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Pour une véritable convergence !

A Toulouse, lutter contre la division des colères et des manifestations

Dans la ville rose, ce sont pas moins de quatre rendez-vous différents qui ont été donnés aux manifestants ce samedi 5 décembre. Une logique de division des mobilisations qui a des conséquences désastreuses.

Anna Ky

4 décembre 2020

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Les manifestants de la ville rose, qu’ils soient contre la loi Sécurité globale, contre le racisme d’État et les violences policières, contre la réforme de l’Assurance-chômage, la précarité ou les plans de licenciements – ou encore contre tout cela à la fois – rencontrent bien des difficultés pour savoir où et quand se mobiliser. Et pour cause, pour ce samedi 5 décembre, c’est pas moins de 4 appels à manifester à des horaires différents qui ont fleuri sur les réseaux sociaux. Sans compter la manifestation appelée jeudi 3 décembre à 18h contre la loi Sécurité globale, qui a réuni plusieurs milliers de personnes dans les rues.

Ce samedi 5 décembre, les toulousains mobilisés contre les attaques de gouvernement devront donc se décider à manifester soit à 10h, à l’appel de l’Union Départementale CGT 31 « contre la précarité et pour le droit au travail » ; soit à participer, à 11h30 à la « manifestation citoyenne » contre la loi Sécurité globale organisée par la Ligue des Droits de l’Homme, ATTAC, le NPA, le PCF, Handi-social et la FSU ; ou encore a se rendre à la manifestation de 14h « contre la réforme de l’assurance-chômage et la précarité » appelée par un front large d’organisations syndicales, politiques et associatives (entre autres : le collectif des salariés de l’aéronautique, le DAL, Toutes en Grève, la FI, l’UCL, Nuit Debout, l’Union locale Solidaires, la CIP, les Gilets jaunes...) et même, à l’appel de IAATA uniquement, une autre manifestation contre la loi Sécurité globale à 17h. Sans compter le fait que chacun de ces quatre appels correspond à des parcours différents : la première manifestation partira de la place Arnaud Bernard, la deuxième débute au monument aux morts à François Verdier, tandis que le rendez-vous de 14h est donné dans le quartier Saint-Cyprien, de l’autre côté de la Garonne et que le départ de la manifestation de 17h est place du Capitole.

Ce foisonnement d’initiatives militantes pourrait prêter à sourire, et même à se réjouir, s’il n’avait pas pour conséquence dramatique de diviser les forces et les mobilisations. D’autant qu’en terme de division des appels à manifester, les organisations du mouvement social toulousaines – à commencer par la direction de l’Union départementale CGT – n’en sont pas à leur coup d’essai. En effet, à l’hiver dernier, alors que les éléments étaient réunis pour une lutte d’ensemble contre le projet de réforme des retraites et que Gilets jaunes et syndicalistes appelaient de leurs vœux à une convergence dans la rue, l’intersyndicale toulousaine menée par la CGT 31 à appelé à des manifestations à 10h du matin tout au long du mois de janvier. Une décision prise de manière opaque, contre la volonté de la plupart des manifestants qui se donnaient traditionnellement rendez-vous à 14h, en particulier depuis le début du mouvement des Gilets jaunes.

Non à la division des forces et des initiatives !

Pour comprendre la multiplication pléthorique des appels à manifester le 5 décembre, il s’agit de voir comment ces initiatives ont été lancées. Dans une « Lettre ouverte aux représentants de l’Union Départementale CGT 31 », les membres de l’Union syndicale Solidaires Haute-Garonne détaillent :
« Une réunion unitaire où vous étiez invités s’est tenue le mardi 24/11 à 18h pour discuter collectivement de l’organisation de cette mobilisation sur Toulouse, une manifestation étant déjà prévue dans le cadre unitaire du collectif. Or, quelques minutes avant cette réunion, vous avez décidé d’un appel sur vos bases propres pour ce même 5/12, à 10 heures. Votre appel a été diffusé sur Facebook sans attendre. »

Plus encore, comme le rappelle la lettre ouverte de l’Union Solidaires, les représentants de la CGT 31 n’ont pas laissé « la place à cette réunion unitaire de décider collectivement des formes de cette mobilisation, alors même que des composantes de [leur] Union Départementale étaient présentes ». L’appel de la manifestation à 10h a donc été lancé sans consultation de la plupart des syndiqués à la base de la CGT, alors même qu’il s’agit d’une décision importante concernant une journée de mobilisation nationale. Tout comme à l’hiver dernier contre la réforme des retraites, et contrairement aux arguments avancés par certains responsables syndicaux pour justifier ce choix d’horaire différent, il ne s’agit en aucun cas d’une demande de la majorité des adhérents à la CGT mais bien d’une décision unilatérale entraînant division et démobilisation.

Et c’est contre cette logique de division des forces que certaines organisations, comme le collectif des salariés de l’aéronautique réunissant des syndiqués (dont plusieurs à la CGT) et des non-syndiqués, ont appelé à participer aux deux manifestations contre la précarité. Rappelant par la même occasion que le collectif de l’aéronautique « se tiendra toujours aux côtés des travailleuses et travailleurs en lutte », contre la division et refusant qu’une partie de notre classe « se tue à chercher du travail, pendant qu’une partie se tue au travail ».

Lutte contre la précarité et contre l’offensive sécuritaire : les deux faces d’une même pièce !

Mais la multiplication des appels à manifester n’a pas pour unique conséquence la division des effectifs et la démobilisation. Elle entraîne également une division artificielle entre les revendications et les combats qui se mènent de front contre Macron et son monde. En effet, il est significatif que des manifestations soient organisées de manière distinctes, d’une part contre la loi Sécurité globale et l’offensive sécuritaire et raciste du gouvernement, d’autre part contre la réforme de l’assurance-chômage et plus généralement la précarité et les conséquences de la crise économique. En effet, ces deux batailles sont étroitement liées.

Si le gouvernement cherche à attaquer toujours plus nos droits démocratiques (renforcement des pouvoirs et de l’impunité de la police, atteinte aux libertés de la presse, attaque aux mobilisations étudiantes au travers de l’amendement de la LPR...) c’est parce que les classes dominantes se préparent à l’après-confinement et aux conséquences de la crise. Tandis que Macron et Darmanin veulent faire passer en force la loi Sécurité globale, la loi islamophobe sur le Séparatisme et la LPR, les licenciements et la précarité ne cessent d’augmenter. Pour le gouvernement, il s’agit de renforcer son arsenal répressif dans l’objectif de contenir et mater par anticipation toutes les colères qui commencent déjà à s’exprimer contre les conséquences de la crise économique.

Alors que toute une frange de la jeunesse se mobilise massivement dans la rue contre le racisme d’État et les violences policières, les salariés de nombreuses entreprises se mettent en grève contre des plans de licenciements et des attaques sur les conditions de travail – à l’instar des sous-traitants aéronautiques Latélec, MAP et Cauquil par exemple. Derrière tous ces combats, une même logique : le refus de payer une crise qui n’est pas la notre et qui sert de prétexte au gouvernement et aux patrons pour nous attaquer simultanément sur le terrain démocratique, social et économique !

Face aux divisions artificielles des luttes et des revendications, il est central que la jeunesse, les manifestants et les grévistes de tous les secteurs du monde du travail s’organisent et se coordonnent à la base, pour décider et imposer leur propre tempo de mobilisation, en faisant converger les initiatives et les revendications : 0 licenciement, 0 baisse de salaire, partage du temps de travail entre toutes et tous, retrait total de l’ensemble des lois liberticides et racistes, dénonciation du caractère structurellement raciste et violent de l’État et sa police, et refus de payer la crise !


  
    
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