstentions des pays Européens). L’initiative était claire : faire la démonstration publique d’une mise en garde de l’ONU vis-à-vis d’Israël, en s’appuyant sur l’opinion publique, et sur les consommmateurs pour ‘’placer devant leurs responsabilités’’ les entreprises qui collaborent avec la colonisation.

Plus récemment, Zeid Ra’ad Al Hussein, diplomate jordanien, haut commisaire aux droits de l’hommes des Nations Unies a envoyé une lettre à plusieurs entreprises susceptibles d’être concernées par la publication, ce qui a commencé à faire bouger les lignes, entrainant plusieurs annulations de contrats sur les territoires colonisés. Pour l’instant, la liste est officiellement encore « en cours d’élaboration » et n’a pas été publiquement diffusée. Mais plusieurs journaux, comme le Washington Post ou encore Channel2 (chaîne Israëliene) ont déjà cité certaines des entreprises concernées. Parmi elles, des entreprises Israëlienne, comme Egged, les banques Hapoalim et Leumi, le fabricant de systèmes de sécurité Elbit, la compagnie nationale des eaux Mekorot, le géant des téléphones Bezeq, le laboratoire pharmaceutique Teva, mais aussi de grandes multinationales comme Caterpillar, Priceline.com, Trip- Advisor, Airbnb, Coca-Cola, Africa-Israel ou encore la Bank Leumi, mais aussi des entreprises françaises.

Au vue des tensions grandissantes et de la pression exercée, non seulement par le gouvernement israëlien, mais aussi, très certainement, par les services de communcation des grandes entreprises elles-mêmes, il n’est pas certain que la publication de cette liste noire soit effective. Déjà actée, elle devra pourtant encore passer l’épreuve d’un second vote à l’ONU, en décembre prochain.

Israël et les Etats-Unis coude à coude pour défendre leurs intérêts.

Le ministre des affaires étrangères israëlien a quant à lui reçu la liste début septembre. Un comité interministériel israélien a été créé dans la foulée, associant les Affaires étrangères, le ministère des Affaires stratégiques, de la Justice et de l’Économie. La défense d’Israël sur la question est assez classique, il crie au risque boycott de l’ensemble des entreprises du pays sans distinction : « Ces compagnies ne peuvent tout simplement pas faire la distinction entre Israël et les colonies et mettent un terme à leurs opérations dans leur ensemble », explique un officiel israélien, cité anonymement par Haaretz (journal israëlien), Israël ajoute à sa défense la dimension ‘’antisémite du boycott’’. La politique de colonisation qui est menée par l’État Israëlien, en plus de la dimension politique, a une dimension financière forte. A ce titre, si la liste venait à être publiée, elle pourrait leur coûter cher, et impacter toute l’économie. Le gouvernement israélien a déjà pris contact avec les premières entreprises comptant rompre leurs contrats pour expliquer que même si la liste est publiée, elle ne comporte aucune obligation. Mais les entreprises craignent l’impact d’un potentiel boycott et d’un défaut d’image.

Du côté étasunien, où une quarantaine d’entreprises pourraient être impliquées, on observe également des remous au sein de l’administration de Trump. En mars 2016, les Etats-Unis n’avaient pas voté contre la création de la liste, même si John Kerry, alors secrétaire d’Etat, s’y était publiquement opposé. Mais aujourd’hui, comme Israël, les Etats-Unis cherchent à éviter sa publication. En juin dernier Nikki Haley, ambassadrice des États-Unis à l’Onu a déclaré concernant la liste qu’elle était ‘’ la dernière d’une longue série d’actions honteuses’’ du Conseil des droits de l’homme. Malgré les réticences, les moyens d’actions sont peu nombreux. Malgré des pressions diplomatiques et une tentative conjointe des Etats Unis et d’Israël de priver de ressources financières les experts chargés d’enquêter pour constituer la liste, cette tentative a, selon Heather Nauert porte parole du département d’État, échoué pour l’instant.

Côté français, toujours la même hypocrisie.

Quatre banques françaises ont déjà mises en cause par un rapport remis en mars dernier par le cabinet néerlandais Profundo. Des lettres ont été envoyées à chacune d’entre elles, mais aussi au Quai d’Orsay pour qu’il agisse contre des banques en roue libres, celles qui ne respectent pas les décisions de l’ONU concernant l’interdiction de transaction financière avec un territoire occupé. Malgré les preuves, il n’y a eu aucune réaction après la publication de ce rapport. De la part de l’État un lourd silence que l’on peut clairement dénoncé par l’expression ‘’qui ne dit mot consent’’, qui est de plus une faute diplomatique de non réponse à une note verbal adressé par un diplomate.

La France a pourtant voté de nombreuses résolutions contre l’occupation et la poursuite de la colonisation. Mais tout cela n’est qu’une simple façade, tandis que, depuis 25 ans on note une forte augmentation du nombre de colons – passés de 268 000 à 650 000 - occupant les territoires palestiniens.

Emmanuel Macron ne s’est pas encore positionné sur la question. Mais, il y a fort à parier, au vue de ses déclarations expliquant que l’antisionisme est la forme réinventé de l’antisémitisme, qu’il se situe dans le sillage de ses prédécesseurs, et de ses partenaires israëliens et étatsuniens. Et s’il venait à soutenir les positions onusiennes, ce serait en toute hypocrisie, et en sachant très bien qu’elles n’auront que peu de conséquences dans leurs applications.

 
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