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Le mouvement de l’AP-HP dans un moment décisif

25 juin : nouvelle journée de mobilisation dans la santé. Et après ?

La date du 25 juin avait été fixée, avant même le démarrage du mouvement de l’AP-HP, pour une journée nationale d’action contre les mesures austéritaires dans l’ensemble du secteur de la Santé. Ce même jour, la Confédération CGT a appelé à une manifestation régionale interprofessionnelle pour les salaires à laquelle participeront notamment les cheminots, en grève à ce jour. Tous les ingrédients semblaient ainsi réunis pour que cette journée marque un saut dans la convergence de la contestation contre le gouvernement. Mais dans le contexte d’un début de fissures au sein de l’intersyndicale des hospitaliers et de l’absence de perspectives pour l’après 25, les choses ont l’air d’être un peu plus compliquées…

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La mobilisation des hospitaliers se poursuit bel et bien et, côté personnel, la volonté d’imposer le retrait du plan Hirsch dans toutes ses variantes semble être toujours là. Après la journée de mobilisation du 18 juin, les assemblées générales ont continué à se tenir, ainsi que des actions « coup de poing », comme l’intervention de salariés pour empêcher la tenue de réunions de cadres à l’Hôpital Saint-Louis, à Beaujon ou à Tenon.

Dans les hôpitaux, la direction continue sa politique de répression du mouvement. A Bretonneau, les affiches des grévistes sont arrachées et les « cercueils », confectionnés pour symboliser l’enterrement de Hirsch et de son plan de réorganisation du travail lors de la manifestation du 25 juin, ont été confisqués sous prétexte que des usagers de l’hôpital auraient été choqués en voyant les cercueils dans le hall de l’hôpital. Un argument qui ne tenait pas aux yeux des salariés de cet hôpital qui se situe aux abords… d’un cimetière. Mais les grévistes se sont donc acharnés jusqu’à récupérer les cercueils.

Premières fissures au sein de l’Intersyndicale et mécontentement à la base

Le changement de tactique de Hirsch et de la direction de l’AP-HP semble commencer à porter ses fruits. A la veille de la journée du 25, non sans quelques jours d’hésitation, la CFDT aurait annoncé sa volonté de signer le relevé de conclusions issu de la négociation secrète du mercredi 17. Un représentant de ce syndicat, Abdel Abdoun, a ainsi déclaré à la AFP que la CFDT aurait « communiqué à la direction de l’AP-HP son accord sur ce document en espérant que M. Hirsch tienne ses promesses et ses engagements » en rajoutant ne pas vouloir « que la montagne accouche d’une souris ».
C’est exactement ce que craignait une partie du personnel mobilisé, qui avait déjà commencé à alerter sur des pages facebook de la possibilité d’un « retournement » de la direction de certains syndicats. « Beaucoup d’entre nous sommes en colère par le simple fait qu’il y ait des "négociations" (secrètes de surcroît). Nous voulons le RETRAIT pur & simple du plan Hirsch ! ». Et l’on peut également lire sur une de ces pages, « Ne laissons pas quelques syndicalistes bureaucrates nous déposséder de notre lutte ! ».

Le lundi 22 juin, une réunion a même réuni une grosse vingtaine de personnels mécontents de plusieurs hôpitaux parisiens pour exprimer leur volonté commune que le mouvement de l’AP-HP aille jusqu’au bout. Une bonne initiative pour commencer à échanger, mais pas assez pour contrer la politique des directions syndicales, comme avait pu le faire en 1988 la coordination des infirmières qui s’appuyait sur une forte organisation et sur les assemblées générales dans chaque lieu de travail. Par contre, si dans les prochains jours une assemblée générale d’un hôpital lançait un appel à la mise en place d’une coordination de ce type, si ce n’est qu’à l’échelle de la région parisienne, les choses pourraient commencer à changer…

Une journée pas assez préparée : acte d’enterrement du mouvement jusqu’à l’automne ?

Malgré la volonté du personnel hospitalier de faire de la journée du 25 un temps fort permettant de faire preuve de leur détermination face à la direction de l’AP-HP et au gouvernement, il semblerait que la préparation n’ait pas été au rendez-vous. Jusqu’à la veille de la journée de mobilisation, la jonction avec la manifestation interprofessionnelle de la CGT ayant lieu deux heures plus tard pas très loin du Ministère de la Santé ne semblait pas être une évidence.

Alors qu’aucune date de mobilisation n’est prévue et à l’approche des vacances, le manque de perspectives augmente la tension du personnel en lutte depuis plus d’un mois. Dans ce contexte, des bruits couraient dans certaines AGs sur des possibles « débordements » dans la manifestation. Sans plus de précisions, la seule explication plausible serait que la direction de certains syndicats, voulant faire de la journée du 25 une sorte d’acte de fin (ou en tout cas de suspension jusqu’à l’automne) du mouvement de l’AP-HP, prévoie qu’un certain nombre de salariés en grève trouveront les moyens d’exprimer leur désaccord avec cette perspective.

Une chose est sûre, si les salariés et les syndicalistes combatifs veulent réellement empêcher que la direction de certains syndicats entame un processus de dialogue social dans leur dos pendant l’été, ils ont intérêt à commencer à s’organiser dès maintenant pour rester maîtres de leur lutte.


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