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26 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

#ImmunitéOuvrière
Philippe Poutou s’alarme face au risque de fermeture... de sa propre usine
Hebdo L’Anticapitaliste

L’ex-candidat NPA à la présidentielle 2017, pour laquelle il a récolté 1,2% des voix, craint de voir son usine Ford à Blanquefort (Gironde) fermer. Il explique ses inquiétudes et appelle à l’aide les pouvoirs publics afin que Ford tienne ses engagements.

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Philippe Poutou a beau avoir été candidat à la présidentielle 2017, la politique n’est pas son premier métier. Le vrai métier de l’ex-candidat NPA (Nouveau parti anticapitaliste), il l’exerce à l’usine Ford de Blanquefort (Gironde) où il est délégué CGT. L’homme s’était mobilisé au moment de la vente à la découpe de Tati. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son quotidien n’est pas une sinécure dans une usine où les péripéties et les menaces de fermetures perdurent depuis 2008. Challenges a interviewé le candidat qui a fait 1,2% à la présidentielle de 2017 afin de comprendre pourquoi il tire la sonnette d’alarme face à une fermeture prochaine de l’usine comptant 900 emplois.

De l’extérieur, on a l’impression que l’usine Ford de Blanquefort est en sursis depuis près d’une dizaine d’années déjà...

Philippe Poutou : C’est une longue histoire mais j’ai l’impression qu’on est train de revivre à peu de choses ce qu’il s’est passé en 2008. On vit la fin de vie de la production d’une boite de vitesse qui ne sera pas remplacée. Normalement lorsque l’on monte un projet industriel, on doit anticiper et réfléchir 2 ans avant la fin de celui-ci. Sauf que nous alertons sur notre situation alors que dans un an, l’usine n’aura probablement plus rien à faire.

On tente de mettre un bras de fer en place pour qu’une nouvelle production se mette en place correctement. Nous faisons des réunions de suivi suite à un accord-cadre qui date de mai 2013 entre l’Etat, les collectivités locales et Ford (ndlr : il prévoit le maintien de 1.000 emplois sur le site pendant cinq ans). La dernière a eu lieu lundi dernier. Au final Ford a touché globalement 45 millions d’euros depuis 2011, grâce au CICE, aux aides publiques de la Région, à Bordeaux Métropole, à l’Etat et à l’Union européenne. Maintenant ils doivent respecter leurs engagements. Actuellement nous ne sommes même pas 1.000 salariés mais plutôt 900 actifs.

Que demandez-vous concrètement à Ford ?

Ford doit assurer la pérennité du site. L’entreprise est sans cesse en train de repousser le projet de notre nouvelle boite de vitesse. Lundi lors de la réunion du comité de suivi, ils ont dit que l’usine de Blanquefort était parfaitement compétente et compétitive mais que le délai était long pour décider d’une nouvelle production. Qu’il fallait réaliser une étude de faisabilité. Et au final on devrait être fixé au premier trimestre 2018. On a l’impression qu’ils optent pour un pourrissement de la situation. Ainsi ils pourront dire en début d’année 2018 qu’il est trop tard pour embrayer sur une nouvelle production. Et on ne pourra plus rien y faire.

Comptez-vous sur l’appui des pouvoirs publics ?

Le préfet pilote le comité de suivi avec des représentants des ministères du Travail et de l’Economie ainsi que des élus locaux. Alain Juppé était présent lundi. Les pouvoirs publics sont réceptifs quand on leur montre les incohérences de la politique de Ford. Par exemple, ils veulent réduire les coûts mais dans le même temps on perd des compétences et le travail se désorganise. On peut juste leur reprocher d’être trop spectateurs car ils ne demandent aucun compte à Ford et prennent tout ce que la société dit pour argent comptant. Il faut secouer tout cela car dans 6 mois ou un an, cela sera trop tard. On a débrayé lundi à 150 devant la Préfecture. Mardi matin, on a fait une assemblée générale où on était 70. Par rapport à 2008, les salariés ressentent beaucoup de résignation et de fatalisme.

Pensez-vous que vos candidatures à la Présidentielle peuvent jouer en la faveur du maintien de l’usine de Blanquefort ?

Déjà à l’époque de la présidentielle, j’avais en tête ce que nous vivions, cette situation de précarité que nous connaissons depuis des années. Quand on se sauve, à chaque fois on a l’impression de jouer les prolongations. On vit actuellement ce qu’il se passe à GM&S et à Tupperware. Mais Ford demeure très attaché à l’image de marque donc ils ne veulent pas liquider le site. Nous vivons actuellement ce que vivent beaucoup de gens qui tentent de lutter contre leurs licenciements. Je pense que si on se battait tous ensemble, on pourrait les stopper.

Au cours de votre campagne 2017, vous avez pu côtoyer Emmanuel Macron. Attendez-vous un geste de sa part aujourd’hui ?

Nous avons rencontré début septembre les cabinets des ministres du Travail et de l’Economie. J’ai fait la démarche afin de le rencontrer et que le gouvernement s’investisse directement. Nous sollicitons une intervention au plus haut niveau. En 2008, nous avions eu le soutien de Christine Lagarde alors ministre de l’Economie de Nicolas Sarkozy.

En cas de fermeture définitive de l’usine, y-a-t-il une chance que certains des postes puissent être maintenus ailleurs ?

Nous sommes leur seule usine en France. S’ils ferment, ce sera une suppression de 900 postes actifs d’autant plus que nous sommes la seule usine qui produit des boîtes automatiques en Europe. Les cadres dirigeants pourront peut-être être replacés ailleurs. Mais pour les ouvriers, il n’y a aucune chance. A Bordeaux, il serait très compliqué d’être reclassé dans d’autres boites. Le seul truc qu’on peut faire est de sauver ce qu’on a. Sinon ce sera le chômage ou les petits boulots précaires. On a les arguments avec nous : Ford nous dit que l’usine marche super bien. Il nous reste une bataille à mener.

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