L’enfance ne se touche pas, ne se brûle pas, ne se viole pas et ne se tue pas.
Pour la vie digne que nous désirons et que nous méritons.
Les citoyens guatémaltèques, les personnes solidaires de différentes nationalités, les associations, groupes et collectif installés en France, signons ce communiqué dans le but de faire connaître notre condamnation des faits qui se sont produits mercredi 8 mars dans le foyer pour mineurs « Hogar Seguro Virgen de la Asunción » au Guatemala. En effet, à la suite de la fugue de jeunes filles et garçons qui étaient hébergés dans ce foyer et qui contestaient les abus qu’ils y subissaient, un incendie est survenu dans le foyer laissant 52 jeunes filles brûlées vives parmi lesquelles on décompte pour l’instant 43 décès.
Ce foyer, inauguré en 2010, devait être un refuge pour les mineurs vulnérables tels que les bébés abandonnés, les enfants rescapés victimes de violences physiques, psychologiques et sexuelles, les enfants avec des problèmes d’addictions aux drogues, les enfants ayant purgé des peines de prison sans domicile à leur sortie, les enfants légèrement handicapés mentalement, les enfants des rues et les enfants victimes de tout type d’exploitation et de la traite d’enfants.
Ces enfants dénonçaient depuis 2014, les conditions inhumaines dans lesquelles ils vivaient en raison de l’insuffisance des infrastructures, d’une mauvaise alimentation, par le manque de soins médicaux, l’emprisonnement, la torture, le viol, physique et psychologique , la prostitution, les cas de grossesse forcée et la traite. Malgré cela, loin de garantir les droits et la protection de ces jeunes, l’Etat guatémaltèque est devenu complice de cette tragédie en ignorant les plaintes réitérées de jeunes de ce foyer et les recommandations du Bureau du Procureur des Droits Humains (Procuradoria de Derechos Humanos –PDH–) et du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance -UNICEF- qui avaient déjà conseillé la fermeture de cet abri pour mineurs du fait de leur manque de moyens pour les accueillir et protéger les enfants et les adolescents victimes de mauvais traitements.
Compte tenu de ce qui précède, en ce jour funeste, nous souhaitons :
EXPRIMER :
– L’indignation que nous ressentons face à l’incapacité de l’État, qui est demeuré silencieux et sans réponse malgré les nombreuses plaintes qui dénonçaient la traite des enfants, les viols et les grossesses d’adolescentes qui étaient sous leur responsabilité. Et nous exprimons notre inquiétude face au mépris de la part des autorités guatémaltèques qui ont choisi de se taire malgré les appels au respect des Droits Humains faits par le Procureur des Droits Humains
(PDH) et l’UNICEF.
– L’indignation que nous ressentons face à l’incompétence de l’Etat pour remplir son rôle de garant du développement et du bien-être de sa population en n’ayant pas développé et mis en œuvre une politique publique cohérente pour assurer que ce centre soit un espace de protection et d’amour, et non un enfer pour les plus de quarante filles et les adolescents qui ont péri et d’autres qui ont été gravement brûlés et sont en danger de mort.
– Que nous condamnons ce crime odieux qui pourrait éventuellement être considéré par la justice comme Féminicide Institutionnel, du fait de la négligence de la part des agents de l’État. Ceux-ci, au lieu de protéger et de garantir des conditions de vie décentes à ces jeunes filles et adolescentes, au contraire, les ont maltraité et ont violé nombre de leurs droits fondamentaux. Et dans ce cas en particulier, ils ont utilisé des mesures extrêmes pour faire taire les voix de ces jeunes.
− Que ce crime n’est pas un événement fortuit, mais au contraire est le résultat des nombreuses déficiences structurelles au niveau de nos institutions, du manque d’intérêt véritable de nos autorités concernant le développement et le bien-être de ses concitoyens. Cette tragédie nous invite à nous interroger sur notre rôle en tant que citoyens au sein d’un Etat dysfonctionnel dans bon nombre de ses attributions et nous invite à réfléchir sur les mécanismes que nous devons développer et les façons dont nous devons nous organiser pour assurer son bon fonctionnement et veiller à ce que de tels événements ne se reproduisent
plus jamais.
NOUS ENCOURAGEONS :
Le reste de nos compatriotes et les organisations nationales et internationales à rester vigilants, à remplir notre rôle d’observateurs, à effectuer un contrôle citoyen sur toutes les actions exécutées par notre gouvernement et à exiger que celles-ci soient orientées au profit de la société guatémaltèque.
NOUS EXIGEONS :
sérieux et de professionnalisme.
de protocoles et de procédures pour permettre la réintégration tant des enfants victimes que des enfants ayant eu des soucis avec la loi et que ces mesures soient adaptées aux défis et aux besoins de chacun.
Afin de montrer notre solidarité avec les familles affectées, nous vous invitons à vous manifester de toutes les formes possibles ;
A adhérer au présent communiqué pour vous unir à notre réprobation de cet événement ;
Nous invitons tous les guatémaltèques à Paris et toute personne qui souhaiterait nous rejoindre dans un rassemblement à Paris, au parvis des droits de l’homme place du Trocadéro ce dimanche 19 mars à 15h et à Toulouse au Capitole.
Nous nous invitons à participer en vous habillant en noir et en préparant une pancarte avec vos revendications.
Agrupación Chapines en París
Collectif Guatemala Paris
Collectif Solidarité avec le Guatemala à Toulouse
Alerta Feminista
Paris, 16 mars 2017