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6 ans après l’assassinat de Clément Méric, son combat est plus que jamais d’actualité

Le 5 juin 2013 à Paris, Clément Méric est assassiné par des skinheads néo-nazis parce qu'il est, parmi beaucoup d'autres choses, militant antifasciste. Il est alors âgé de 19 ans. 6 ans plus tard, alors que la justice bourgeoise rechigne toujours à reconnaître les faits, nous tenons à lui rendre hommage et à rappeler son combat qui est encore et toujours d'actualité - et plus que jamais dans la période politique actuelle.

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Originaire de Brest où il militait déjà depuis l’âge de 15 ans dans le milieu antifasciste, Clément venait au moment des faits de passer sa première année d’études à Sciences Po Paris et de militantisme au sein de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue et de Solidaires Étudiant.e.s. Il était de celles et ceux qui refusent l’ordre établi, résolu à se battre corps et âme contre les tenants d’un ordre raciste, sexiste et xénophobe. Il était de celles et ceux qui, étrangers aux principes bourgeois d’une République française prétendument "indivisible", reconnaissent la réalité des divisions qui traversent la société et choisissent alors le camp des opprimé-es, « auprès des migrants qui sont traqués et chassés par les forces de l’ordre, avec les collectifs de quartiers populaires qui s’organisent pour exiger la vérité et la justice pour tous les jeunes brutalisés par la police, et contre toutes les formes d’oppressions et de discriminations »] commele rappelle Action Antifasciste Paris Banlieue.

Ce sont les raisons pour lesquelles des membres du groupuscule d’extrême droite "Troisième voie", croisés par hasard dans la ville, ont jugé bon de le rouer de coups de poings américains en plein visage, provoquant sa mort. Aujourd’hui, l’assassin de Clément est libre et le procès en appel aura lieu en décembre, bien que les camarades de Clément n’attendent rien d’un énième simulacre de justice qui se profile : « À nouveau, nous affirmerons que nous n’attendons rien des tribunaux, qui n’ont jamais été et ne seront jamais des endroits où se traduit véritablement la justice, tout comme nous luttons contre la prison, car tous ces lieux jouent des rôles fondamentaux dans le système que nous combattons. »

Loin d’être une simple bagarre entre deux groupes rivaux qui aurait mal tourné, comme tentent encore de le faire croire un certain nombre de médias, il s’agit bien ici d’un assassinat qui revêt un caractère éminemment politique : celui de l’opposition entre deux idéologies irréconciliables, défendant in fine les intérêts antagonistes de deux classes irréconciliables. Car l’extrême droite, malgré tous ses efforts marketing, n’a rien d’une "troisième voie" : à l’image de ce que sont aujourd’hui le Rassemblement National (RN) et les divers groupuscules qui le soutiennent et fournissent par ailleurs jusque dans ses plus hauts rangs de bureaucrates, celles et ceux qui défendent une politique raciste/sexiste/xénophobe/LGBTQIphobe/... Ils défendent en réalité, du même coup et quoiqu’ils en disent, l’exploitation d’une classe travailleuse, toujours plus féminisée et racisée, diversifiée, par une classe bourgeoise toujours plus homogène en termes de genre/race/etc.

En cela, dans les faits, ils ne se distinguent pas tant de LREM ni de ses prédécesseurs au gouvernement, qui parviennent pourtant à se faire passer pour les remparts contre l’extrême droite tout en menant des politiques d’État toujours plus oppressives notamment envers les femmes, les exilés, les habitants des quartiers populaires et bien sur les militants, avec une violence révélée à toutes et tous depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. Comme l’ont récemment montré les résultats des élections européennes et notamment les glissements de voies de la droite vers l’extrême droite, « certaines digues sont en train de sauter, rendant la séparation entre droite et extrême droite de moins en moins hermétique. »comme nous l’analysions ici. 

Ainsi, contre la récupération de la mort de Clément Méric par les partis de droite, voire certains partis de gauche qui voudraient en faire un symbole contre une « extrême droite » qui leur serait totalement extérieure, il s’agit de considérer que les ennemis de notre camp social, à des degrés divers, ne sont pas seulement dans des groupuscules de rue mais aussi dans des partis qui sont aujourd’hui majoritaires et dans leur électorat, dans l’État et l’idéologie bourgeoise que ce dernier s’applique à perpétuer et qu’il est nécessaire de combattre politiquement - dans la continuité du combat anti-fasciste qu’a mené Clément au prix de sa vie.


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