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630.000 chômeurs en plus depuis 2012 : comment en finir avec le chômage de masse ?

Romain Baron Suite aux chiffres de l’INSEE relatifs à la situation économique et sociale en France publiés fin février, François Rebsamen, ministre du Travail, s’était félicité d’une inflexion de la courbe du chômage, vantant déjà comme il se doit les effets bénéfiques à venir de la « reprise ». Les statistiques de l’emploi publiées le mercredi 24 juin par l’INSEE font apparaître, au contraire, une hausse substantielle du chômage en mai, avec une augmentation de 0,5% par rapport à avril. Le cap des 6 millions d'inscrits à Pôle Emploi est maintenant dépassé dans l’hexagone, portant à 630000 le nombres de chômeurs supplémentaires depuis qu’Hollande a été élu président il y a 3 ans.

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Plus de 10% de chômeurs en France, dont 630.000 supplémentaires sous la présidence de Hollande

3.552.200 chômeurs enregistrés : c’est le chiffre annoncé ce 24 juin 2015, avec une progression de 16.200 personnes supplémentaires sans travail sur le mois de mai. Autant dire que l’inversion de la courbe du chômage promise systématiquement par Hollande, Valls, Macron, Rebsamen et consorts est toujours dans les limbes.

La collecte des données semble avoir été perturbée, amenant le ministère et Pôle Emploi à présenter des chiffres distincts. De ce fait, Rebsamen s’est empressé de relativiser les résultats, insistant dans son communiqué de mercredi sur « la tendance mieux orientée de l’économie et l’amélioration progressive de l’emploi », prétextant des déclarations d’embauche en hausse, s’appuyant sur différents économistes et l’UNEDIC selon lesquelles le recul du chômage devrait commencer « à partir du milieu de 2015 ». Ces mêmes économistes qui glosent sur la dépréciation de l’euro favorisant les exportations, la baisse du prix du pétrole, les effets à venir des allégements des prélèvements sur les entreprises grâce au crédit d’impôt compétitivité-emploi, au Pacte de Responsabilité, Valls jurant de son côté que la reprise viendra des TPE-PME, Loi Macron II à l’appui. Enfin, Rebsamen a invoqué le redressement du travail intérimaire pour justifier son optimisme. Mais il ne se contente évidemment pas de se satisfaire de l’augmentation du sous-emploi ou des contrats précaires, lui et son gouvernement y contribuent activement : s’acharnant chaque jour à abattre le CDI et le code du travail, à licencier à tour de bras les intérimaires et épuiser ceux qui restent, multipliant les burn out, par exemple dans l’automobile comme à PSA. On ne s’étonnera donc pas que le gouvernement soutienne les prétendues « solutions » du patronat puisqu’il est le premier à relayer ses injonctions.

Comment lutter contre le chômage de masse ?

Pourtant la réalité est têtue : le nombre de chômeurs en France atteint un seuil inégalé, dépassant les 10% de la population active, y compris selon la définition du BIT, la structure et les singularités du marché du travail français ne permettant de toutes façons pas, pour d’autres analystes, d’espérer un quelconque véritable redémarrage de l’emploi d’ici à 2017. Du reste, l’entourage du ministre lui-même ne fait pas semblant : « On s’attendait même à une baisse ce mois-ci, ou au pire à une stabilisation » a avoué l’un de ses proches.

En résumé, si la croissance économique enregistrée en France s’élevait à + 0,6% au premier trimestre de 2015, résultat au-dessus de la moyenne de la zone euro, ce n’est évidemment pas aux travailleurs qu’elle profite, au contraire, la « lutte contre le chômage », pour le gouvernement et les patrons, empruntant toujours plus que jamais la même voie : l’abaissement du coût du travail par la précarisation et la surexploitation. Mais de toute façon, non seulement les prévisions même les plus optimistes disent, à l’image des Echos le 19 juin, que nous sommes face à « un océan qui ne sevidera qu’au compte-gouttes », mais surtout, tout le monde sait que ces prévisions n’ont absolument rien de certain. En résumé, la seule prévision réellement lucide, c’est la poursuite du rouleau compresseur, des laissés-pour-compte toujours plus nombreux, avec des conditions d’existence de plus en plus misérables. A moins que les travailleurs ne lui barrent la route.

Partage du travail, baisse du temps de travail et maintien des salaires !

En effet, c’est contre cette offensive de précarisation, mais aussi de destruction totale ou même seulement partielle des 35h, que s’emploient de façon emblématique ces derniers temps les grévistes de l’APHP en région parisienne, comme le résume clairement leur slogan « A l’hôpital il y a trop de travail, à l’extérieur il y a trop de chômeurs, embauchez les chômeurs ! », et leur bataille, contre la ministre Marisol Touraine et son soldat Hirsch,pour des embauches de personnels, ce pour quoi ils ont à nouveau manifesté ce jeudi 25 juin. Leur combat montre la voie à suivre : non seulement ils ont poussé Hirsch, d’abord droit dans ses bottes, à devoir changer de tactique pour sauver sa tête,mais plus profondément, ils montrent que, pour contrer le chômage de masse et garantir des conditions d’existence dignes, il n’y a en réalité qu’une seule solution viable : baisser le temps de travail, partager et répartir le travail existant entre les travailleurs en capacité d’exercer, tout en maintenant les salaires, et en les indexant sur les prix.

Bien sûr, patrons et gouvernants crieront au scandale, et clameront, comme Thatcher en son temps, qu’ « il n’y a pas d’alternative », que tout cela est impossible ! Pourtant, quand il s’agit de renflouer les banques, de réduire drastiquement les prélèvements obligatoires des entreprises, ou de laisser les grands groupes rémunérer leurs dirigeants par des sommes absolument démentielles, on voit bien qu’il y a de l’argent, et que beaucoup de choses sont bel et bien réalisables. Bref, tout est possible du côté des patrons, mais ne l’est jamais du côté de ceux qui triment. Sauf quand ceux-ci entrent en lutte, sans compromission, et construisent ces rapport de forces suffisants qui finissent toujours par démontrer qu’à l’impossible nul n’est tenu. Et c’est en menant ce genre de combat que chacun comprendra que seule la liquidation du capitalisme pourra, à terme, permettre d’organiser et de partager rationnellement le travail, en l’ordonnant à la satisfaction des besoins sociaux, et à rien d’autre. C’est non seulement possible, mais surtout, c’est la seule solution pour éviter la décomposition du prolétariat, qui est la seule et unique classe progressiste de la société. Ce sera eux ou nous, il n’y aura pas de raccourcis.


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