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La Izquierda Diario
13 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

A quand l’inculpation des arbres ?
Un militant écologiste condamné pour « jet de feuilles d’origine végétale »
Mar Martin

Tandis que 400 000 personnes défilaient dans les rues de l’Hexagone ce mardi 10 octobre, le tribunal de Rodez (Aveyron) délibérait sur la peine qui devrait revenir à Xavier Auboux, électricien intérimaire et militant écologiste contre le projet de transformateur dans la région. Chef d’inculpation ? « Violences volontaires aggravées avec jet de feuilles d’origine végétale sur personne dépositaire de l’autorité publique », entendez : dépôt de feuilles d’arbres et de terre devant des CRS.

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Des faits d’une violence arboresque

On croirait à une blague à lisant les lignes de Reporterre, et pourtant. Ce mardi 10 octobre, la séance s’ouvrait au tribunal par ces mots du juge : « Ce ne sera pas très long, vu la teneur des faits  ».

Le 21 janvier dernier, une manifestation « joyeuse et festive » animait la ville jusqu’au devant de la Préfecture de l’Aveyron, où les manifestants contre le projet d’implantation d’éoliennes étaient invités à déposer de la terre pour « enfouir » ce projet. Une banderole qu’un policier tentait de kidnapper fut défendue à l’aide d’un bout de bois. A l’euphorie du déversement des sacs de terre, feuilles et branchages, les CRS répondirent par une sortie brutale de l’intérieur du bâtiment et aspergèrent le groupe de gaz lacrymogène - bien moins écolo soit dit en passant. Une prise de parole et un verre de vin chaud plus tard, la manifestation était dispersée.

Xavier Auboux, prêt à quitter la ville avec ses camarades à bord de son camion, est interpellé deux heures plus tard par des policiers. Un couteau suisse -arme de catégorie D largement redoutée des saucissons- trouvé sur lui suffira à justifier sa mise en garde-à-vue.

Un chef d’inculpation difficile à planter

D’abord accusé d’avoir frappé le policier au sol, la caméra de surveillance viendra vite le disculper. « Que les choses soient claires, insiste le procureur, il n’y a pas d’ambigüité : il y a eu des coups contre un policier, mais vous n’êtes pas poursuivi pour ça.  » Mais pourquoi alors ? C’est bien à cette question que la police ne tardera pas à répondre. La plainte d’un policier sera finalement déposée en ces termes : « violences volontaires aggravées avec jet de feuilles d’origine végétale sur personne dépositaire de l’autorité publique. »

Et l’avocate du policier, Me Gosset, de parfaire la justification en requérant 500 euros d’amende et les frais de procédure. Si elle a vite fait d’abandonner les accusations de violences physiques, difficiles à défendre lorsque le policier n’a aucun avis médical ni arrêt de travail, elle plaide pour des « violences psychologiques ». En effet selon elle, étaient présents cinq policiers « dont aucun n’a fait preuve d’agressivité » face à une trentaine de manifestants décrits comme « virulents ». Et surgit alors Xavier Auboux et son terrible sac de terre, ou plutôt de « tourbe, un peu pourrie, c’est tout un symbole : la police-poubelle. »

Et le procureur d’ajouter : « Vous ne pouvez pas jeter des feuilles sur un individu. C’est la même idée qu’un crachat, ça déconsidère la personne en face de vous, c’est dégradant, avilissant.  » Pointant encore l’existence montante « d’une frange de la population qui, sous couvert d’idées politiques, va tenter de s’en prendre à des policiers et commettre des dégradations ». Et même, le contexte de violences terroristes prenant les policiers pour cible, « sans amalgame » bien sûr.

Les racines d’un procès politique

Face à ces discours dépassant de loin les faits incriminés à Xavier Auboux, son avocat, Me Sébastien Etcheverrigaray, dénonce à juste titre un « procès politique ». « On va essayer d’incriminer M. Auboux pour les violences qui ont été commises sur un autre policier. » « Heureusement que nous avons la vidéo, sans cela, sur la seule foi des accusations policières, mon client aurait pu être jugé pour des violences qu’il n’avait pas commises.  »

Car les déclarations de l’avocate du policier et du procureur sont sans équivoque : il s’agit pour eux de faire du procès de Xavier Auboux, quelque soit le burlesque de l’accusation le concernant, un exemple de répression contre les manifestations ainsi que dans le même temps, un signal positif envoyé aux policiers en colère contre la soit-disant « haine anti-flic ». Voilà le sens des parallèles douteux plaignant les « policiers qui servent de cible », et mélangeant les violences qui ont cours lors des manifestations lors des multiples charges et matraquages des policiers sur les manifestants, et les attaques terroristes.

Que ce soit lors du procès de Xavier Auboux, ou de la même façon durant la farce de justice qu’a été celui du Quai de Valmy et bien d’autres, l’intention est la même : amalgamer manifestants et terroristes, et disculper autant que rassurer les policiers et autres bras armés qui protègent « l’ordre ». Leur ordre, mais pas le nôtre.

 
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