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La Izquierda Diario
2 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

Tribune libre
Nos jours heureux : œuvre manifeste culte de l’amour lesbien

Max confie à sa coloc’ Kia qu’elle n’a pas « couché » depuis 10 mois : cette dernière lui propose de faire la connaissance d’Ely, assistante vétérinaire, dont la petite amie vit dans une autre ville.

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Crédits photos : "Go Fish" de Rose Troche © Outplay

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Sortie DVD : Go Fish de Rose Troche

L’histoire pourrait paraître triviale sous les apparences d’une comédie romantique lesbienne. Et puis il faut voir le film pour découvrir une œuvre culte dont l’audace de l’expérimentation des plans et du montage n’a rien à envier aux propos librement échangés autour de l’identité lesbienne au cœur de la société américaine de Chicago. Le film se présente dès la première séquence comme un manifeste, celui d’un cinéma lesbien pour un public lesbien. Dès lors, peu importe la représentation de la diversité des sexualités au monde, le film n’étant en rien une œuvre réaliste, se situant plutôt dans l’expressionnisme, suivant une partition libre de jazz, proche de l’expérimentation des premiers films de John Cassavetes. Si l’histoire centrale est portée par la rencontre amoureuse entre Max et Ely, tous les enjeux de séduction entre elles sont autant de prétextes à voir germer les premiers bourgeons de l’amour entre deux individus. Régulièrement, les têtes de quatre femmes allongées par terre et filmées en plongée, se mettent à réfléchir sur les enjeux en cours dans cette histoire d’amour, comme s’il s’agissait d’intermèdes explicatifs dans un récit théâtral classique où les dieux se seraient réunis pour s’amuser des atermoiements amoureux des humbles mortels. Plus de deux décennies plus tard, malgré une esthétique marquée des années 1990, le film conserve toujours une fraîcheur qui ravit tout sur son passage, grâce à son traitement expérimental du récit, où une étreinte sexuelle prend l’apparence d’un montage cubiste, pour s’arrêter sur des parties du corps, révélant une sensualité, heureux témoin de la naissance du désir qui s’épanouit dans le plaisir de la découverte de l’autre. Dès lors, nul besoin d’érotisme et encore moins de pornographie pour parler ouvertement de sexualité. Go Fish est un objet non identifié dans le paysage cinématographique, objet hors norme, jouant avec le militantisme sans jamais s’y enfermer, mais reste une vraie voie profonde d’un manifeste lesbien qui ne prône rien d’autre que l’amour avec l’autre, comme épanouissement et continuité d’une relation d’amitié et de complicité. Loin de la testostérone, le monde semble subitement si simple et apaisé…

Go Fish

de Rose Troche
Avec : Guinevere Turner (Camille ’Max’ West), V.S. Brodie (Ely), T. Wendy McMillan (Kia), Anastasia Sharp (Daria), Migdalia Melendez (Evy), Jamika Ajalon (la mère d’Evy)
USA – 1994.
Durée : 79 min
Sortie en salles (France) : 11 janvier 1995
Sortie France du DVD : 24 juin 2017
Format : 1,33 – Noir & Blanc
Langue : anglais - Sous-titres : français.
Éditeur : Outplay
Bonus :
Génération Go Fish
Bande-annonce

 
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