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A l'instar de Zyed et Bouna

Accident mortel entre un TER et 4 jeunes : des policiers étaient présents sur les lieux !

L’information est tombée ce jeudi, elle va dans le sens du témoignage d’Aurélien, l’un des deux rescapés du groupe de 4 jeunes situés sur Caulier (Nord-pas-de-Calais), qui, vendredi dernier, avaient fui parce qu’ « il y en a marre de se faire frapper tous les jours pour rien ». Trois policiers étaient bel et bien présents sur les lieux où ces quatre jeunes âgés de 17 à 20 ans ont fui escaladant un mur de deux mètres de haut avant d’être aspirés par un TER. Bilan effroyable : deux morts et deux blessés dont un grièvement.

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Crédits photos : @Capture d’écran ​France 3 Hauts de France

« Ça confirme la version du rescapé » lance Maître Berton, l’un des plus célèbres avocats pénalistes qui défendra les familles de victimes de cette tragédie. Lundi dernier, le parquet de Lille s’exprimait sans la moindre prudence, pourtant de rigueur : « personne n’est venu confirmer l’existence d’un tel contrôle, sous quelque forme que ce soit, auprès de la police, du parquet ou d’une quelconque autorité qui n’aurait pas manqué sinon d’en informer le procureur ». L’avocat poursuit son argumentation : « Le communiqué de presse a été extrêmement rapide, c’est terrible. Le Procureur dément une « rumeur », mais il est censé prendre appui sur les éléments d’une enquête, or à ce moment-là, l’enquête n’en est qu’à ses balbutiements. […] Et peut-on parler d’une « rumeur », quand on a le témoignage d’un rescapé qui affirme qu’il y avait des policiers de la BAC avec des matraques ? ».

Dans une euphémisation des faits dont il a le secret, le parquet de Lille lance pourtant une bombe ce jeudi. « Au terme de vérifications approfondies, la seule intervention de services de police dans cette zone est celle d’une équipe de la brigade spécialisée de terrain (BST) qui a été appelée pour une altercation à la Cité Saint-Maurice [la cité où se trouvaient les quatre jeunes ndlr] ».

Une information qui change tout. Oui, trois policiers étaient bien présents sur les lieux au moment des faits. Ce qui confirme la version d’Aurélien, qui face caméra (voir vidéo) racontait, plein de tristesse depuis son fauteuil roulant : « On a grimpé par le coin, juste là, pour partir, pour fuir, sinon… On ne voulait pas se faire frapper, il y en a marre de se faire frapper tous les jours pour rien. On est monté par là, on est parti par la gauche et… le train a défilé. […] Il nous a aspirés. On n’était pas devant. Si on avait eu le temps de l’esquiver, on l’aurait esquivé. On ne veut pas mourir comme ça… On s’est collé au mur, on est parti toujours tout droit et quand le train est passé, j’ai eu le temps de bouger mon ami au dernier moment et le train est passé. » Avant de conclure le regard vide : « J’ai perdu deux frères à cause de la police ».

Vidéo YT France 3 « des policiers étaient bien présents sur les lieux »

Délit de faciès sur des jeunes sans histoire

Mathis, 20 ans, et Sélom, 18 ans sont les deux « frères » qu’a perdu Aurélien. Les deux jeunes avaient un casier vierge. Pourtant Sélom s’était plaint auprès de sa mère de faire l’objet de nombreux contrôles au faciès parce qu’il était métissé. Le quotidien local La Voix du Nord qui n’a pas forcément traité l’affaire avec la plus grande neutralité jusqu’à présent, est contraint d’admettre que dans le secteur « le déploiement policier s’est nettement accentué ces derniers mois. Les opérations de contrôle se sont multipliées. Récemment, des CRS ont été affectés en permanence à ce secteur, patrouillant à pied dans les rues. Fives est pressenti pour expérimenter, dès janvier, la police de sécurité du quotidien. Une nouvelle version de la police de proximité. »

L’avocat des victimes fait savoir que les deux familles ont déposé plainte contre X ce jeudi « pour non-assistance à personne en danger, mise en péril de la vie d’autrui et homicide involontaire ». Le parquet a décidé « d’ouvrir une information judiciaire pour recherche des causes de la mort. Cette information sera confiée à un juge d’instruction sous l’autorité duquel les actes d’enquête seront dorénavant effectués ». Une procédure que Me Berton jugeait nécessaire et qui a donc était faite en réaction au dépôt de plainte.
Valérie, la mère d’une des victimes s’est exprimée mardi matin sur Europe 1. « Je n’ai pas de haine, j’ai juste de la tristesse, de la colère car j’ai perdu mon fils. Je veux qu’il y ait une enquête, je voudrais comprendre pourquoi quatre jeunes se sont retrouvés sur une voie ferrée. » Une nécessité pour faire son deuil, alors qu’on peut douter de la neutralité d’un parquet qui parle du chemin emprunté par les quatre victimes comme d’un « raccourci » alors qu’il s’agit d’un mur de deux mètres de haut qui mène sur des voies ferrées bordées par un autre mur les séparant de l’autoroute…

Que toute la lumière soit faite sur cette triste affaire.


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