http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
18 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

Discours aux forces de sécurité intérieure
Macron et le tour de vis sécuritaire

Police de sécurité quotidienne, plan radicalisation, reconduite à la frontière ... Ce mercredi, Macron a détaillé pendant plus d’une heure et demi les grandes réformes à venir en matière de « sécurité », lors d’un discours à l’Élysée face à 500 policiers et gendarmes.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Macron-et-le-tour-de-vis-securitaire

Macron qui aime rappeler qu’il est le chef des armées et qu’il n’est pas n’importe quel président, a copié Nicolas Sarkozy et a réuni à l’Élysée les 500 plus hauts responsables de la police, de la gendarmerie, de l’opération Sentinelle, des services du ministère de l’Intérieur ainsi que tous les préfets pour dévoiler sa politique sécuritaire.

Dès le départ, Emmanuel Macron a encouragé les forces de l’ordre à être « fortes et justes », « jamais faibles », pour combattre l’insécurité et la menace terroriste car « les français ne supportent plus l’impuissance publique ». Les forces de l’ordre doivent s’adapter à d’autres menaces dans une « société de plus en plus violente ». Ils doivent faire face à « la délinquance du quotidien, au trafic de stupéfiant, au cambriolage et la lutte contre le terrorisme ne doit pas les détourner de ces problèmes qui ont un lien entre eux ». Oui, selon Macron, les jeunes qui dealent de la weed seraient les premiers à devenir des membres de daesh. De fait lutter contre le dealers serait lutter en prévention du terrorisme. Cette analyse ne peut que renforcer le racisme et les méthodes violentes des shérifs qui fond des descentes dans les cités.

La Police de sécurité du quotidien

Macron a détaillé l’une de ses principales promesses de campagne dans le domaine sécuritaire, la police de sécurité du quotidien (PSQ). Il a précisé que cette PSQ entrerait en vigueur courant 2018 après une concertation qui débutera dès lundi et durera deux mois. Elle réunira des préfets, gendarmes, policiers, chercheurs. Ce n’est « pas le retour à la police de proximité » instaurée par Lionel Jospin puis supprimée par Nicolas Sarkozy. Elle « vise à replacer le service du citoyen au cœur du métier de gendarme et de policier », notamment pour « lutter contre les délits, les nuisances, les incivilités ressenties au quotidien ». Le chef de l’État a assuré que cette réforme serait menée « concomitamment avec celle de la procédure pénale », avec « la forfaitisation de certains délits » comme la consommation de cannabis. Le chef de l’Etat n’a pas donné plus de détails sur les missions et le rôle de cette « police de sécurité du quotidien » si ce n’est que, en reprenant le discours de Sarkozy lorsqu’il a supprimé la police de proximité, elle ne sera pas là pour être des assistantes sociales ou bien jouer au football avec les jeunes des quartiers mais pour réaffirmer son autorité. Pour ce faire, Macron a longuement détaillé sur les moyens qu’il mettra à disposition pour réaliser son plan.

De plus en plus de moyens pour les forces de répressions.

Pour calmer la grogne des flics et renforcer son appareil répressif, Macron a promis des moyens « humains, matériels et technologiques ». 10 000 agents seront recrutés pendant le quinquennat dont 7 000 entre 2018 et 2020. Le budget consacré à la sécurité augmentera de 1,5 % en 2018 pour arriver en 3ans à 9%. Il a expliqué que c’était sa priorité alors que l’État allait faire 20 milliards d’économie. Le slogan « plus d’argent pour les facs et les lycées moins pour les flics et l’armée » n’a jamais été autant d’actualité. Selon le président c’est un effort budgétaire « sans précédent » « garanti sur la durée du quinquennat ». Le crédit pour l’investissement notamment dans l’immobilier augmentera de 1,9% ce qui est « sans précédent »
.

Un durcissement de la répression pour protéger les agents

Emmanuel Macron a souligné « la multiplication des refus d’obtempérer » qui « appellent une réponse ferme et exemplaire ». On imagine qu’il ne fait pas allusion à Marine Le Pen qui n’avait pas voulu se rendre à sa convocation. Il souhaite « durcir » la réponse aux menaces « lâches et intolérables » visant les policiers et les gendarmes : « Les violences dont les forces de l’ordre font l’objet sont inacceptables et doivent être sanctionnées sans relâche ». Lorsque l’on sait qu’actuellement on peut être poursuivi pour avoir jeté des feuilles mortes sur des flics on imagine très bien ce que va donner ce durcissement.

Pour Macron, il faut donner une réponse « en profondeur » ce qui signifie : plus de flics avec de nouvelles voitures, de nouvelles armes, des iphones et des caméras piétons. Il a insité sur la formation des agents à leur missions en expliquant que le contôle d’identité ne doit plus être automatique. Tout cela ne changera pas la situation dans les quartiers populaires où les baqueux se prennent pour les shérifs et ratonnent les habitants des quartiers, quand les flics violent les Théo et assassinent les Adama.

Les mouvement sociaux

Macron a rappellé que la démocratie et la république c’était de laisser les gens s’exprimer dans la rue mais dans les limites de la loi. Quelle hypocrisie de la part du président. Il est vrai que les CRS laissent les manifestant défiler au moins quelques dizaines de mètres avant de lancer les lacrymos et de rentrer dans le tas. Il a ensuite appelé à la « vigilance » quant aux « menaces dont les forces de l’ordre font l’objet de la part d’une mouvance organisée, structurée et engagée dans une “démarche insurrectionnelle” . « Depuis quelques années, la supposée “répression d’Etat” est en effet exploitée pour légitimer des actions violentes et concertées à l’encontre des forces de l’ordre », a-t-il poursuivi, citant les incendies des casernes de gendarmerie à Limoges et à Grenoble. On se demande d’où vient la violence quand une voiture est brûlée ou une caserne, quand la gendarmerie assassine Rémy Fraisse, la police assassine Adama, Zyed et Bouna. Alors quand Macron explique que chaque manquement d’un membre des forces de l’ordre à la déontologie « doit faire l’objet d’une sanction », une mesure « essentielle pour contribuer à améliorer les relations avec la population » seul un rire nerveux peut nous saisir quand on sait que, quasiment à chaque fois, le non lieu est prononcé pour des assassinats perpétués par les forces de répression.


La menace terroriste

Face à la menace terroriste qui est la « priorité absolue », Emmanuel Macron a confirmé que l’état d’urgence prendrait fin le 1er novembre. Avec la loi antiterroriste qui va s’y substituer, « nous vous donnons durablement les moyens d’être plus efficaces », a-t-il assuré aux forces de l’ordre. Il a également souligné qu’il ne prendrait « pas la décision de déférer cette loi »,définitivement adoptée mercredi « devant le Conseil constitutionnel », comme l’a suggéré l’ex-premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. Il est vrai qu’on a que faire de l’état d’urgence maintenant que ces mesures sont inscrites dans la constitution. Ce texte, controversé, renforce les pouvoirs de l’autorité administrative, préfets, ministre de l’intérieur, pour assigner quelqu’un (non plus à résidence, mais dans un périmètre correspondant au minimum à la commune), réaliser des perquisitions, fermer un lieu de culte ou faire des contrôles d’identité près des frontières. Le tout sans autorisation judiciaire, perquisitions exceptées. La lutte contre le terrorisme est une question de civilisation selon Macron pour reprendre la terminologie de Georges W Bush...

Radicalisation

Le président a annoncé pour décembre la réunion d’un comité interministériel qui devra « arrêter un nouveau plan national » contre la radicalisation, en dressant une « liste des territoires » qui feront l’objet d’une surveillance spécifique. Bien évidemment ces territoires correspondent aux quartiers populaires. « Des plans d’action seront établis par les préfets dans leur département » impliquant « de nombreux autres services de l’État » pour « prévenir les menaces et mettre en place des organisations pour identifier les comportements les plus à risques », a indiqué le chef de l’État. Ces actions seront ainsi menées en « travail étroit avec les magistrats ».

Emmanuel Macron a expliqué qu’à sa demande, un travail de surveillance de ce type avait été mené à Trappes, dans les Yvelines. « Nous avons à faire face aujourd’hui à un phénomène, où de plus en plus de nos concitoyens sont tentés par des thèses radicales et la violence extrême », a-t-il soutenu, manifestant son intention de « travailler en profondeur en particulier dans les quartiers les plus vulnérables pour lutter contre la ghettoïsation de certains quartiers ». Pour ce faire, il s’appuie donc sur la répression. On a bien compris que le plan sécuritaire de Macron sera un plan anti classe populaire. La surmilitarisation de l’espace public ne semble être qu’à son commencement. Et comme à chaque fois c’est bel et bien les jeunes et les habitants des quartiers populaires qui subiront les foudres de la répression d’État.

Reconduite à la frontière

Bien évidemment après un tel discours sécuritaire digne de la droite la plus décomplexée il fallait taper sur l’étranger qui vient se frotter aux frontières de l’Europe. Macron a rappelé que la République était une terre d’asile et qu’il fallait continuer à s’en assurer mais face à la pression migratoire c’est un défi qui durera dans le temps. Cette pression est dû selon Macron à l’instabilité au Moyen-Orient et en Afrique du nord. Il y aurait un phénomène de « nouveau nomadisme » dû au changement climatique et à l’instabilité sociale. Un nouveau « nomadisme »... Ce serait donc volontairement que des milliers et des milliers de personnes abandonnent tout ce qu’ils ont derrière eux y compris leurs êtres chers juste parce qu’ils ont choisit un nouveau mode de vie !

Macron a insisté sur le fait que l’État reconduirait « de manière intraitable » les étrangers n’ayant pas de titre de séjour. Cette annonce est dans la droite ligne de la fermeté promise pour la loi sur l’immigration et l’asile attendue début 2018. En contrepartie, la France doit accueillir « de manière exigeante et conforme à nos valeurs » les réfugiés et personnes en règle.« Nous accueillons mal, nous avons des procédures trop longues, nous intégrons approximativement et nous ne reconduisons plus. Tout en prenant notre part, nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde » ajouta-t-il en citant l’ancien Premier ministre Michel Rocard. 
Il souhaite que les délais administratifs et ceux de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) soient « drastiquement réduits » pour la procédure de demande d’asile. Cela permettra de faire plus rapidement le tri et d’expulser à tour de bras. Ainsi, il s’inscrit dans la droite lignée de Sarkozy. La chasse au migrant n’est pas prête de s’arrêter.

Macron a dévoilé l’ensemble de son plan sécuritaire et sans surprise il sera corsé pour les quartiers populaires, les militants et les migrants. « Police partout, justice nul part » aurait pu résumer cette heure et demi de diatribe de haine et de complaisance envers les idées de la droite dure. En attendant, le gouvernement appauvrit les plus pauvres et finit de faire disparaître le service public ce qui permettra d’enrichir toujours plus les possédants et de s’assurer les moyens de la répression des mouvements contestataires.

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com