Crédits photo : Révolution Permanente
Ce mardi matin avait lieu à Paris 1 une CFVU (commission pour la formation et la vie universitaire) afin de trancher des modalités de contrôle de connaissances. Dans un contexte de mobilisation sociale, et alors que la Présidence a multiplié les fermetures administratives et le passage des cours en distanciel pour briser la contestation, une partie des élus étudiants (Le Poing Levé, Sap1, Solidaires) avaient soumis au vote une motion pour le 10 améliorable. Cette mesure avait pour objectif de permettre à l’ensemble des étudiants, mobilisés ou non, d’avoir leur année scolaire.
En effet, la situation actuelle montre l’absurdité de la sélection et du maintien des examens coûte que coûte. Le semestre a été ponctué par la mobilisation légitime d’une partie des étudiants contre la réforme des retraites et l’autoritarisme de Macron. Mais aussi par la répression de la Présidence qui a largement dégradé les conditions d’études. Le maintien des partiels dans ces conditions va impacter en premier les étudiants les plus précaires : boursiers, salariés ou étrangers. Comme le stipulait la motion : « Alors que notre université est attachée à l’égalité des chances, ce principe n’est pas garanti concernant les partiels de fin d’année en l’état des modalités d’examens prévues. Il n’est pas garanti entre les étudiants mobilisés et les étudiants non mobilisés, qui risqueraient d’être pénalisés pour avoir exercé leurs libertés fondamentales d’expression et de manifestation. Il n’est pas non plus garanti entre les étudiants ayant les moyens matériels et financiers de s’adapter à des basculements imprévus des cours à distance (connexion internet, logement décent, emploi du temps flexible), et ceux n’en disposant pas ».
Pour défendre la mise en place d’une note plancher, de nombreux étudiants et personnels se sont retrouvés devant la salle du Panthéon où avaient lieu le conseil. « Nous ce qu’on veut, c’est le 10 améliorable » ou encore « non à la sélection » étaient leurs slogans. Par ailleurs de nombreuses Assemblées générales de département se sont prononcées en faveur du 10 améliorable. C’est le cas par exemple des étudiants de Saint Charles, qui se sont mobilisés et ont fait remonter des revendications à l’administration du centre. Mais aussi d’économie, de droit ou d’histoire de l’art. Le week-end dernier des blocages de partiels ont été organisés par des étudiants en économie et en licence AES. Au centre de droit René Cassin, une Assemblée générale a réuni 200 étudiants avec pour principale discussion le refus de la sélection.
La motion présentée en CFVU était donc l’émanation de la volonté des Assemblée générale et de la mobilisation étudiante. Mais la Présidence est restée sourde à la mobilisation, par un vote majoritaire (26 contre, 1 abstention, 3 Ne Prend pas Part au Vote, 10 pour), la motion sur le 10 améliorable a été rejetée. Pire, elle a même menacé les étudiants mobilisés de conseils de discipline pour avoir chanté des slogans devant une salle.
« Nous ce qu’on veut, c’est le 10 améliorable ! » Au Panthéon, pendant la CFVU de Paris 1, les étudiants sont mobilisés pour obtenir la validation pour tous. Pas de selecion, on continue la mobilisation ✨ pic.twitter.com/jYCwkzwoOG
— Le Poing Levé Paris 1 (@PoingLeveP1) April 18, 2023
Côté élus étudiants : en plus de l’opposition évidente de la Cocarde et de l’UNI, qui défendent une université toujours plus fermée aux classes populaire, l’UNEF a refusé de prendre part au vote et la Fédé a voté contre. Ces dernières ont justifié leur position sous prétexte de l’illégalité de la motion. Mais cet argument ne tient pas. En effet, en 2020, deux procédures administratives attaquant la régularité de la motion se sont succédées et seulement l’une d’elles a été reçue favorablement par le juge administratif. De plus, l’ordonnance du second jugement considère que l’irrégularité de la motion de 2020 tenait au fait que les enseignants ne pouvaient pas mettre en dessous de la moyenne. Prenant acte de cet arrêt, la motion présentée en CFVU garantissait justement la liberté de notation des enseignants tout en imposant la seule comptabilisation dans la moyenne des notes au-dessus de 10/20.
Le déroulé de la CFVU a dévoilé le caractère anti-démocratique de cette instance. Alors même que les étudiants sont tous préoccupés par leurs partiels et la fin de l’année, la présidence de Paris 1 botte en touche en refusant de discuter du contenu des examens et du 10 améliorable. Seules des miettes ont été concédées comme le fait de passer de 3 notes de contrôle continu à 2 ou la règle dite du " maximum", des mesures qui ne répondent pas aux inquiétudes des étudiants.
❌ La présidence et une majorité d’élu•e•s votent contre la motion défendant le 10 améliorable pour les partiels
📢 Les élu•e•s Poing Levé qui ont porté cette motion font un premier bilan ici ⤵️ pic.twitter.com/hCWaE5ocuN
— Le Poing Levé Paris 1 (@PoingLeveP1) April 18, 2023
Une seule leçon à retenir de cette mascarade à Paris 1 : pour obtenir le 10 améliorable et combattre la sélection à l’université, il faut imposer nos revendications par la mobilisation. Alors que dans d’autres universités, comme Paul Valéry à Montpellier les Présidences vont jusqu’à menacer des poursuites judiciaires contre la mise en place d’une note en plancher, il faut s’organiser à la base pour l’obtenir. Depuis les Assemblées générales d’UFR, il est possible de voter des motions et de se mobiliser pour faire pression sur la direction pour obtenir la validation pour tous. Avec Le Poing Levé, nous avons porté dans les conseils de toutes les universités où nous sommes présents (Toulouse, Paris 8, Montpellier, Université Paris Cité, ...) les revendications des Assemblées générales locales pour la validation automatique et la banalisation des cours. Alors qu’il est clair que les Présidences d’université utilisent la sélection pour faire cesser la mobilisation, pour les empêcher, il faudra amplifier la lutte.