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Vers un mouvement étudiant ?

AGs, comités de mobilisation : avant le 31 janvier, la colère étudiante se structure dans les facs

Après la manifestation massive du 19 janvier, une trentaine d'Assemblées Générales ont été organisées dans les facs cette semaines. Elles ont regroupé des centaines de personnes dans différentes universités, posant la perspective qu'émerge un réel mouvement étudiant contre la réforme des retraites.

Erell Bleuen

28 janvier 2023

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La journée de mobilisation du 19 janvier a marqué le début d’un mouvement massif contre la réforme des retraites du gouvernement, rejetée par 72% de la population. À échelle nationale, des milliers de jeunes sont descendus dans la rue pour exiger le retrait d’une réforme qui leur promet de travailler plus pour vivre moins longtemps. Suite à la réussite du 19 janvier, des Assemblées Générales étaient appelées dans plus d’une trentaine d’universités, avec pour pari de construire le combat contre la réforme des retraites dans les facs.

Une trentaine d’Assemblées Générales à échelle nationale : la mobilisation se structure dans les universités

A Rennes, Paris, Toulouse mais également à Tours, Poitiers, Brest ou encore Mulhouse, des appels aux Assemblées Générales ont fleuri dans plus d’une trentaine d’universités cette semaine.

Dans les universités où des AGs s’étaient tenues en amont du 19 janvier, les amphithéâtres se sont globalement remplis : plus de 350 personnes étaient réunies à Paris 8, 300 au Mirail, 500 à Bordeaux... tandis que dans certains campus, l’organisation d’Assemblée Générale relève de l’inédit. A l’université du Capitole à Toulouse par exemple, une fac qui n’a pas connue de mobilisation depuis plusieurs années, une centaine de personnes se sont réunies cette semaine.

Différents signes qui montrent que la colère gronde au sein de la jeunesse, et dessinent la possibilité qu’émerge un mouvement étudiant d’ampleur. Entre la crise sanitaire qui a isolé les étudiant.es, la précarité qui s’approfondit au fil de l’inflation, les raisons ne manquent pas pour entrer dans la bataille. De plus, le gouvernement n’a cessé d’attaquer la jeunesse : baisse des APL, instauration de Parcoursup, Loi de Programmation de la Recherche...la bataille contre la réforme des retraites, qui vient cristalliser un ras-le-bol général de la population contre Macron, pourrait bien faire de même dans le milieu étudiant.

Si de premiers symptômes prometteurs émergent, dans de nombreuses AGs, le constat est le même : le 31 janvier doit servir de point d’appui pour massifier la mobilisation des étudiant.es et des personnels, qui n’en est qu’à ses premiers pas. Dans ce sens, les motions impulsées par Le Poing Levé et adoptées dans les conseils d’administration de Paris 1, Paris 8, ou encore à l’université du Mirail, qui obligent les directions à se positionner contre la réforme des retraites, sont des points d’appuis pour élargir la mobilisation. Celles-ci s’engagent – à différents niveaux - à ne pas sanctionner les étudiants et personnels mobilisés.

Ainsi, dans plusieurs Assemblées Générales, les débats portaient non seulement sur la préparation de la manifestation du 31 janvier, mais également sur les suites pour continuer à construire et structurer le combat contre la réforme des retraites dans les facs. Des propositions ont déjà commencé à émerger : à l’Université Paris-Cité, un concert va être organisé lundi pour populariser la caisse de grève des personnels mobilisés, une journée de mobilisation et une interfacs sont appelées par l’AG de Paris 8, tandis qu’une délégation étudiante de l’AG bordelaise, qui regroupe déjà trois établissements, est allée soutenir les électriciens en grève le jeudi 26.

Face à la mobilisation naissante dans la jeunesse, le gouvernement et les présidences d’universités s’unissent pour faire taire la contestation. Après l’évacuation d’une Assemblée Générale par les CRS à Strasbourg la semaine dernière, 29 étudiants de l’EHESS ont été interpellés et réprimés par la police lundi soir alors qu’ils se mobilisaient sur leur campus contre la réforme des retraites. Pour les étudiants du Mirail, le message envoyé par la répression est clair : « ils craignent que les facs s’y mettent, la jeunesse s’y mettent, que les étudiants et les lycéens s’unissent dans la mobilisation ».

Les premiers pas d’une mobilisation de la jeunesse qui pourrait changer la dynamique actuelle du mouvement

A l’heure actuelle, la mobilisation étudiante n’en est encore qu’à ses débuts. Les premières Assemblées Générales qui regroupent quelques centaines de personnes sur chaque campus sont encore loin de résonner avec l’ampleur des derniers mouvements étudiants qui ont traversé les universités, comme en 2016, en 2018 ou encore en 2006. À Paris 8, Alexis, militant au Poing Levé prenait la parole dans ce sens : « le mouvement étudiant historiquement, c’est des milliers d’étudiants rassemblés dans chaque université, et c’est ce vers quoi on doit tendre si on veut faire reculer le gouvernement. »

Alors que de nombreux étudiants qui fréquentent les universités aujourd’hui n’ont jamais connu de mobilisation d’ampleur dans les facs, il y a encore un enjeu à populariser et à construire les Assemblées Générales. En effet, si l’auto-organisation étudiante se renforçait dans les facs, elle pourrait permettre de dynamiser le mouvement actuel et les rythmes de journées saute-mouton imposées par l’intersyndicale nationale : dans le mouvement contre la loi El Khomri en 2016 par exemple, c’est la jeunesse qui avait imposée une première date de manifestation à l’intersyndicale, à partir de laquelle a été impulsée une Coordination Nationale Étudiante qui proposa son propre calendrier de mobilisation. Les dynamiques d’interfacs qui ont émergé, si elles doivent encore se renforcer pour s’étendre à échelle nationale, sont des premiers pas dans ce sens.

Les Assemblées Générales permettent également de discuter du rôle que peuvent jouer les mobilisations étudiantes dans le soutien à la mobilisation du monde du travail. En 2018, la jonction entre les étudiants et les travailleurs s’était notamment incarnée par l’organisation d’un « meeting de convergence » réunissant cheminots, personnels du CHU, lycéens, personnels de l’université, et étudiants à l’université du Mirail ou encore d’une soirée de soutien à la grève cheminote à Tolbiac. Une mise au service des universités pour la construction de la grève, qui, dans le mouvement actuel, pourrait s’incarner par l’accueil d’Assemblées Générales Interprofessionnelles, comme il en a existé dans le mouvement contre la réforme des retraites en 2010.

Des perspectives qu’il reste encore à construire dans le mouvement entamé le 19 janvier. Ainsi, pour populariser et renforcer la dynamique d’Assemblées Générales dans les universités, il est nécessaire de rejoindre en nombre les comités de mobilisations qui fleurissent sur la majorité des campus. Regroupant étudiants non-organisés et organisés, ceux-ci doivent être en capacité de faire vivre la mobilisation au quotidien sur les campus au travers des tours d’amphithéâtre, des tractages, de réunions d’information mais également d’organisation d’actions concrètes qui cherchent à convaincre toujours plus d’étudiants de rentrer dans la bataille.

Ces tâches sont essentielles pour contribuer à la construction d’un mouvement étudiant d’ampleur, qui permettrait de bousculer le plan de l’intersyndicale, mais qui constituerait également un ingrédient clé pour continuer à politiser la bataille contre les retraites et construire une grève générale politique contre Macron et son monde.

En effet, le mouvement étudiant à historiquement joué un rôle pour radicaliser les contestations sociales et leurs revendications. Dans un contexte de guerres, de crise économique et de crise climatique, il apparaît de plus en plus clairement que ce système n’a qu’une vie de misère à offrir aux jeunes générations. Se battre contre la réforme des retraites, ça n’est donc pas seulement refuser une vie où l’on meurt au travail mais c’est également se battre pour un autre avenir, une autre société. 

Développer un mouvement étudiant dans toutes les universités, qui défend la perspective d’un combat contre la réforme des retraites et l’avenir que Macron nous promet, ce sont les objectifs que se fixent les militants de Révolution Permanente organisé dans le collectif Le Poing Levé. Contactez nous et rejoignez nous !

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