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Femmes, hommes, rejoignons la grève internationale des femmes

8 mars. A nos camarades hommes en cette journée de lutte pour les droits des femmes

Andrea d’Atri, une des dirigeantes du PTS (le parti des travailleurs socialistes) en Argentine et fondatrice du collectif Pan Y Rosas (Du pain et des roses) en 2003, a écrit un texte lors d’une manifestation du mouvement « Ni Una Menos » contre les féminicides et les violences machistes en octobre-novembre dernier. Un texte qui s'adresse aux camarades hommes qui militent aux côtés des femmes. Nous publions ce texte ci-dessous en cette journée du 8 mars où les femmes et personnes LGBTI du monde entier sont appelées à descendre dans la rue pour lutter pour leurs droits. Dans plusieurs pays, il y a eu des appels à la grève pour que les femmes puissent arrêter de travailler et prendre la rue, des appels à la grève pour que les hommes eux aussi manifestent le 8 mars aux côtés des femmes. Que ceux qui ont choisi de se battre pour l’émancipation des femmes et d’abandonner leurs privilèges patriarcaux descendent également dans la rue. Dans ce texte, Andrea D’atri, militante féministe et révolutionnaire rappelle comment la lutte pour la construction d’une révolution socialiste internationale, réalisée par une classe ouvrière composée d’hommes et de femmes, ne se fera que si les hommes s’allient aux femmes de cette même classe. Eux qui ont les mêmes intérêts à renverser le système capitaliste qui les exploite et les opprime, à renverser le capitalisme et par là-même abolir le patriarcat avec lequel le capitalisme se marie si bien. Celles et ceux qui ont pour horizon une société sans classes, sans oppressions, et d’œuvrer à nous libérer, tous et toutes, des chaînes que nous avons dans les têtes. Et tout cela est à construire dès aujourd’hui, jour après jour, aujourd’hui dans la rue aux quatre coins du monde et demain dans l’ensemble de nos luttes, de nos grèves, de nos organisations, de nos lieux de travail et de nos foyers

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A ces hommes qui ne nous frappent pas, qui ne nous violent pas, qui ne nous tuent pas. A ceux qui lavent leur linge et nettoient leurs saletés, qui participent aux tâches de la vie quotidienne. A ceux qui ne nous offrent pas des fleurs le 8 mars ou des chocolats ou du parfum. Vous qui reconnaissez que c’est une journée de lutte pour les droits des femmes et que nous sommes camarades. A ceux qui ont choisi consciemment d’abandonner leurs privilèges patriarcaux pour s’engager, avec nous, dans la lutte pour une société libérée de toutes les chaînes de l’exploitation et de l’oppression.

A ceux qui, malgré tout cela, contrôlent la durée de nos liens, établissent unilatéralement quand nous devons être disponibles ; règlent la distance et l’apparition soudaine dictée par leurs désirs. A ceux qui, malgré tout cela, imposent leur silence et ainsi musèlent nos critiques. A ceux qui nous forcent à interpréter ces silences, à ressasser différentes hypothèses, puis finissent par nous dire que « nous faisons des histoires ».

A ceux qui nous imposent de ne pas nous rapprocher et ne pas leur demander d’être présents quand ils ne le veulent pas ; mais insistent pour qu’on abandonne notre mauvaise humeur et essayent de nous convaincre qu’il n’y a pas de raison à notre malaise, nous pressant d’accéder à leurs demandes, à leurs envies, quand ils le souhaitent. A ceux qui bénéficient de notre reconnaissance, car elle renforce leur estime de soi, mais sont incapables de reconnaître nos mérites, nos réalisations et nos contributions.

A ceux qui disent qu’ils veulent des liens égaux, mais quand ils voient se rompre l’équilibre habituellement toujours en leur faveur, ne cherchent pas à enrichir les liens mais disent avoir « besoin de temps ». A ceux que jamais nous ne considérerions comme des « comploteurs » quand ils sont avec leurs amis, mais qui nous définissent – avec humour – comme des « conspiratrices », des « sorcières », quand nous sommes avec nos amies. A ceux qui nous encouragent à militer pour nos droits, mais qui encouragent la compétition entre les femmes, pour leur propre amour. A ceux qui voudrait que nous soyons amies avec leurs amies, mais qui refusent de nouer un lien avec nos amis.

A ceux pour qui une femme qui hausse la voix ou qui parle fort pour se faire entendre leur apparaît comme une personne « très subjective », mais pour qui un homme qui parle fort est un homme avec « une personnalité forte ». A ceux qui trouvent les femmes charmantes, intéressantes et attractives, tant qu’elles se laissent séduire, mais leur paraissent aussitôt moins dignes d’intérêt quand l’ont réussi. A ceux qui se nourrissent de nos réflexions profondes, de notre démarche politique, de nos affects, pour se renforcer, grandir, s’enrichir spirituellement, mais à qui ça coûte de reconnaître ce temps et cet investissement que les femmes leur ont donné.

A ceux qui, après s’être enrichis, peuvent rompre les liens dans un total égoïsme et sans se sentir obligé de donner des explications. A ceux qui considèrent que nous devons sacrifier nos désirs sexuels pour leur amitié, mais ne pourront jamais devenir nos amis s’ils nous désirent sexuellement et que cela n’est pas réciproque. A ceux qui évitent d’être sexistes avec nous, mais restent silencieux et inactifs devant le sexisme de leurs pairs. A ceux qui, comme nous, ont des milliers de contradictions entre ce qu’ils pensent, ce qu’ils désirent, ce qu’ils font et ce qu’ils ressentent, mais qui, à l’inverse de nous, préfèrent cacher ces contradictions, et que ça dérangent si une femme a le malheur de leur faire remarquer.

C’est un jour de lutte partagée pour nos droits avec beaucoup d’entre vous. Pour nos droits, qui commencent aussi quand chacun d’entre vous consciemment se débarrasse un peu de vos privilèges.

On y va ?

Andrea D’Atri.

A los hombres que no nos golpean, no nos violan, no nos matan. A los que lavan su ropa y limpian su suciedad, a los que comparten igualitariamente las tareas de la vida cotidiana. A los que no nos regalan flores el 8 de marzo, ni bombones ni perfumes, sino que nos saludan reconociendo que es un día de lucha y que somos compañeras. A los que concientemente eligieron renunciar a sus privilegios patriarcales para emprender, en común con nosotras, la lucha por una sociedad liberada de todas las cadenas de la explotación y la opresión.

A los que a pesar de todo eso, controlan el tiempo en los vínculos, estableciendo unilateralmente cuándo tenemos que estar disponibles, mediante el distanciamiento y la aparición repentina dictadas por sus deseos. A los que imponen su silencio para que nosotras callemos nuestras críticas ; a los que nos obligan a interpretar esos silencios, elucubrando variadas hipótesis, para después decirnos que “hacemos rollo”

 ; a los que nos imponen que no nos acerquemos y no los requiramos cuando no lo desean, pero nos insisten en abandonar nuestro malhumor y tratan de convencernos de la falta de motivos para nuestro malestar, presionándonos para acceder a sus requerimientos cuando así lo quieren. A los que les beneficia nuestro reconocimiento, porque fortalece su autoestima, pero son incapaces de reconocer nuestros méritos, nuestros logros y nuestros aportes.

A los que dicen querer vínculos igualitarios pero cuando ven peligrar la relación de fuerzas a su favor, no buscan un cambio enriquecedor sino que imponen la necesidad de “tomarse un tiempo”. A los que ninguna de nosotras saludaría jamás con un “Hola, tribunal de inquisidores”, cuando se juntan con sus amigos, pero que nos definen humorísticamente como “brujas”, cuando estamos con nuestras amigas.

A los que nos alientan a militar por nuestros derechos, pero promueven que las mujeres compitan entre sí, por el amor de ellos. A los que nos quieren ver amigas de sus amigas, pero se niegan a establecer un vínculo afectivo con nuestros amigos.

A los que una mujer que debe apelar a levantar su voz o decir cosas fuertes para hacerse escuchar les parece una persona “muy subjetiva”, pero a los que los hombres que levantan su voz o dicen cosas fuertes les parecen tipos “con mucha personalidad”.A los que las mujeres les resultan encantadoras, interesantes y atractivas mientras estén dispuestas a ser seducidas, pero les resultan poco desafiantes y les hacen perder el interés cuando ya lo han logrado. A los que se nutren de nuestras reflexiones profundas, nuestras políticas personales, nuestro afecto, para fortalecerse, crecer, enriquecerse espiritualmente, pero les cuesta reconocer a las mujeres ese tiempo y dedicación invertida en ellos.

A los que después de nutrirse de este esfuerzo, pueden abandonar los vínculos con absoluto egoísmo y sin sentirse obligados a dar explicaciones. A los que consideran que tenemos que sacrificar nuestros deseos eróticos para ser sus amigas, pero jamás podrán establecer una amistad con nosotras si nos desean sexualmente y no son correspondidos. A los que evitan comportarse como machistas con nosotras, pero callan y jamás combaten activamente el machismo de sus pares. A los que, como también nosotras, tienen miles de contradicciones entre lo que desean, piensan, hacen y sienten pero que, a diferencia de nosotras, prefieren ocultar esas contradicciones y les molesta que se las señale una mujer.

Es un día de lucha compartido por nuestros derechos con muchos de ustedes. Por nuestros derechos, que empiezan también cuando cada uno de ustedes depone concientemente un pedacito de éstos, sus otros privilegios. ¿Vamos ?

Andrea D’Atri.


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