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La base s'organise

A la Coordination RATP-SNCF, les grévistes préparent le retour de la reconductible

Retour au théâtre de l’Echangeur pour la Coordination RATP-SNCF. De retour du rassemblement de soutien à Ahmed Berrahal, figure de la Coordination et militant CGT menacé de révocation, et du rassemblement pour Alex, militant CGT de Vitry, des grévistes de plusieurs dépôts de bus, lignes de métro, du RER et gares SNCF étaient réunis hier pour discuter des suites du mouvement, et du rôle de la base pour relancer la mobilisation, loin d’être terminée.

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A la tribune, c’est Laura, cheminote qui introduit. Premier thème de la discussion, la lutte contre la répression. Et pour cause, le matin même, deux grévistes étaient convoqués sur leurs dépôts respectifs, Vitry et Flandre, pour des faits de grève. « La direction essaye de couper les têtes dans les différents endroits. La question de la répression est un enjeu fondamental. » explique Laura avant d’évoquer la possibilité de lancer une grande campagne contre la répression.

La question de la suite du mouvement revient ensuite au cœur de la discussion. Les doutes de nombreux grévistes vis-à-vis de la nature perlée qu’a pris le mouvement sont évoqués. « Les journées interprofessionnelles permettent de montrer qu’on est encore-là, mais est-ce qu’il ne faudrait pas cibler que les journées fortes ? » demande la cheminote. Elle poursuit en évoquant les rapprochements en cours avec différents secteurs qui se posent, eux aussi, la question d’un départ en reconductible coordonné entre plusieurs secteurs stratégiques et souhaite en discuter à la base. Une perspective qui apparaît comme la seule crédible : « Il y a encore des ressources à la RATP et la SNCF mais les collègues vont repartir que s’ils voient qu’un vrai plan de bataille se prépare. Repartir en reconductible tout seul ça me paraît difficile. »

Le départ en reconductible au cœur des discussions

« Si on ne veut pas que ce soit une grève de militants, qui soit un baroud d’honneur, il faut avoir quelque chose de construit. C’est ce qui aurait dû être fait par les directions syndicales avant le 5. » réagit Eric, cheminot à Mantes la Jolie, avant de préciser « Mars c’est trop tôt, pour moi c’est avril ou mai. Entre temps il faut continuer à faire tourner les caisses de grève. »

« Une caisse pour tenir mais pour quoi faire ? On vient de faire 2 mois de grève, on veut quoi, faire 4, 5 mois de grève ? » s’interroge Manu, gréviste de la RATP du dépôt de Montrouge. « Non c’est repartir 15 jours mais tous ensemble cette fois. » explique Eric, « Le problème c’est que les autres secteurs nous ont rejoint qu’en janvier » intervient Leila, machiniste à Malakoff.

Un débat s’ouvre sur la date la plus propice pour un départ en reconductible. « Tu les feras jamais repartir en mars, ils auront eu leur fiche de paie de février à 0€ » explique Franck, conducteur du RER B. « Oui, les paies c’est décalé. En tout cas il faut repartir avec un mouvement fort, parce que ces journées isolées c’est pas possible. » complète Sofiane.

« J’ai pas souvenir d’un mouvement, où des militants ont réussi à poser une date et à déclencher un mouvement d’ampleur. Je ne sais pas comment sera la situation dans un mois, pour moi il faut surtout qu’on continue à maintenir les liens entre nous. » tempère Rémi, cheminot à Saint Lazare. « Le rôle de la coordination évolue en fonction de la situation, et on doit passer un cap qui est différent, celui de préparer la future mobilisation. » réagit Anasse, cheminot lui aussi. « Il faut viser un retour de la mobilisation, aux côtés des Gilets jaunes, du privé, de la jeunesse. Mais pour ça la Coordination doit prendre ses responsabilités en termes de programme : on ne peut pas parler du privé et ne parler que de la réforme des retraites, on ne peut pas parler des E3C et ne parler que de la réforme des retraites, etc… » note-t-il, avant de conclure : « Les Gilets jaunes ont dit Macron démission, on ne peut pas retourner en arrière en demandant juste le retrait de la réforme. Il faut qu’on porte d’autres revendications si on veut tirer d’autres secteurs. »

Donner du rythme et du moral

Si l’idée d’un départ en reconductible semble faire consensus, la question se pose du rythme à donner au mouvement dans les semaines à venir. Tandis que pour certains, les caisses de grève ne doivent pas être négligées dans la période afin de ne pas répéter les erreurs de décembre, d’autres évoquent les actions à mener. Olivier, conducteur sur la ligne 6 propose ainsi de se rendre jeudi à la Maison de la RATP pour y jeter leurs tenues de travail, à l’image de l’action réalisée par de nombreux corps de métiers. « Si on sort, on sort avec des actions. Quelque chose qui va pouvoir donner un petit peu d’engouement et animer cette semaine, la semaine d’après. » abonde Karim, agent RATP au dépôt des Pavillons-sous-Bois. « Pendant les municipales il faut qu’on soit actifs, qu’on pourrisse la campagne » propose quant à lui Clément, cheminot au Technicentre de Châtillon.

« Les gilets jaunes ont été sur des revendications offensives. Les camarades de Châtillon ils sont pas allés à la défensive. Nous au Bourget on a fait une grève en 2017, on a gagné cette grève parce que c’était une grève offensive. », alors que Anasse esquisse une conclusion, Ahmed Berrahal entre dans la salle sous un tonnerre d’applaudissements. Le gréviste, militant CGT et figure du dépôt de Flandre, entreprend alors de raconter son entretien disciplinaire avec humour.

La journée, commencée par un rassemblement de soutien très réussi contre la répression, se conclue ainsi sur le compte-rendu d’un entretien disciplinaire, sous le regard attentif des grévistes présents. Une tonalité qui ne présage pourtant rien de ce qui attend les grévistes convoqués, et leur moral face à ces attaques exprime leur détermination. Plusieurs rendez-vous ont été donné pour la semaine et des réunions de travail se préparent avec des secteurs aussi important comme les raffineries et l’énergie, pour discuter ensemble du plan de bataille pour la suite. Cette nouvelle réunion de coordination RATP SNCF laisse ainsi un sentiment clair, celui de la force qui existe toujours dans la base, couplée cette fois à la conscience des tâches qui lui incombe pour gagner face au gouvernement.


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