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Casse de l’hôpital

75 services en grève : l’Inter-urgences appelle à une manifestation nationale le 6 juin

Deux mois après le début du mouvement en région parisienne, la mobilisation des services d’urgence ne cesse de s’étendre. Le collectif inter-urgences qui structure le mouvement à l’échelle nationale appelle à manifester le jeudi 6 juin, et une grève est appelée le 11 juin par quatre syndicats.

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Le mouvement s’étend et se durcit

De semaines en semaines, la mobilisation des urgentistes, débutée le 18 mars à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, continue à s’étendre. À l’origine du mouvement à Saint-Antoine, l’agression de trois soignantes aux Urgences, après laquelle la direction de l’hôpital refuse de porter plainte. Suite à cet incident, les travailleuses et travailleurs de Saint-Antoine contactent d’autres services d’urgence. Les personnels soignants décident de se mettre en grève pour leurs conditions de travail et les conditions de soin des patients, toujours plus dégradées au fil des réformes et des coupes budgétaires. Depuis, ce sont 75 services d’urgence qui ont rejoint la mobilisation partout en France.

Encore en ce début de semaine ce sont au moins deux nouveaux services d’urgence qui sont entrés en grève. A Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, trois syndicats ont appelé à une grève illimitée à partir du lundi 3 juin pour l’ensemble des personnels des services d’urgence. Ils revendiquent la création de postes, dans un contexte où le nombre de personnes passant chaque jour par les urgences a doublé en 20 ans : 16 infirmiers équivalents temps pleins, 6 ambulanciers, et 6 aide-soignants équivalent temps plein.

A Avignon également, une grève illimitée a débuté à partir du lundi 3 juin, pour laquelle les trois organisations syndicales (CFDT, CGT, FO) ont déposé un préavis illimité.

A Chambéry, les personnels des urgences du centre hospitalier Chambéry-Aix se sont mobilisés hier, mardi 4 juin, journée de grève. Ils avaient déjà effectué une journée d’action le 28 mai. Comme leurs collègues, ils dénoncent les conditions de travail insoutenables, les violences, et les injonctions à la rentabilité qui régissent désormais l’hôpital public.

Le collectif inter-urgences a aussi été rejoint ces derniers jours par les urgentistes du centre hospitalier de Château-Gontier-sur-Mayenne.

Réquisitions des personnels en arrêt maladie avec l’aide des forces de l’ordre

La situation est telle que dans plusieurs hôpitaux les soignants entrent massivement en arrêt maladie. A Lons-le-Saunier, 70 % des personnels paramédicaux sont en arrêt, ainsi que 8 médecins sur 15, comme le rapporte Médiapart. Dans une situation de détresse et d’épuisement intense, les soignants ne sont plus en état physique et psychique d’effectuer leur travail sans risque pour eux ou leurs patients. Une infirmière des urgences de Lons-le-Saunier, témoigne ainsi dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux : « Aujourd’hui je suis triste j’ai la boule au ventre je sais que le service où je travaille est sens dessus dessous, que les patients attendent des heures. Je ne sais plus quoi faire je ne peux plus travailler dans ces conditions. Mes collègues sont comme moi en arrêt en grève on n’en peut plus. On ne vous a pas laissé tomber, on essaie de se battre pour vous, nos patients. […] Ce travail je l’ai choisi par vocation je voulais prendre soin des gens je voulais être à côté d’eux leur tenir la main mais ce travail il n’a plus rien d’humain. On ne peut plus travailler dans ces conditions nous sommes au bord de la dépression. »

Alors que dans le milieu hospitalier les grévistes sont systématiquement réquisitionnés afin d’assurer les soins, la direction est allée cette fois-ci jusqu’à réquisitionner les soignants en arrêt maladie, donnant lieu à des situations particulièrement violentes. Pour les remettre au travail, ils ont ainsi fait appel aux forces de l’ordre, qui se sont rendues au domicile des soignants en arrêt, parfois en pleine nuit, pour leur remettre leur avis de réquisition. Une infirmière interviewée par Médiapart témoigne avoir été réveillée à 00h45 alors qu’elle et ses enfants dormaient, pour aller travailler le lendemain à 7h15 : « Mes enfants ont été réveillés, j’ai eu du mal à les rendormir, et moi je n’ai pas pu trouver le sommeil. J’étais en larmes, paniquée, en colère. La journée de travail a été terrible : le matin, il y avait une vingtaine de patients en attente d’un lit, pas de médecins, des internes désemparés. J’ai fini la journée en pleurs. Je travaille depuis onze ans aux urgences, je n’ai jamais été dans cet état. Je suis nerveusement épuisée. Je suis à mon tour allée voir mon médecin pour me faire arrêter. Et en rentrant chez moi, j’ai trouvé les gendarmes, avec une nouvelle réquisition pour le lendemain matin. »

À l’hôpital Lariboisière, dans le Xème arrondissement de Paris, le personnel a décidé de se mettre en arrêt maladie dans la nuit de lundi à mardi, intensifiant ainsi le rapport de force avec le gouvernement. La ministre de la santé Agnès Buzyn, interviewée mardi matin sur France Inter, pourtant responsable au premier chef de ce désastre social, a déploré le mouvement de grève et a dénoncé cyniquement « la surcharge de travail » causée par les grévistes pour leurs collègues (sic).

Mobilisation nationale le 6 juin et grève le 11

Ce mouvement de grève, d’une ampleur inédite, se structure depuis plusieurs mois autour du « Collectif inter-urgences », à l’initiative d’un certain nombre d’actions qui ont pour but de visibiliser la grève. Le samedi 25 mai, une assemblée générale de l’inter-urgences était organisée à Paris, visant à coordonner l’action des différents services d’urgence en grève et d’officialiser la création du collectif.

Au cours de cette assemblée, ayant réuni environ 150 grévistes de 65 services d’urgence, a été voté de faire du 6 juin une journée de mobilisation nationale, dans un contexte où le gouvernement n’a pour l’instant pas fait la moindre concession et reste dans un silence presque total sur le mouvement.

Pour augmenter le rapport de forces, le collectif appelle l’ensemble des paramédicaux et médicaux des services d’urgence, ainsi que les patients, les étudiants, les hospitaliers et les soutiens, à se joindre à la manifestation.

Crédit photo : Kenzo Tribouillard, AFP.


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