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Surenchère sécuritaire

À Montpellier, la municipalité de gauche et Darmanin main dans la main pour mener l’offensive sécuritaire

Gérald Darmanin a annoncé ce mercredi l’envoi d’une demi-compagnie de CRS dans le centre-ville de Montpellier du jeudi au samedi. Une offensive sécuritaire et répressive honteuse à laquelle participent le maire PS et la députée insoumise Muriel Ressiguier venus quémander avec d’autres parlementaires locaux LREM et LR plus de flics dans le bureau du ministre.

Flo Balletti

1er octobre 2020

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Crédits photo : Midi Libre / François Barrere

Alors que le taux de chômage et la précarité dans la jeunesse augmentent (le dernier exemple en date, tragique, est le suicide sur fond de précarité et de transphobie de l’étudiante Doona, 19 ans à la gare de Montpellier), que les plans sociaux se multiplient (à l’image localement l’Orchestra situé à St Aunès où 431 emplois sont sur la sellette), le maire de Montpellier Michael Delafosse et huit parlementaires locaux, dont Muriel Ressiguier (LFI) n’ont en tête qu’une chose : augmenter l’arsenal répressif de Montpellier. Une position politique scandaleuse participant de fait à la militarisation de la ville et faisant le jeu du gouvernement et de sa surenchère sécuritaire, éclipsant au passage les enjeux économiques et sociaux exacerbés par la crise.

Le sens du timing en pleine surenchère sécuritaire du gouvernement

Du pain béni pour le gouvernement et son ministre de l’intérieur qui n’ont eu de cesse de mettre à l’agenda la question sécuritaire, distillant le poison du racisme et de la peur face à un supposé « ensauvagement ». Projet de loi sur le « séparatisme », mise en place des points mensuels sur les chiffres de la délinquance ou encore développement de la « lutte contre les stupéfiants », tout y est passé pour évincer les enjeux économiques et sociaux de la période sur fond de crise économique et sanitaire, faire oublier les milliards supplémentaires accordés au patronat et mieux ouvrir la voie à un durcissement répressif et avancer sur les plate-bande de la droite et l’extrême-droite en vue de 2022.

Après avoir reçu la semaine dernière le maire LR de Nîmes, Jean-Paul Fournier et 2 députés, pour évoquer « l’insécurité » dans la métropole gardoise, Gérald Darmanin a donc accueilli à bras ouverts ce lundi, place Beauvau, le maire PS de Montpellier et président de la métropole Michaël Delafosse et 8 parlementaires, faisant suite à leur demande visant notamment à augmenter les effectifs de la police nationale.
Dans un courrier nauséabond adressé au ministre de l’intérieur, le 21 août dernier, les mêmes élus estiment les effectifs de police « insuffisants au regard de l’accroissement de la population sans précédent et sans équivalent. » A les entendre, il deviendrait dangereux de mettre ne serait-ce qu’un orteil dans le centre-ville : « M. le ministre, nous nous permettons de vous alerter sur la dégradation sécuritaire touchant la métropole (…) et plus particulièrement sa ville-centre, Montpellier, qui nous préoccupe de jour en jour (…). Montpellier et sa métropole sont exposées à une très forte hausse des actes délictuels et criminels (…) Des groupes mafieux ont investi certains secteurs, entraînant des règlements de compte toujours plus violents. » Une rhétorique qui n’a rien à envier à celle de l’extrême droite.

Demande aussitôt satisfaite. Gérald Darmanin a décidé d’envoyer une demi-compagnie de CRS supplémentaire chaque week-end, soit une trentaine d’hommes en arme supplémentaires en plein centre-ville, dans le quartier de l’Ecusson. Une décision visiblement provisoire, en attendant prochainement une hausse des effectifs de la police nationale. Le maire de Montpellier Michaël Delafosse n’a pas tardé à se féliciter de la réactivité du ministre de l’intérieur : « Je tiens à remercier le ministre Gérald Darmanin pour cette décision immédiate en matière de sécurité qui va conforter la présence de la police sur le terrain et renforcer la sécurité. Nos échanges vont se poursuivre sur les enjeux et les moyens en termes de sécurité à Montpellier ».

Le syndicat de police réactionnaire Unité SGP Police 34 a lui aussi réagi favorablement, bien qu’il réclame une militarisation encore plus importante : « Première mesure d’urgence...pour commencer. Sera-ce suffisant pour Police Nationale 34 ? Un bon début pour la paix publique, mais sûrement pas. »

Une position plus que problématique des élus de gauche

Alors que les manifestations de gilets jaunes, à force de répression sanglante et de mutilations, ont fini par mettre sur le devant de la scène la question des violences policières déjà bel et bien présentes dans les quartiers populaires depuis des décennies, qu’après le meurtre de George Floyd aux États-Unis et de nombreuses scènes de violences policières lors du confinement sécuritaire des dizaines de milliers de personnes, principalement dans la jeunesse ont pris la rue, lors de manifestations antiracistes et contre les violences policières, la députée de la France Insoumise en compagnie du maire PS de Montpellier et de parlementaires de droite et LREM, s’est donc déplacée jusqu’au bureau du ministre, afin de réclamer plus de matraques et de flashballs dans le centre-ville.

Cette position est plus que problématique, l’élue insoumise n’hésitant pas à suivre le sens du vent et de la surenchère sécuritaire soufflé par gouvernement, à l’instar de la mairie PS.

Une position que partage par ailleurs nationalement le PCF. Le maire de la Courneuve a par exemple réclamé récemment, une hausse des effectifs de policiers. Début septembre, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel ne s’interrogeait-il pas : « Quels sont les moyens que va mettre le gouvernement pour lutter contre cette violence et ces crimes inacceptables ? ». Avant de poursuivre avec un discours qui n’a rien à envier à Sarkozy ou l’extrême-droite : « Nous, PCF, nous allons faire des propositions concernant cette question de la sécurité, des conditions dans laquelle nous pouvons faire vivre la République dans tous nos quartiers avec ses valeurs de fraternité, d’égalité et de laïcité. Nous réunirons d’ici la fin de l’année une conférence et une séance de travail sur ce sujet avec nos maires, nos parlementaires, des responsables associatifs, des juges, des policiers et nous fixerons une priorité : celle de la lutte contre tous les trafics qui sont malheureusement en hausse dans notre pays. Trafics de drogues, trafics d’êtres humains, trafics d’armes, d’argent sales… Reprenons le pouvoir dans toutes les rues de la République, voilà notre objectif à nous ! »

Des policiers municipaux, officiers de police judiciaire ?

Alors que les élus réclament de manière pérenne une hausse des effectifs de la police nationale de 80 hommes, Michaël Delafosse à peine élu s’en donne à cœur joie sur le terrain sécuritaire et répressif. Sur fond de crise sanitaire, un PC mobile de la police municipale a été installé, place de la Comédie, à proximité du manège. La mairie PS jouant sur le mythe romantique de la police de proximité afin de militariser et réprimer un peu plus le centre-ville. Sébastien Cote, adjoint au maire, délégué à la protection de la population invite presque la population à un speed-dating avec la police municipale, puisque c’est avant tout une affaire de rencontre : « La police municipale, c’est avant tout une police de proximité, de dialogue et de rencontre ».
Pourtant, les rencontres avec la police municipale se concluent souvent de manière tragique. Dans le département héraultais, Mohamed Gabsi trouvait la mort en plein confinement suite à une interpellation violente par la police municipale de Béziers, l’autopsie révélant une asphyxie, vraisemblablement causée par un plaquage ventral.

Sur le terrain sécuritaire, le maire PS de Montpellier fourmille de projets afin de réprimer davantage. Depuis son élection, Delafosse met en avant « la refondation en profondeur de la police municipale de Montpellier (…) pour la rendre plus compatible avec l’ensemble des forces de sécurité intérieures dans le cadre d’un partenariat constant et d’une coopération proactive et réactive. » C’est en ce sens, que ce dernier, en compagnie des élus, dont la députée LFI Muriel Ressiguier ont milité auprès de Darmanin pour faire de Montpellier un laboratoire, « un territoire expérimental, où certains policiers municipaux pourraient avoir un statut d’officier de police judiciaire. Une mesure que Gérald Darmanin a entendu mais la mesure est sensible car plus politique », d’après France 3 Occitanie.

Quand le gouvernement poursuit son offensive sécuritaire et répressive, la mairie de Montpellier et la France Insoumise sont complices. Une position politique réactionnaire et dangereuse qui ne peut qu’être dénoncée !


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