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La Izquierda Diario
16 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

Racisme
« Detroit » : la répétition infernale des crimes racistes
Erica Farges

Detroit, réalisé par Kathryn Bigelow, est un film spectaculaire sur les émeutes de Detroit au cours de l’été 1967 qui questionne la violence du racisme encore présente aujourd’hui.

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C’est un événement majeur de l’histoire des Etats-Unis que montre Detroit. La dureté et la résonance avec l’actualité sont des éléments marquants de ce film. Le récit de cet engrenage meurtrier et ravageur se divise en trois actes.

Le premier acte de Detroit part d’une présentation de la semaine d’émeutes durant le mois de juillet 1967 dans cette ville, mêlant un réalisme proche du documentaire et des images d’archives afin d’ancrer le film dans le réel. Pendant les émeutes, la communauté Afro-Américaine exprime sa colère face aux forces de l’ordre racistes en détruisant les quartiers misérables et surpeuplés dans lesquels cette communauté a été confinée. Si les agissements de la police sont à l’origine de la profusion de violence soudaine qui s’empare de certains quartiers de la ville, cette rage est en fait dirigée contre tout un système qui a négligé et maltraité une partie de la population à laquelle il avait promis la liberté et la promotion sociale. De cette situation générale se dégageront, peu à peu, des vécus personnels : ceux de Krauss (Will Poulter), un jeune policier raciste, de Melvin Dismukes (John Boyega), un agent de sécurité Noir, de Greene (Anthony Mackie), un vétéran du Viêt Nam Afro-Américain et des membres du groupe musical The Dramatics.

C’est pendant le deuxième acte de Detroit, le cœur du film, que toutes ces histoires individuelles se croiseront à l’Algiers Motel qui se transformera pendant quelques heures en huis-clos sanglant où les policiers révéleront brutalement par la violence physique et psychologique non seulement leur racisme, mais aussi leur misogynie. Le film bascule, en quelques minutes, de la fête et du jeu, pendant lequel des jeunes Afro-Américains s’amusent à montrer avec un pistolet en plastique à deux jeunes femmes Blanches (dont l’une est interprétée par la talentueuse Hannah Murray, plutôt habituée des séries, comme Skins ou Game of Thrones, que du grand écran) comment ils sont traités par les policiers Blancs, à l’horreur où ce jeu deviendra une réalité d’une brutalité insoutenable. Afin de favoriser l’immersion dans la rage et le désespoir provoqués par cette nuit terrible, les séquences à l’Algiers Motel ont été tournées dans l’ordre chronologique en faisant peu de prises. Kathryn Bigelow parvient ainsi à donner une vitalité brute à un événement dont les parts d’ombre restent jusqu’à aujourd’hui nombreuses.

Enfin, le dernier acte montre les conséquences des émeutes ou, plutôt, leur absence de conséquences, avec un retour à la situation initiale d’avant les conflits. L’apaisement des émeutes est retranscrit à l’aide d’images d’archives, absentes de la deuxième partie du film. Ce constat décevant est amplifié par les rêves brisés d’une jeunesse qui se cristallisent dans la décision de Larry (Algee Smith) d’abandonner sa carrière de chanteur au sein du groupe The Dramatics pour devenir chef de chœur dans une église suite au traumatisme vécu à l’Algiers Motel.

La conclusion de Detroit démontre que le schéma de racisme, de violence et d’injustice dénoncé par le film n’a fait que se répéter au cours des cinquante dernières années et est toujours d’actualité
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Erica Farges

 
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