La crise à l’hôpital ne cesse de s’empirer. Avec des dizaines de services d’urgence menacés de fermeture partout en France, la situation désastreuse qui va s’approfondir cet été met en danger les patients, mais aussi la santé des personnels soignants. Après de trente ans de casse de l’hôpital public et une pandémie qui a ébranlé tout le système de santé, la colère des personnels soignant ne cesse d’augmenter et s’est exprimée lors d’une première journée nationale le 7 juin dernier.

C’est dans ce contexte qu’une grève totale est en cours depuis ce lundi au CHU de Toulouse. Les urgences comptent 100% de grévistes mobilisés contre le mépris de la direction de l’hôpital et pour des embauches de personnel. En réponse à cette mobilisation, la direction de l’hôpital a déclenché un plan blanc. Plutôt que d’accéder aux revendications des grévistes, elle réquisitionne des retraités, des soignants assignés et des intérimaires tout en maintenant les urgences ouvertes pour les « urgences vitales » dans des conditions très dégradées.

« C’est la pagaille aux urgences, les retraités connaissent pas les logiciels pas les locaux, ça met en danger les patients » nous explique en ce sens une infirmière gréviste que nous avons interviewé, rapportant les propos d’un des brancardiers. Face à cette situation, les syndicats qui se sont rendus sur place ont déclenché une mesure de « danger grave imminent » (DGI) car les conditions ne sont pas réunies pour soigner les patients. La direction a refusé cette alerte et mobilise aujourd’hui tous les moyens pour mater la mobilisation même, quitte à mettre en danger les patients.

Une grève pour des embauches et des moyens

Après la grève du 7 juin, la direction de l’hôpital avait décidé de rencontrer les grévistes. « A la réunion de la direction, déjà ça leur a fait bizarre car on est arrivés avec beaucoup de soignants, plus d’une vingtaine » nous explique l’infirmière du CHU. Or, la direction à totalement méprisé les revendications des soignants. « Ils disaient qu’on était pas légitimes à demander du personnel en plus car il y avait pire ailleurs et qu’il fallait se débrouiller comme ça » raconte-t-elle. C’est à la suite de ce rendez-vous que les soignants ont décidé de se mettre à nouveau en grève ce lundi, déterminés à obtenir plus de personnels et de moyens.

En effet, les conditions de travail actuelles aux urgences ne permettent pas une prise en charge correcte des patients et c’est ce que dénoncent les soignants. « Nous, on fait grève pour nos conditions de travail, mais surtout pour le bien être des patients » explique l’infirmière. Par exemple, actuellement il y a une seule ambulance pour Rangueil et pour Purpan pour la nuit. « Donc des patients qui peuvent sortir à 18H, doivent rester la nuit, faute d’une ambulance pour les ramener chez eux ce qui nécessite des soins en plus, une attention pour les rassurer, et rester avec eux » poursuit-elle. Les grévistes demandent donc une ambulance en plus pour remédier à cette situation.

Ils revendiquent aussi des embauches de personnel, une aide soignante sur les urgences vitales en plus, « car on a 100 personnes par nuit et c’est pas gérable sinon ». « Pour l’accueil, c’est pareil » dénonce l’infirmière, « il y a 120 patients par nuit, donc il nous faut plus d’infirmières pour gérer, sinon c’est épuisant, et on peut pas bien faire notre travail ».

La direction de l’hôpital fait la sourde oreille face à ces revendications des soignants. « Quand on voit tous les moyens qu’ils engagent pour contrecarrer la grève, mobiliser des retraités, déclencher un plan blanc, payer des soignants en heure supplémentaires (...) on le voit qu’ils ont des moyens". En effet, comme de nombreux hôpitaux les directions privilégient la rentabilité de l’hôpital plutôt que les conditions de travail des soignants et le bien être des patients.

Construire l’élargissement de la grève pour faire plier la direction

Même si la direction affiche la carte du mépris, pour l’infirmière, le déclenchement du plan blanc « montre que ça va prendre de l’ampleur » et « qu’ils commencent à avoir peur ». En effet, alors que le service de psychiatrie a rejoint la mobilisation, les grévistes construisent l’extension de la grève vers les autres services de l’hôpital. Une contagion qui fait peur à la direction, et qui peut être déterminante pour durcir le rapport de force. « Ça serait bien que les urgences de Rangueil se joignent aussi à nous » conclue-t-elle.

Malgré les efforts mobilisés par la direction pour contenir les effets de la mobilisation, la détermination reste intacte chez les grévistes. « On en peut plus, on reprendra pas le travail », « on a atteint un point de non-retour, il faut qu’on obtienne nos revendications ». L’élargissement de la grève peut évidemment être déterminant pour étendre le mouvement et faire plier la direction de l’hôpital. 

Pour soutenir les grévistes et les aider à tenir dans la durée, soutenez la caisse de grève :

Après la grève du 7 juin dernier qui à montré qu’une colère gronde dans le milieu hospitalier, la reconduction de la grève au CHU de Toulouse montre la voie pour obtenir des moyens pour l’hôpital. Si Macron a prétendu s’inquiéter du sort des soignants, son gouvernement n’a cessé de dégrader les conditions de travail des soignants et de fermer des lits. Le gouvernement, responsable de la situation catastrophique de la santé continue sa politique d’austérité et de mépris envers les travailleurs de la santé. Pour des embauches et des moyens : soutenons les grévistes du CHU !