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À la veille de la rentrée scolaire, des milliers d’enseignants contractuels sans poste 

À l’académie de Créteil et de Versailles, ce sont plus de 3 000 enseignants contractuels qui sont toujours sans poste à la veille de la rentrée. Le rectorat justifie leur non-renouvellement en assurant que les effectifs en termes de personnels enseignants seraient largement suffisants cette année. Pourtant, en cette rentrée particulièrement difficile, ce qu’il faudrait c’est un plan d’urgence pour l’éducation !

Cécile Manchette

31 août 2021

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Crédit photo : Thomas Samson / AFP

À la fin de l’année scolaire 2021, ce sont quelques milliers d’enseignants contractuels de l’académie de Créteil — qui ne sont pas encore titulaires du concours de l’enseignement ou ne peuvent pas l’être comme de nombreux enseignants qui n’ont pas la nationalité française- qui se sont retrouvés au chômage. Le rectorat leur a envoyé un courrier leur signifiant qu’ils n’étaient pas en mesure de leur proposer un nouveau contrat pour la rentrée 2021-2022.

En juillet une intersyndicale (CGT Educ’action, SUD Solidaires, Snuep, Snes, Snep, SNFOLC et Snetaa) organisait un rassemblement devant le rectorat pour exiger, entre autres, leur embauche et la création de postes. Une revendication qui va à l’encontre du projet du ministère de l’Enseignement pour l’éducation publique, et a été ignorée par les académies pendant tout l’été.

Fin août, face au désarroi de ces enseignants contractuels qui travaillent pour l’éducation nationale parfois depuis plusieurs années déjà (au bout de 6 ans ces derniers sont titularisés), le recteur de l’académie Créteil s’est voulu rassurant : « chaque année le même sujet se pose, mais cette année nous avons attendu un peu plus pour avoir plus de visibilité, les concours ayant été retardés. Ce qui a eu une répercussion sur les contractuels puisque nous attendons le mouvement des titulaires pour connaître les besoins en termes d’enseignants contractuels, justifie le recteur. Ces derniers ne sont pas maltraités, nous savons que nous avons besoin d’eux dans l’académie de Créteil. Ils seront réembauchés pour des contrats annuels ou des remplacements plus courts. ». La raison du non-renouvellement serait donc due au décalage, à cause du confinement, des résultats au concours des titulaires. Pourtant, à la veille de la rentrée, nombreux sont les enseignants contractuels n’ayant toujours pas de nouvelles de leur affectation alors même que des équipes pédagogiques ne sont pas au complet.

Du côté du secrétaire général de l’académie de Versailles, l’explication serait qu’il y aurait un nombre plus important de postes pourvus cette année et que les besoins de l’Éducation nationale seraient donc totalement remplis : « Cette année on a un plus grand nombre de titulaires arrivés dans l’académie (environ 200 supplémentaires). D’autre part, ce sont les contractuels récents, qui ont un ou deux ans d’ancienneté, qui n’ont pas été reconduits ». Ce discours entretient d’une part une division artificielle entre les professeurs titulaires et les enseignants contractuels tout en invisibilisant ces enseignants contractuels qui, comme ce professeur en lycée professionnel, interrogé par Le Parisien, enseigne depuis cinq ans et à qui il ne manque plus qu’une année d’enseignement pour être titularisé officiellement par l’Éducation nationale. D’autre part, ce discours entretient l’idée que l’Éducation Nationale fonctionnerait très bien avec ses effectifs actuels, et qu’elle ferait même face à un trop plein de personnels.

Ainsi, le problème de fond est toujours déplacé : le fait que l’éducation publique souffre, et cela a été exacerbé par la crise sanitaire, d’une crise profonde. Comment enseigner face à des classes surchargées et avec un matériel défectueux ? Qu’est-ce que l’enseignement quand l’évaluation et la notation sont l’unique élément fondamental pour le ministère et l’administration de l’Éducation nationale ? Si on considère qu’il faudrait des classes avec des effectifs plus réduits, ce qu’ont d’ailleurs découvert avec plaisir nombre d’enseignants avec les classes en ‘demi-jauges’ (pour les établissements qui ont eu recours au fonctionnement par demi-groupes) au cours de l’année écoulée, cela signifie qu’il faudrait donc former et embaucher, dignement, plus d’enseignants. Mais le ministère de l’Enseignement préfère faire des économies sur le dos de la vie des enseignants, des élèves et de la qualité de l’enseignement.

Alors que la rentrée scolaire s’annonce éprouvante pour les enseignants, les élèves et leurs parents, le ministère et le gouvernement aiment à ajouter toujours plus de cacophonie à la cacophonie, et privent ainsi les établissements de personnels qui seraient pourtant précieux en cette rentrée. Ce mercredi et ce jeudi de nouveaux rassemblements sont appelés devant le rectorat de Créteil et celui de Versailles pour exiger l’embauche des contractuels ! Plus encore face à la destruction de l’école publique, c’est un véritable plan d’urgence pour l’éducation dont nous avons besoin.


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