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La Izquierda Diario
10 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

Les victimes les plus précaires du harcèlement
Les stagiaires face au harcèlement sexuel au travail
Cléo Rivierre

Les stagiaires, comme toutes les travailleuses, subissent le harcèlement sexuel au travail. Mais de leur position particulièrement précaire, elles sont à la fois plus exposées et il leur est plus difficile de s’exprimer.

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Pour la Journée internationale des stagiaires, le HuffPost, dans un article relayant plusieurs témoignages, met le doigt sur la situation particulièrement difficile des stagiaires victimes de harcèlement sexuel au travail :

« En stage, un interne qui avait jeté son dévolu sur moi me demandait systématiquement de faire des photocopies. C’était dans un cagibi, et à chaque fois, il fallait que j’y refuse ses avances. ’Je vais finir par te prendre ici sur la photocopieuse’, me disait­-il. Jusqu’au jour où il m’a attrapée par les cheveux et m’a embrassée dans le cou. »

« Quand un problème grave t’arrive, tu ne sais pas à qui parler, le risque c’est qu’ils ne te reprennent pas en contrat après. », raconte Manon, dont le maître de stage l’a très mal notée dans son rapport en lui disant d’un air narquois « Estime­-toi heureuse, comme ça on ne dira pas que tu as couché avec moi". Tandis qu’un autre se plaisait à lui répéter : "Ma petite chérie, si c’est pas bien, je vais te donner des fessées". "J’ai rien dit. J’avais peur du blacklistage. »

Ce n’est que lorsqu’il a commencé à la caresser dans une chambre, dans laquelle elle avait refusé fermement d’entrer avant d’obtempérer face à l’autorité, que Louise prend conscience de ses intentions. Tout en réalisant que si elle refuse ses avances, il s’occupera de sa réputation. Après le "non" définitif de Louise, il n’a pas tardé à mettre ses menaces à exécution en appelant différents cabinets pour ternir l’image de la future postulante. « Ce sont des hommes qui ont du pouvoir, qui ont de l’argent, qui se permettent tout et qui sont très vexés de se cogner à un refus », constate­-elle.

Pour de nombreuses anciennes stagiaires qui ont témoigné pour le Huffpost, le contexte de libération de la parole après l’affaire Weinstein à travers les hashtags #metoo et #balancetonporc a été déterminant. Déterminant pour accepter de témoigner, pour prendre conscience de ce qu’elles avaient vécu, ou encore pour réaliser le caractère généralisé du harcèlement sexiste au travail, qui ne touche pas que les stagiaires.

Plus jeunes, en début de carrière, dans la position hiérarchique la plus basse, les stagiaires sont particulièrement exposées à ce harcèlement et il leur est encore plus difficile de s’exprimer sur ce qu’elles ont vécu. Comme le racontent de nombreuses anciennes stagiaires, la peur de ne pas être embauchée dans l’entreprise voire dans toute la branche professionnelle si l’agresseur décide de « s’occuper de sa réputation » implique une position de subordination, qui pousse à ne rien dire voire à céder aux avances. Face à un homme dans une position de supériorité hiérarchique, la précarité présente et la crainte de la précarité à venir pèsent sur les stagiaires.

Ici, la violence sexiste est rendue possible par deux facteurs. Dans une société patriarcale, la domination masculine est légitimée, rendant possible de tels comportements chez les hommes. À cela s’ajoute la domination hiérarchique et économique, qui fait partie de la structure de cette société capitaliste.

Opprimées et exploitées, les femmes travailleuses ne peuvent que s’organiser pour être actrices d’un changement radical de société. Car ce n’est pas quelques « porcs » qu’il s’agirait de balancer, mais bien tout un système basé sur l’exploitation, la concurrence, l’oppression et la domination (capitaliste, patriarcale, néocoloniale...). Dans cette perspective, le 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, sera une occasion pour toutes les victimes de ce système patriarcale de se rencontrer et de prendre la rue pour exprimer leur rejet de ce système.

 
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