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13000 m2 plus pour la précarité à Villeurbanne. Un nouveau siège pour Adecco

Le groupe Adecco, géant de l'intérim classé parmi les cinq cent plus grandes entreprises du monde, annonce la construction dans la métropole lyonnaise de son nouveau siège en France. Une livraison prévue en 2016. David Bergsson{}

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Lyon, capitale de l’intérim ?

Tout va bien pour ce patron-meilleur-ami-des-patrons. En effet, Adecco se vante d’être le champion du monde de l´intérim et d´avoir en France un chiffre d´affaires de 4,75 milliards d’euros.

La première pierre a été posée le 1er octobre et le maire PS de Villeurbanne s´est dit « fier d’avoir sur Villeurbanne le siège d’une entreprise aussi importante en France ». L’histoire du business de la précarité est déjà longue à Lyon, où se créait il y a cinquante et un an l’ancêtre d’Adecco, Interecco, fondée par un capitaliste du cru. Premier broyeur de stabilité de l’emploi en France dès 1984, la société a ensuite fusionné avec le leader du même créneau en Suisse, puis racheté son homologue américaine Olsten Staffing en 2000, entrant ainsi définitivement dans la cours des plus grandes multinationales de la planète.

Adecco était déjà installée de longue date à Villeurbanne, cette cité populaire qui jouxte la deuxième ville du pays. Cité où le chômage est de cinq points supérieur à la moyenne nationale et s’élève à 15,1%, et le taux de pauvreté de quatre points, avec 18,2%. {{}}

Toujours plus d’ingéniosité pour faire du fric sur le dos des travailleurs

Encore plus de moyens pour plus de profits sur le dos de notre classe. Cette usine du travail temporaire proposera désormais à ses intérimaires des prêts à taux variables, a annoncé la direction. Un peu comme ceux qui ont mené à la ruine des milliers de travailleurs américains avec les subprimes.

Le PDG d’Adecco France, Christophe Catoir, a par ailleurs annoncé en septembre dernier la création d´une « école de l’alternance ». Un titre pompeux pour désigner l’objectif que s’est fixé le groupe d’attirer dans son giron les jeunes en formation en alternance pour faire des profits sur leur placement en entreprise. Rien à voir donc avec une quelconque « formation ». Adecco n’a d’ailleurs pas peur de se présenter sur son site comme un groupe « engagé dans la bataille de l’emploi » et ose revendiquer la défense des jeunes ou des « personnes fragilisées ». Quand on sait que partout les intérimaires servent de kleenex aux patrons à la moindre « baisse d’activité », il y a de quoi grincer des dents. {{}}

Des lois au service de l’extension de la précarité

Si Adecco et les autres sociétés d’intérim se portent si bien, c’est aussi grâce au gouvernement. La loi Rebsamen, proposée en cette rentrée, s’apprête à casser la représentation syndicale dans les TPE et les PME. En mars 2014, entrait en vigueur le CDI intérimaire, institutionnalisant la précarité, pour obéir comme d´habitude aux consignes du MEDEF.

Christophe Catoir confirmait en direct sur Radio Classique en septembre que « la question c’est le droit du travail, en fait, qui permet d´avoir un peu plus de flexibilité en Angleterre où on donne plus facilement sa chance à tout le monde… »[1]. Toujours le même argument sur les « rigidités » de la France pour mieux attaquer les salariés. Mais à défaut d’être assez flexibles aux yeux des patrons, les CDI intérimaires ont déjà commencé à créer de fait une inégalité de droits entre ouvriers, dans les entreprises. Actuellement, on le voit par exemple chez PSA Mulhouse et Sochaux.

En remerciement du gouvernement pour sa servilité, Adecco a tout de même choisi de participer à l’opération qui voudrait, depuis 3 ans et demi maintenant, que le chômage soit en passe de baisser. Le groupe a pronostiqué que les bons chiffres de l´intérim annonçaient « une embellie progressive »[2]. Cependant, il y a fort à parier que les mois à venir montreront une fois de plus que le PDG d´Adecco n’a pas été très prudent et s’est fourvoyé car tout est fait pour éviter d´embaucher.{{}}

Spéculation foncière et immobilière à Lyon

L´immobilier de bureaux en région lyonnaise se porte très bien. Ainsi dans le quartier de la Part-Dieu on verra un autre immeuble, le « Terralta » livré fin 2015, avec 10600 m2 supplémentaires de bureaux. Un marché juteux, encouragé pleinement par le Maire Gérard Colomb qui fait tout pour favoriser l’installation de sièges sociaux de grandes entreprises sur la ville. Le « rayonnement » de « Lyon Métropole » se fait ainsi par une combinaison de gentrification (nouveau quartier dit Confluences, transformation de la Guillotière et de Croix Rousse) avec une hausse de la construction pour les grands groupes... alors qu’ici comme ailleurs on continue à manquer de logements, et que les prix des loyers sont au plus haut.

Dans une telle situation, la direction d’un groupe comme Adecco ferait mieux de surveiller ses chemises de près.


[1] 25 septembre 2014

[2] LCI, 24 septembre 2015


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