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Une violence structurelle

100 portraits contre l’État policier

A quelques jours de la marche du 19 mars, retour sur un livre paru il y a peu et qui tente de répertorier les victimes des violences policières. C’est sous la forme de portraits écrits et dessinés que se présente ce livre qui tente de nous donner un répertoire des noms de ceux qui sont tombés sous les coups de « l’état policier ».

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C’est sous forme de portraits dessinés de façon uniforme que Syllepse a choisi de nous présenter ceux qui auraient pu rester à jamais dans l’anonymat afin de placer toutes les victimes sur le même plan, révélant ainsi la dimension structurelle de la violence d’État.

Au moins 10 victimes par an mais combien d’autres passées sous silence ?

C’est ce que nous démontre le livre : a minima, 10 personnes trouvent la mort chaque année sous les coups de la police.

L’ouvrage traverse l’histoire et nous montre des portraits pour la plupart de jeunes racisés, tués par une police éminemment raciste. Il nous montre la violence de la police dans les quartiers, mais également celle que déploie l’Etat face aux manifestants et militants comme Rémi Fraisse. Ce qui nous montre bien que quand la police frappe c’est avant tout pour maintenir l’ordre : l’ordre d’un Etat violent, qui construit les inégalités, les entretient et s’en renforce. La police est là pour rappeler à l’ordre toutes les voix contestataires. Le livre choisit pour titre ce terme fort « d’État policier », permettant de questionner la nature violente de l’État au travers de son bras armé : la police. Il cherche à réunir et montrer les liens qui existent entre les familles de victimes qui se font harceler et menacer comme l’a rappelé, ces derniers mois, le combat que mène la famille Traoré.

Ce livre montre comment il est impossible d’obtenir justice et combien il est difficile d’avoir la vérité. Il donne également beaucoup d’espoir en établissant un contre-récit, en se positionnant à contre-courant et en mettant en lumière les crimes répétés de la police. Dans les premières lignes on peut lire que chacune de ces victimes mériterait un livre, une mise en lumière. Ce livre a le mérite de tenter d’inventorier la violence, l’injustice et de nous donner envie, au travers de ces portraits, de nous battre pour eux, pour toutes ces victimes.

Le procès du policier qui a tué Amine Bentounsi a prouvé encore un fois la partialité de la justice en ne condamnant qu’a minima celui qui faisait, avec ses collègues, un barbecue le lendemain du meurtre qu’il venait de commettre comme pour fêter la mort du jeune homme. Et pourtant, dans cet « État policier », c’est déjà presque une victoire de pouvoir traîner devant la justice un membre des forces de répression, puisque bien souvent ils ne sont pas même entendus, protégés par leur institution, protégés par l’État.

Le piratage cette semaine de la page Facebook en hommage à Abdoulaye Camara, tué de 10 balles par la police en 2014 au Havre, nous a démontré pour sa part a quel point il est difficile de faire valoir la vérité. Et les démonstrations d’intimidations, de harcèlement ou tout simplement d’omerta sont nombreuses pour nous montrer à quel point le combat est difficile à mener.

Et pourtant depuis le viol de Théo par la police, le meurtre d’Adama, les langues se délient peu à peu et les alliances se renforcent, à l’image de ce livre. Les familles se mettent côte à côte pour ne pas être isolées dans leur combat, faire entendre leur voix et peser face à l’Etat. A l’image aussi de la marche du 19 mars qui approche et qui sera la démonstration d’une convergence pour dire stop à l’État policier.

Pour se procurer le livre


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