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Avec ou sans Hollande ?

A la Bellevilloise, les partisans de la « primaire de gauche » se débattent

Après l'appel lancé dans Libération par quelque quarante intellectuels et politiques, les initiateurs de « Notre Primaire » pour un candidat unique de la gauche en 2017 ont fait carton plein à Paris, mercredi soir. Réunis à La Bellevilloise, dans le XXe arrondissement, les partisans de l’appel à une « primaire des gauches et de l’écologie » ont attiré plus de 700 militants et sympathisants. Un succès pour cette première rencontre qui met Hollande, au plus bas dans les sondages, sous pression.

Damien Bernard

4 février 2016

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Damien Bernard{{}}

Toute la « gauche de la gauche » au rendez-vous. Un grand absent, Mélenchon

Dans cette salle comble, un absent de poids : Mélenchon. Le président du Parti de Gauche n’a pas pris part aux festivités, préférant tracer sa route sans détour pour les présidentielles de 2017. Pour le reste, en plus des intellectuels ayant lancé l’appel dans Libération le 11 janvier, on pouvait croiser mercredi soir l’ensemble des composantes qui pourraient former une alliance rose-rouge-verte. D’EELV au PCF, en passant par des députés « frondeurs », tous étaient représentés. Alors que ces derniers n’avaient pas participé à l’appel initial, les « frondeurs » du PS se rallient désormais à l’initiative.

Yannick Jadot, co-initiateur de « Notre Primaire », Emmanuelle Cosse la secrétaire nationale des écolos, ainsi que l’ex-ministre Cécile Duflot sont venu représenter EELV. Pour les communistes, c’est Olivier Dartigolles, le porte-parole du PCF, l’une des composantes du Front de Gauche, déchiré par les querelles internes sur la question de la candidature aux présidentielle, qui était présents. Du côté de ceux qu’on étiquette comme intellectuels de gauche, on retrouvait l’économiste néo-keynésien Thomas Piketty ou encore le sociologue Michel Wieviorka, la journaliste Marie Desplechin, Dominique Meda ou encore le très médiatique Raphaël Glucksmann.{{}}

Pour une primaire avec ou sans Hollande ?

Partageant tous le projet d’une « primaire à gauche », c’est sur la question de la participation de Hollande à celle-ci que se concentrent les divergences. Ces primaires sont en l’occurrence, une question centrale pour la gauche réformiste. Tous sont d’accord pour dire que ces primaires sont vitales pour que « la gauche soit présente au second tour ».

Parmi les initiateurs, Daniel Cohn-Bendit représente le secteur le plus opportuniste de l’initiative. Lorsqu’il prend la parole, avec sa verve habituelle, le vieux routier de la politique politicienne explique qu’il a « déjà connu ça avec EELV », les « conneries » qui ont mené à son « échec ». Il fait alors la leçon par rapport au « sectarisme » de ceux qui diraient « oui à la primaire » mais qui ne soutiendraient pas Hollande s’il décidait d’y aller. Certains, comme Yannick Jadot, député européen EELV, en viennent même aux « menaces » : « Si elle ne marche pas (...) il y aura un candidat écologiste ». Autrement dit : si François Hollande ne s’y soumet pas, il sera responsable de sa propre chute en cas de 21 avril bis.

Même si les représentants d’EELV oscillent entre le chaud et le froid vis-à-vis d’une potentielle candidature de Hollande à ces primaires, l’objectif est en réalité de faire pression sur la gauche de Hollande. Ainsi, loin de vouloir constituer une véritable alternative en rupture avec François Hollande, les défenseurs de ce projet semblent souhaiter plutôt faire pression « à gauche » sur la future candidature de l’actuel locataire de l’Elysée. Car s’il s’agit en apparence de mettre les social-libéraux - et Hollande en particulier - sur la touche, le projet de primaire à gauche est en réalité fonctionnel pour une unité rose-rouge-verte qui irait de Mélenchon à Macron en passant par Duflot.

Représentant l’aile la plus résolue des partisans d’une primaire pour l’« alternative » à Hollande, Caroline de Haas, ancienne du PS et organisatrice de « Primaire de gauche », répond à Cohn-Bendit : pour que tous les participants à la primaire acceptent de soutenir le gagnant, il faut un « projet commun ».

Hollande, au plus bas dans les sondages, sous la pression de sa gauche

Selon un sondage commandé par Les Echos, le chef de l’Etat perd encore 5 points ce mois-ci, avec 21 ?% d’opinion favorable, retrouvant son taux de popularité de fin 2014, lorsqu’il était au plus bas. Ainsi, le gain de popularité enregistré après la sidération provoquée par les attentats du 13 novembre a été effacé en seulement trois mois. Dans sa chute, il entraîne également son porte-flingue, Manuel Valls qui cède, lui aussi, 5 points, avec 27 ?% de cote de confiance, atteignant son score le plus faible depuis son arrivée à Matignon, en avril 2014. Autre fait marquant, François Hollande décroche nettement au sein de son propre camp. Le président de la République perd 16 points ce mois-ci chez les sympathisants de gauche. La chute atteint même 21 points chez les sympathisants du Parti Socialiste.

A sa gauche, « frondeurs » compris, la pression se fait de plus en forte. Jean-Christophe Cambadélis a été appelé à la rescousse. « J’ai dit à tous ceux qui au Parti socialiste (...) sont proches ou rencontrent Mélenchon d’essayer de le convaincre », a indiqué le premier secrétaire du PS. « Je dis par exemple à la minorité du Parti Socialiste qui a fait ce bel appel (...) et bien allez au bout de votre logique, faites une délégation de la minorité du Parti socialiste pour aller voir Jean-Luc Mélenchon et le convaincre. » Au vu de la détermination de Mélenchon à se présenter seul, envers et contre tous, et notamment au sein du Front de Gauche, Hollande joue ses dernières cartes. Se présenterait-il, lui, président en exercice, à une primaire face à Mélenchon ou Duflot, dont il sortirait ultérieurement écorné ? On peu en douter. Mais forcer Mélenchon à se soumettre à une primaire impliquerait d’arrimer fermement cette portion d’électorat de la gauche radicale qui est dégoûtée par un quinquennat qui se finit par l’état d’urgence et la répression tous azimuts.

A quatorze mois de la présidentielle, Hollande lepénisé est de plus en plus chahuté à sa gauche et dans ses propres rangs. Mais c’est pourtant dans la rue que François Hollande a réuni la seule opposition qui vaille, celle des mobilisations. Samedi, sous la pluie, près de 40000 manifestants, parmi ceux-là mêmes qui avaient porté Hollande à la présidence en 2012, défilaient dans toute la France pour dire non à l’état d’urgence et à la déchéance de nationalité. Autant de défis pour construire, face à la politique actuelle et aux prémisses de ce qui pourrait être un mouvement démocratique large, une alternative politique indépendante autour d’un programme anticapitaliste et révolutionnaire.


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