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LA SANTE TOUJOURS FORTEMENT MOBILISÉE

17 décembre. Les professionnels de santé mobilisés, des convergences avec le reste des manifestations

Mardi 17 décembre, une mobilisation nationale était prévue de longue date dans la santé et l’hôpital public, alors que le secteur traverse une crise profonde depuis plus de 9 mois et après que le gouvernement ait dévoilé son plan d’urgence pour l’hôpital, jugé largement insuffisant. A Paris comme dans plusieurs villes de régions, le secteur de la santé a convergé avec les manifestants en lutte contre la réforme des retraites.

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Crédits photo : Sébastien Boussiron

Une colère que le plan d’urgence de Buzyn n’a pas calmée

En grève depuis le mois de mars, la mobilisation dans la santé, soutenue par 88% de la population, ne faiblit pas. Alors que les modalités de grève sont particulièrement difficiles dans ce secteur, ils étaient des milliers à se mobiliser ce mardi 17 décembre et à manifester dans de nombreuses villes de France. Après la dernière mobilisation nationale dans la santé, le 14 novembre, qui avait réuni près de 10 000 personnes à Paris, cette nouvelle journée de grève chez les soignants appelait à une montée nationale à Paris. Ils ont été en outre nombreux à organiser des cortèges dans les manifestations en région, comme à Lyon ou à Toulouse.

Le malaise est si profond dans ce secteur que la colère se généralise. Les urgences, d’abord, en grève depuis plusieurs mois, et dont 268 services d’urgence sont toujours en grève (sur 637), les internes, en grève illimitée depuis samedi dernier, les généralistes, appelés à garder leur cabinet fermé les samedi matin, les médecins pratiquant la « grève du codage », pratique consistant à ne pas facturer les actes effectués, ou encore menace de démission collective des chefs de services hospitaliers… le malaise est total et gagne toutes les professions de santé. Et pour cause, comme de nombreux services publics, l’hôpital public est victime d’une asphyxie prolongée et orchestrée par les gouvernements successifs qui a conduit, au fil des années, à une précarisation des conditions de travail et à une mise en danger du service de santé public (fermetures de lits, de services, mutualisation, etc.).

Le 14 novembre les infirmières, les médecins et les chefs de service défilaient aux côtés des aides-soignants pour réclamer davantage de moyens pour l’hôpital. La liste des organisations syndicales ou des collectifs qui appellent à la grève ne cesse de s’allonger : Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences, CGT, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC, SUD, Unsa et les associations Printemps de la Psychiatrie et Coordination nationale des comités de défense des maternités et hôpitaux de proximité. Ils ont été rejoints par plus d’une quarantaine d’associations de patients qui ont déclaré soutenir leur mouvement dans une tribune parue sur Libération.

A la suite de cette journée de mobilisation Macron avait déclaré avoir « entendu la colère » des hospitaliers, et le gouvernement, par la voix de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a dévoilé son plan d’urgence pour l’hôpital. Celui-ci promet 1,5 milliards d’euros supplémentaires dans le budget alloué et une reprise de 10 milliards d’euros de la dette de l’hôpital public étalée sur trois ans, ainsi que des primes pour les personnels. Ces annonces ont tout de suite été jugées insuffisantes par les différentes professions mobilisées qui demandent des embauches et des effectifs supplémentaires, une hausse des salaires et des moyens supplémentaires pour garantir et préserver le service public, notamment des moyens pour ouvrir des lits supplémentaires.

Casse de l’hôpital public, réforme des retraites… Même Macron, même combat !

Si le 5 décembre le Collectif Inter-urgence appelait à converger avec la bataille engagée contre la réforme des retraites pour « coaguler toutes les colères » contre le gouvernement, cette fois-ci la décision de faire cortège commun était laissée à l’appréciation de chacun. Les syndicats CGT, Sud et FO notamment, sont opposés à la réforme des retraites, mais le collectif Inter-Hôpitaux, plus réservé, ne veut pas prendre position sur un sujet qui déborde le secteur de la santé en partie par peur que les revendications propres à l’hôpital public se retrouvent noyées dans le cadre de la mobilisation d’ensemble sur les retraites.

Pourtant, malgré ces réticences, nombreux étaient les soignants hospitaliers qui souhaitaient cette « coagulation des colères » Après s’être donné rendez-vous en fin de matinée devant l’hôpital Lariboisière et avoir défilé jusqu’à la place de la République, ils sont nombreux à avoir rejoint les cortèges interprofessionnels de la manifestation contre la réforme des retraites. Pour assurer cette convergence sans pour autant voir leurs revendications propres « noyées » dans le cadre de la manifestation unitaire, ils ont défilé de manière visible dans les différents cortèges en portant haut et fort leurs mots d’ordres.

Car les deux mouvements ont, de fait, tout intérêt à converger. D’abord parce que plusieurs professions de la santé seront-elles aussi touchées par la réforme des retraites et la suppression des régimes spéciaux, à commencer par les aides-soignantes qui peuvent aujourd’hui prétendre à la retraite à partir de 57 ans. Mais surtout, parce que la casse de l’hôpital public est une réalité qui touche l’ensemble des salariés des autres secteurs et de leurs familles ; et c’est d’ailleurs bien pour cela qu’il s’agit du mouvement de protestation le plus soutenu par la population après celui des pompiers.

Alors qu’il existe une colère diffuse, mais bien palpable, contre l’ensemble de la politique de Macron, alors que les signes de conflictualité se sont manifestés durant toute l’année dernière avec le mouvement des Gilets jaunes, mais aussi avec la grève des cheminots en juin dernier contre la réforme ferroviaire, ou de la RATP en novembre, et désormais dans de nombreux secteurs contre la réforme des retraites, l’ensemble des grévistes devraient se doter d’un programme offensif pour exiger non seulement le retrait pur et simple du projet de retraite du gouvernement mais pour exiger également des moyens supplémentaires et à la hauteur des besoins dans les services publics, à commencer par le secteur de la santé.


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