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GESTION DE CLASSE DE LA CRISE SANITAIRE

2 poids 2 mesures : Ferrand (LREM) s’oppose à l’application du passe sanitaire à l’Assemblée

Un amendement au projet de loi sanitaire proposant l’instauration du passe sanitaire à l’Assemblée Nationale a été refusé hier. Alors que cette mesure liberticide menace de nombreux salariés de licenciement, les députés en sont, eux exemptés dans l'hémicycle, leur lieu de travail.

Joël Malo

21 juillet 2021

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Lionel Bonaventure / AFP

Jusqu’au sein de la majorité présidentielle, le passe sanitaire fait débat. Des députés LREM endossent l’habit de l’idiot utile et tentent de sauver le peu de soutien populaire au parti macroniste encore existant. Ainsi, certains députés comme Pacôme Rupin, après avoir avalisé l’ensemble de la politique plus répressive que sanitaire du gouvernement montent au créneau en dénonçant « la fracture » que provoquerait le passe sanitaire.

De l’autre côté, il y a les idiots, un peu moins utiles à la majorité, qui proposent des amendements pour que les députés soient astreints à la présentation du passe sanitaire pour se rendre à l’Assemblée. Ainsi, un amendement a été déposé par des parlementaires LREM, de leur propre aveu moins à des fins sanitaires que d’exemplarité, indiquant : « L’accès à l’Assemblée nationale peut également être subordonné à la présentation des documents [...] sur décision du président de l’Assemblée nationale  ». Un amendement qui a été refusé en commission dans la nuit de mardi à mercredi. Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale y a opposé l’inviolabilité constitutionnelle du « libre exercice du mandat parlementaire », aucun député ne pouvant être empêché de siéger. Un amendement qui risquait donc d’être retoqué par le Conseil constitutionnel. C’est derrière cette excuse que Ferrand se permet désormais de dénoncer l’instrumentalisation de cette affaire par les opposants au passe sanitaire, et doit enrager contre les quelques fans de l’exemplarité de sa majorité qui le mettent dans une situation inconfortable.

Mais cet épisode ne fait que refléter les avantages desquels politiciens bourgeois profitent constamment. La déconnexion de la vie réelle des travailleuses et des travailleurs est telle qu’une « source parlementaire » peut sans problème confier à LCI, pour justifier le refus de cet amendement : « on parle bien de l’enceinte de l’Assemblée nationale, qui est un lieu de travail, pas une salle de cinéma ni une salle de spectacle ».

Encore que cette affirmation ne soit pas certaine, comment est-il possible de tenir de tels propos alors que de nombreux salariés ont la menace du licenciement sanitaire ou de la suspension de salaire au-dessus de la tête à cause de l’extension du passe sanitaire ? Un restaurant ou un cinéma n’est un lieu de loisir que pour ceux qui n’y travaillent pas, et aujourd’hui, la réalité pour les salariés de nombreux commerces et restaurants, c’est celle de la menace du licenciement si on ne se vaccine pas assez vite, alors même que ce sont des secteurs qui ont vu leurs conditions de travail et l’encadrement légal se dégrader tout au long de la crise sanitaire.

Le gouvernement n’a que le mot de suspension du contrat de travail à la bouche, pour les salariés du commerce, de la culture, de la restauration, pour les soignants ! C’est dans ce sens qu’Elisabeth Borne a évoqué sur BFM la possibilité de congés sans solde.

Pendant ce temps, la gestion catastrophique et anti-sociale de la crise sanitaire permet à des démagogues comme Philippot d’essayer de faire oublier qu’ils sont eux aussi des membres de cette caste politicienne privilégiée. L’ancien parlementaire européen, mouillé jusqu’au cou dans l’affaire des faux assistants parlementaires du FN, essaye surfer sur une colère légitime face au pass sanitaire, pour la récupérer électoralement pour ses idées nationalistes et anti-ouvrières, comme il avait déjà essayé de le faire, sans succès, avec les Gilets jaunes. Pour cela, il est prêt à diffuser le plus largement possible la propagande anti-vax. Mais pendant que Philippot tente de convaincre les classes populaires, qui ont déjà payé le plus lourd tribut face au virus, que le vaccin serait quasiment un poison mortel, les riches et les députés eux se font vacciner !

Pour les députés, pas de mandat révocable quand on trahit ses engagements et ses électeurs, et qu’on est absent la majeure partie du temps à l’assemblée alors qu’à l’inverse les salariés voient leur travail remis en cause à chaque instant. Un mandat de député est un droit inviolable, pas celui de garder son emploi et de recevoir un salaire suffisant pour vivre dignement !

Pourtant quand Macron veut instaurer des mesures comme la réforme des retraites et passe sanitaire, les policiers et les politiciens en sont toujours exempts. C’est là tout le symbole d’une crise qui a été gérée pour les riches, à coups d’amendes et de matraque, et d’où émane logiquement la défiance face au vaccin. Face à une gestion de la crise qui veut faire payer notre classe, nous devons répondre avec les méthodes du mouvement ouvrier, pas seulement pour s’opposer à l’autoritarisme de Macron mais pour proposer un plan de bataille à ceux qui veulent se battre pour une sortie de crise alternative.


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