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Edito

7 mars : une occasion historique, il faut une grève reconductible large pour gagner et passer à l’offensive !

Le 7 mars s’annonce d’ores et déjà comme une journée de mobilisation historique face au gouvernement. Mais pour gagner, il faudra une grève reconductible large, qui rompe avec la stratégie adoptée jusqu’ici par l’intersyndicale. Une perspective qu’il faudra leur imposer, tout en la construisant dès maintenant à la base.

Paul Morao

4 mars 2023

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Crédits photo : Dorian M

« Mettre le pays à l’arrêt, c’est prendre le risque d’une catastrophe écologique agricole sanitaire voire humaine dans quelques mois. » Aussi délirants qu’ils soient, les propos apocalyptiques de Olivier Véran ce mercredi disent quelque chose de la fébrilité du gouvernement à quelques jours du 7 mars. Après cinq journées de mobilisation interprofessionnelle massives depuis le 19 janvier, cette journée de rentrée s’annonce en effet d’ores et déjà historique.

Alors que les directions syndicales ont appelé depuis le 11 février dernier à « mettre la France à l’arrêt » à cette date, de nombreux travailleurs y voient une opportunité de durcir le rapport de forces avec le gouvernement. Ce mardi, il faudra donc se mobiliser de façon très importante dans les entreprises et lieux d’études, par la grève et la manifestation. Cependant, pour gagner, cette journée devra être le début d’une grève reconductible large, mobilisant l’ensemble des secteurs du monde du travail.

Mettre la France à l’arrêt… seulement 24h ?

Or, si les directions syndicales ont réitéré ce jeudi leur appel à mettre le pays à l’arrêt le 7 mars, elles ont aussi souligné qu’il s’agissait pour elles d’une perspective limitée à une journée. « L’intersyndicale n’est pas sur la grève reconductible », a ainsi expliqué Marylise Léon, secrétaire adjointe de la CFDT, en conférence de presse.

Du côté de la CGT, Philippe Martinez continue de botter en touche. Si le dirigeant confédéral évoquait en début de semaine la perspective de « grèves reconductibles partout », il a précisé que celles-ci se feraient « sous des formes diverses », expliquant : « il ne faut pas limiter la notion de reconduction à 24 heures (…). Faire deux heures de grève dans une entreprise privée industrielle est une action très importante. Et je fais confiance à l’imagination des salariés pour pouvoir agir de la façon qu’ils souhaitent, mais tous les jours, de façon reconductible ». Une façon de noyer le poisson, et de refuser tout appel clair à un véritable mouvement de grève reconductible.

À quelques jours du 7 mars, l’intersyndicale converge dans un même refus d’appeler à la reconductible. « On reste très clair dans l’intersyndicale : ce n’est pas nous qui déciderons d’un point de vue national de ce type de mouvement », déclarait Marylise Léon jeudi, reprenant mot pour mot la rhétorique qu’employait Philippe Martinez le 11 février dernier sur le même sujet.

Il faut un appel clair à la grève reconductible !

Le discours de l’intersyndicale dessine ainsi une volonté de poursuivre la stratégie de pression qui a été mise en échec depuis le 19 janvier. Si les espoirs placés dans le Sénat sont formulés moins explicitement ces derniers jours, à l’heure où celui-ci affiche une volonté claire de durcir le texte, les directions syndicales maintiennent ainsi un refus de construire un rapport de forces par la grève.

Expression maximale de cette logique inchangée malgré un durcissement du ton : la possibilité d’une mobilisation le samedi 11 mars, dans la continuité de celle du 11 février dernier, serait discutée sérieusement ces derniers jours dans l’intersyndicale. Une date que l’intersyndicale a nié avoir tranché pour le moment, mais qui s’inscrirait à rebours de l’enjeu d’un véritable blocage du pays.

Alors que de nombreux secteurs, parmi lesquels cinq fédérations CGT, des cheminots à la FNIC en passant par les dockers, les énergéticiens et les verriers et céramistes, l’intersyndicale RATP et l’ensemble des syndicats de la SNCF y compris la CFDT Cheminot, appellent à la grève reconductible dès le 7 mars et que le gouvernement reste inflexible, c’est dans cette voie qu’il faut s’engager. L’intersyndicale doit formuler en ce sens un appel clair à la grève reconductible, et mettre tous les moyens à sa disposition au service de cette perspective !

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Construire un mouvement reconductible large à la base

Une grève reconductible à partir du 7 mars dans les secteurs stratégiques, des raffineurs aux cheminots en passant par les traminots, serait un point d’appui important pour la suite du mouvement, et montrer la voie à l’ensemble du mouvement ouvrier. Pour que cette dynamique s’ancre, ces secteurs doivent reprendre confiance dans leurs forces et dépasser l’expérience des mouvements de 2010, 2016 ou 2019, marquées par leur isolement en reconductible du fait de la politique des directions syndicales.

Tirer jusqu’au bout le bilan de ces expériences implique de chercher à développer l’auto-organisation, en assemblées générales et interpros, pour prendre en main le mouvement à la base, mais aussi lui permettre de s’élargir. Les secteurs stratégiques ont en effet un rôle fondamental à jouer pour étendre la grève reconductible à l’ensemble des secteurs du monde du travail. Sous-traitants, intérimaires, travailleurs de la logistique, de l’industrie, des PME : ces secteurs doivent rejoindre la bataille en reconductible pour gagner contre Macron, mais pour les convaincre il faudra aller les chercher, comme ont commencé à le faire certains travailleurs, à l’image des raffineurs de Normandie.

Un tel élargissement implique par ailleurs de défendre un programme qui aille au-delà du retrait de la réforme des retraites. Alors qu’un bond des prix de l’alimentaire se prépare dans les semaines qui viennent, les grèves pour les salaires se multiplient ces dernières semaines, à Safran, PSA, chez Véolia Eau, aux postes d’aiguillages du Bourget et de Paris Nord ou chez Dassault à Mérignac. Des mouvements qui n’hésitent pas à lier leurs revendications à la bataille en cours, comme à Sète, où les éboueurs de Nicollin ont décidé de se mettre en grève illimitée à partir du 7 mars pour une retraite à 60 ans à taux plein et des revalorisations salariales, où à Transdev Roissy, où les travailleurs ont voté 48h de grève le 7 mars pour les retraites et 300€ d’augmentation.

Ces mobilisations témoignent d’une aspiration à la base à lier la bataille des retraites et la lutte pour les salaires et à construire un mouvement qui dépasse le cadre étroitement revendicatif actuel. Des tendances dont témoignaient de nombreux militants ouvriers lors de la réunion du Réseau pour la grève générale organisée ce jeudi 2 mars. Le 8 mars offre une opportunité exceptionnelle d’ouvrir à large échelle cette discussion, en confrontant la mobilisation en cours à la situation de celles qui sont déjà condamnées à des retraites de misère.

Une perspective qui implique de travailler à une large reconduction le 7 mars, pour faire de cette date le début d’une grève générale politique contre la réforme de Macron et son monde.


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