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A bas la réforme des retraites !

80.000 personnes à Toulouse : la colère contre la réforme des retraites s’inscrit dans la durée

Ce mardi 7 février, 80 000 personnes ont manifesté à Toulouse contre la réforme des retraites selon la CGT. Une nouvelle date massive qui témoigne d'une profonde colère. Les travailleurs ne sont pas prêts de lâcher l’affaire, il faut maintenant se poser la question partout des suites à donner à ce mouvement pour gagner.

8 février 2023

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Crédits photo : AFP/Charly Triballeau

Pour cette troisième journée de grève à l’appel de l’intersyndicale, 80 000 personnes ont défilé mardi à Toulouse selon la CGT. Autant que la semaine dernière et 30% de plus que sur la première date du 19. Après avoir fait le plein sur les allées séparant Saint-Cyprien et le pont des Catalans et alentours, le cortège s’est élancé un peu avant 11 heures, s’étirant au cours de la manifestation sur plusieurs kilomètres. 

Une nouvelle fois, c’est donc une mobilisation importante qui réunit à Toulouse aussi bien secteurs du privé et du public, ainsi que de nombreux étudiants et lycéens, contre la réforme des retraites. Dans les villes environnantes, la mobilisation reste également forte, avec plus de 10 000 personnes à Tarbes, 12 000 à Pamiers, 12 000 à Albi, 7 000 à Montauban. Alors que l’écart entre cette troisième date et la précédente est plus resserré que lors des deux premières, et qu’une autre journée de mobilisation est appelée samedi, le maintien de cette dynamique parle de lui-même : la colère agrégée autour de la réforme des retraites est partie pour s’inscrire dans la durée.

Dans le privé, parmi les cortèges d’entreprise se trouvaient notamment des boîtes de l’aéro : Liebherr, Safran, Thalès, Airbus Defense and Space. Une dynamique qui s’étend à d’autres plus petites entreprises de la sous-traitance, comme La Toulousaine. Une forte colère anime la base de ces secteurs, comme l’explique au micro de Révolution Permanente Marc de la CGT Safran Power Unit : « C’est une mobilisation exceptionnelle par rapport à tous les autres mouvements que j’ai vu depuis vingt ans. [...] D’habitude on a 5-10 personnes en manif, là il y a entre 50 et 70 personnes, sans compter les grévistes qui ne sont pas venus en manifestation. »

Dans ces secteurs, la question du lien entre les salaires et la bataille contre la réforme des retraites se pose avec d’autant plus d’acuité que nombre d’entre eux rentrent en NAO. « Nous on fait le lien entre les salaires et les retraites parce que évidemment si on a des augmentations de salaires suffisantes on verse des cotisations », témoignait ainsi Fabien de la CGT Thales Alenia Space, qui prévoit une journée de mobilisation sur les salaires ce jeudi. 

Dans les transports, Tisséo était présent ainsi que la SNCF. Le public réunissait également des cortèges importants chez les travailleurs de la santé, entre le CHU de Toulouse et l’hôpital Marchant ou de l’énergie. De nombreux cortèges d’établissements scolaires en lutte ponctuaient aussi la manifestation, avec entre autres le collège de l’Union, le lycée Saint Sernin ou encore le lycée Ozenne. L’enseignement supérieur était également présent, avec un cortège du personnel du Mirail, de Paul Sabatier mais également un important cortège de chercheurs précaires.

Après avoir bloqué dès 6 heures du matin la fac du Mirail, de nombreux étudiants se sont retrouvés dans le cortège jeunesse. Ce blocage a été voté la veille au cours d’une AG qui a réuni 300 étudiants et travailleurs du Mirail. Au sein de ce cortège jeunes particulièrement dynamique, des étudiants du Mirail, de Paul Sabatier et de l’UT1, mais également nombre de lycéens. Dans les slogans s’exprime une volonté de durcir le rapport de force au côté des travailleurs en grève, et de soutenir les secteurs qui reconduisent la grève à la date du 8. « Le 7 on est dans la rue, et le 8 on continue ! », explique ainsi Alberta, militante à Révolution Permanente et au Poing Levé, au sein du cortège jeunes, en annonçant une action de la jeunesse en soutien aux secteurs qui reconduisent.

Avant le départ de la manifestation, une action féministe menée par des travailleuses de différents secteurs dont la santé et l’éducation ainsi que des militantes et leurs soutiens s’est déroulée en tête de cortège. Une manière d’affirmer que ce combat est un combat féministe et que les travailleuses, aux pensions déjà inférieures de 40% en moyenne à celles des hommes seront parmi les premières touchées par l’attaque du gouvernement.

A lire : Sur France 2, Borne échoue encore à faire passer la pilule d’une réforme « favorable » aux femmes

Un cortège était également présent derrière une banderole « Sabotage des retraites, loi anti-immigration : même Macron, même combat » pour défendre une bataille groupée aussi bien contre l’offensive sur les retraites, que sur les attaques racistes du gouvernement. Comme nous le détaillions dans un précédent article, la réforme des retraites est en effet une attaque d’ampleur contre les secteurs les plus précarisés et exploités du monde du travail, en tête desquels les travailleurs étrangers et sans papiers. 

À la suite de la manifestation, une centaine de travailleurs de l’éducation de toute la ville et alentours se sont réunis au cours d’une AG commune de l’éducation. L’occasion de partager des analyses sur les dynamiques de la mobilisation et de discuter de la reconduction de la grève. La question de la construction d’une AG interprofessionnelle, indispensable à cette perspective, a également été mise sur la table alors que quelques travailleurs d’autres secteurs ont participé à l’AG. Pour pousser les discussions, l’AG Educ appelle tous les secteurs intéressés à se réunir le samedi 11 février à 18h30 au Hangar de la Cépière (Arènes) à l’issue de la journée de mobilisation appelée pour l’inter-syndicale pour de premières rencontres inter-profesionnelles. Ces rencontres seront suivies de la soirée de soutien à l’initiative de l’AG éducation, l’occasion de remplir une caisse de grève déterminante pour la suite du mouvement, et de tisser des liens non moins déterminants autour d’un verre.

Cette nouvelle date témoigne de la profonde colère agrégée autour de la réforme des retraites, et que celle-ci est partie pour s’exprimer dans la durée. Alors qu’après le samedi 11 février, l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée isolée le jeudi 16, face à un gouvernement bien déterminé à passer sa réforme, il est urgent de s’organiser à la base pour étendre et durcir le mouvement. À Toulouse, les perspectives posées par l’AG Educ, sont en ce sens une initiative dont il faut s’emparer !


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