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2022 à droite toute

300 millions pour les Harkis ? Macron continue de draguer l’électorat de droite et d’extrême-droite

Ce lundi, Macron organisait une cérémonie en hommage à la mémoire des harkis. Il a annoncé qu’un projet de loi « de reconnaissance et de réparation » serait présenté d’ici la fin de l’année tandis qu’un fond d’indemnisation de 300 millions d’euros pourrait être mis en place. Une tentative supplémentaire de draguer l’électorat de la droite et de l’extrême-droite en vue de 2022.

Erell Bleuen

20 septembre 2021

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Source photo : GONZALO FUENTES / POOL/AFP

Harkis : Macron continue sa politique mémorielle

Ce lundi 20 septembre, l’Élysée organisait une réception en hommage à la mémoire des harkis, ces soldats recrutés par l’armée française au sein de la population algérienne pendant la guerre d’Algérie pour défendre la colonie française, puis abandonnés sur place au moment de l’indépendance. Une cérémonie qui a réuni près de 300 personnes -dont des harkis, leurs descendants, et des responsables d’associations.

L’échéance se tenait cinq jours avant la journée d’hommage national, instaurée depuis 2003 à la date du 25 septembre. Une occasion saisie par Emmanuel Macron qui pendant son discours tenu lors de la cérémonie, a déclaré « vouloir franchir un nouveau pas » et demandé pardon « aux combattants abandonnés ». En ce sens, le chef d’État a annoncé la présentation d’un projet de loi de « reconnaissance et de réparation » avant la fin de l’année, répondant à l’une des principales demandes des associations défendant la mémoire des harkis.

Si dans son discours Macron n’est pas revenu en détail sur le contenu de la loi, le journal l’Opinion indique quant à lui que l’adoption de la loi « déterminera les conditions de la mise en œuvre du droit à la réparation » et que « l’État instaurera aussi un fonds d’indemnisation de quelque 300 millions d’euros ». Un montant bien supérieur à celui présenté en 2018 par la secrétaire d’État aux Armées, qui proposait à travers le « plan Harkis » le déblocage de 40 millions d’euros sur quatre ans, jugé insuffisant par les associations.

Ces mesures prises par l’Élysée font suite au rapport Stora sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », commandé par Macron à l’historien et remis en janvier 2021. Celui-ci avait en effet été décrié par l’association Ajir pour les Harki, qui dénonçait l’absence d’un projet de loi de reconnaissance et de réparation, notamment au sujet des représailles subies par les harkis après le départ de la France de l’Algérie.

Mais les annonces de ce lundi s’inscrivent également dans la continuité de la politique mémorielle entamée par Macron depuis le début de son quinquennat et marquée par le sceau du « en même temps ». Ainsi, en 2018, Macron reconnaissait la responsabilité de l’État français dans la torture et l’assassinat de Maurice Audin le 11 juin 1957, tandis qu’en 2020, il déclarait publiquement que l’État français avait assassiné Ali Boumendjel en 1957, et avait maquillé son crime en suicide. Cependant, si Macron a cherché à apparaître comme le président reconnaissant les crimes commis par l’impérialisme français, notamment pendant la guerre d’Algérie, il organisait en mai dernier un hommage à Napoléon Bonaparte, qui a rétablit l’esclavage et écrasé dans le sang les révoltes des colonies.

Un signal envoyé à l’électorat de droite et d’extrême-droite

Mais la cérémonie organisée par Macron pour la mémoire des harkis apparaît comme un signal envoyé à l’électorat de droite et d’extrême droite, et « préparée depuis des mois en toute discrétion » selon une source de l’Elysée citée par L’Opinion. Pour rappel, les harkis représentent près de 200 000 soldats qui ont combattus aux côtés de la France contre le mouvement d’émancipation nationale algérien. Ce dernier les a laissés pour compte au lendemain de la signature des accords d’Evian. Il est estimé que 40 000 harkis ont été accueillis en France dans des camps insalubres, sans accès à l’éducation ni à la liberté de circulation, 40 000 d’entre eux se sont rendus en France dans la clandestinité, et le reste de la communauté restée en Algérie a fait face à des représailles sanglantes.

Du fait du lien logique entre les harkis et la défense de l’Algérie française, le combat mémoriel des harkis est depuis longtemps l’apanage de la droite et de l’extrême droite. La communauté, estimée à près de 900 000 membres, représente par ailleurs un vivier électoral pour ce camp politique. Jean-Marie Le Pen déclarait ainsi encore en 2016 que « les Harkis savent que depuis 1962, le premier et pratiquement le seul à les avoir défendus a été Jean-Marie Le Pen président d’honneur du FN ». Du côté des Républicains, même son de cloche : en juillet dernier, une trentaine de députés LR adressaient une lettre à Macron, réclamant une indemnisation spéciale pour les harkis. Les membres de ces partis n’ont pas d’ailleurs pas traîné pour réagir au discours de Macron, Marine Le Pen dénonçant sur Twitter « la générosité électorale d’Emmanuel Macron », tandis que Bruno Retailleau, sénateur LR, a pointé « l’arrière-pensée électorale » du chef de l’État.

Personne n’est dupe, donc, quant à l’opération-séduction de l’électorat de droite menée par Macron, et ce, à sept mois des élections de 2022. La source de l’Élysée à l’Opinion le reconnaît d’ailleurs : « C’est un enjeu politique important à sept mois d’une présidentielle alors que personne imagine que le président Macron ne sera pas candidat. » En ce sens, ces annonces s’inscrivent dans la continuité des signaux envoyés par Macron à la droite ces dernières semaines, à l’image des investissements annoncés dans la police à Marseille ou du doublement des effectifs policiers sur le terrain d’ici 10 ans, promis à la sortie du Bauveau de la Sécurité la semaine dernière.


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Erell Bleuen

Twitter : @Erellux

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