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Le « cerveau » des attentats de Paris tué à Saint-Denis

Abaaoud, le Ben Laden du néo-conservatisme français ?

Le terroriste le plus recherché d’Europe est mort mercredi matin lors de l’opération du raid en plein centre de Saint-Denis. Le djihadiste belge Abdelhamid Abaaoud, 27 ans, était bien connu des services de renseignement européens et impliqué dans de nombreux dossiers terroristes. Par-delà la mise en scène guerrière, sa mort, qui n’est pas sans rappeler celle d’un autre grand terroriste, Oussama Ben Laden, est-elle vraiment une victoire contre le terrorisme ?

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La préfecture a confirmé la nouvelle ce jeudi vers 13h : le « cerveau » des attentats du 13 novembre à Paris a été tué mercredi matin pendant l’assaut policier à Saint-Denis. C’est dans une véritable mise en scène guerrière que les services d’intervention ont assiégé l’appartement où il séjournait en région parisienne. Son corps, déchiré en plusieurs morceaux, était à peine reconnaissable à l’issue de l’assaut, et ce n’est que grâce à des tests ADN que la préfecture a pu confirmer son identité.

L’ennemi public numéro 1 passé entre les gouttes ?

Abdelhamid Abaaoud, 27 ans, né à Molenbeek en Belgique, était considéré comme le commanditaire de nombreux attentats en France et plus largement en Europe. Dans les dernières années, il s’était forgé la réputation du plus dangereux terroriste de Daesh, notamment à travers son usage des réseaux sociaux où il vantait ses activités. Les services de renseignement le soupçonnaient d’ailleurs d’être le commanditaire des attentats de Paris.

Le jeune djihadiste belge est parti en Syrie pour la première fois en 2013 avec son frère et a, depuis, effectué plusieurs allers-retours entre l’Europe et la Syrie. Cela a pourtant apparemment échappé aux services de renseignement européens, qui le croyaient resté en Syrie. Cela n’aurait été que grâce à un témoignage anonyme qu’ils auraient pris connaissance de sa présence en région parisienne à la suite des attentats de vendredi 13 novembre.

Chose étrange, les services de renseignement français seraient néanmoins au courant du fait qu’il planifiait d’organiser des attaques en Europe et notamment en France. Selon eux, Abaaoud serait impliqué dans de nombreux dossiers terroristes. Il aurait été au cœur d’un réseau djihadiste démantelé en Belgique en janvier dernier, et il aurait joué un rôle dans l’attaque déjouée de Thalys en août dernier et dans l’attentat planifié contre une église à Villejuif en avril dernier. Si tout cela est vrai, on est en droit de se poser pas mal de questions sur l’efficacité de ces mêmes services de renseignement…

Mise en scène et décalage horaire

À la suite de l’intervention musclée des forces de l’ordre à Saint-Denis et de la mort d’Abaaoud, le gouvernement a revendiqué d’un ton triomphal une victoire majeure contre le terrorisme sur son propre sol. Sans pourtant céder à une quelconque théorie complotiste, une question reste tout de même sans réponse : pourquoi le gouvernement a-t-il mis plus de 24 heures à l’annoncer, alors même que le journal américain The Washington Post l’avait fait le jour même ?

Peut-être pour que la nouvelle arrive à seulement quelques minutes d’écart de l’approbation par l’Assemblée Nationale du prolongement pour trois mois de l’état d’urgence, histoire que ceci, justifie cela ? On ne peut pas le savoir…

À chacun son Ben Laden

Toute cette mise en scène n’est néanmoins pas sans rappeler celle qui a mené à la mort d’Oussama Ben Laden, tué lors d’un raid des forces spéciales des États-Unis en 2011. En effet, ce dernier était devenu le symbole du terrorisme djihadiste après les attentats du 11 septembre 2001 et l’homme le plus recherché dans le cadre de la guerre contre le terrorisme de Bush. Pendant dix longues années, le gouvernement et les médias complices mettaient régulièrement en scène la traque de cet ancien allié « mal tourné » des États-Unis. Cette traque a culminé dans l’assaut dramatique des commandos de la Marine contre sa résidence fortifiée à Abbottabad au Pakistan en 2011 et a suscité beaucoup de polémiques quant à la véracité de la version officielle.

La mort de Ben Laden a été alors présentée comme une grande victoire, presque définitive, dans une guerre contre le terrorisme qui s’était depuis longtemps révélée plus longue et complexe que prévu. Cette réussite a renforcé de la popularité de Barack Obama qui est passée en quelques jours de 46% à 57%, alors que ses politiques économiques étaient plutôt impopulaires. Et pourtant, force est de constater le « terrorisme » n’avait pas été battu, ni la guerre gagnée.

Après la mise en scène de mercredi, l’annonce de ce jeudi a été présentée par Hollande et Valls comme une première « victoire » contre le terrorisme après les attentats de vendredi soir. Mais tout comme les bombardements en Syrie, cela n’éradiquera en rien Daech. Décapité aujourd’hui, de nouveaux « cerveaux » se régénéreront sans doute, telle une hydre, sur fond d’intensification des guerres impérialistes et de la misère qui rendent le terrain propice au développement de cette force réactionnaire.


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