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Les réfugiés de Paris 18e et Austerlitz disséminés provisoirement dans des centres parfois insalubres

Accueil des refugiés, vraiment ? Photoreportage sur l’évacuation de deux campements à Paris

Flora Carpentier Photos : "Los Ojos de Anita"

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Ce jeudi 17 septembre au matin, l’opération d’évacuation des réfugiés de la mairie du 18e et d’Austerlitz était bien rodée. Médias en nombre et des dizaines de bus pour embarquer les centaines de réfugiés, CRS au garde-à-vous maintenus à distance, réveil en douceur pour une évacuation « dans le calme », certains auront même droit à un pain au chocolat. Parler « accueil » et non « évacuation », les mots sont lourds de sens pour la mairie de Paris, dont les agents sont là pour orienter les médias, et pour que ressorte de cette vaste opération de communication l’idée de « respect des réfugiés ». Après des mois de survie en bord de Seine pour les uns, sous les voies du métro ou dans d’autres interstices sordides et insalubres de la capitale pour d’autres, des mois à subir la répression et les déplacements forcés… la mairie voudrait faire croire à une lumière au bout du tunnel. Mais au premier pied posé dans les centres d’hébergements, certains ont vite déchanté…

Une évacuation bien rodée, la communication avant tout

Pendant que les bus embarquaient les réfugiés comme du bétail, des CRS étaient déployés en nombre autour du lycée Quarré dans le dix-neuvième arrondissement, occupé par 300 réfugiés de La Chapelle depuis le mois de juillet. Histoire d’éviter à tout prix toute mobilisation commune et toute dénonciation des intentions de la mairie.

Dès les réfugiés évacués, les karchers municipaux ont été déployés pour nettoyer les quartiers et faire « place nette ». A Austerlitz, des grillages ont immédiatement été mis en place pour éviter toute réinstallation. Pour en ajouter au cynisme de l’opération, France 2 tournait à deux pas de là, dès le début de l’évacuation à six heures du matin, son émission "Complément d’enquête », où l’invité n’était autre que… Nicolas Dupont-Aignan ! Oui, ce député dont le parti Debout la France réclame la fermeture des frontières, ce maire de Yerres (Essonne) qui refuse d’accueillir des migrants dans sa ville. Mais les militants du collectif de soutien aux migrants n’ont pas laissé faire et leur détermination a forcé l’équipe de France 2 à plier bagage.

Une situation d’extrême précarité qui a trop duré

Devant la mairie du dix-huitième arrondissement de Paris, ils étaient plusieurs centaines à camper depuis deux semaines pour exiger avec fermeté la régularisation de leur situation de réfugiés. Pour la plupart originaires du Soudan, d’Erythrée ou de Somalie, fuyant des contextes d’extrême violence dans leur pays d’origine, ils vivent dans une précarité extrême pour certains depuis de nombreuses années. Et pourtant, ils ne demandent pas la lune mais le minimum pour vivre en dignité : un logement, des papiers, l’accès à l’emploi et à l’éducation. Mêmes demandes du côté du quai d’Austerlitz où ils étaient environ 400 à camper depuis de longs mois dans des tentes vertes et bleues, assorties aux couleurs de la cité de la Mode et du design les surplombant.

Après leur avoir vendu du rêve… des hébergements provisoires et parfois insalubres

Les réfugiés ont été dispersés dans des dizaines de centres, à Paris et proche couronne pour ceux du 18e, et dans des communes plus lointaines de la région parisienne pour ceux d’Austerlitz : Persan, St Ouen l’Aumône, Garges les Gonesses. Le point commun, c’est que l’hébergement est temporaire, pour seulement un mois. Les pouvoirs publics expliquent que ceux qui relèvent de la demande d’asile intégreront les dispositifs spécifiques. Malheureusement, on sait que seul un nombre très limité de demandes d’asile, pas plus de 20%, trouve une issue favorable, et que cette situation n’est pas près de s’améliorer avec la dernière réforme du droit d’asile, qui prévoit encore plus de contrôle des demandes.

Quant aux hébergements proposés, les conditions d’accueil sont très inégales, avec dans certains centres des conditions d’hygiène et de couchage déplorables : insalubrité, entassement dans les chambres, certaines n’ont même pas de lits. Certains centres imposent des couvre-feux à 20 heures et sans droit de visite. En plus de cela, les réfugiés ont pu constater que les engagements pris par la mairie de Paris n’étaient pas tenus : accompagnement dans les démarches administratives inexistant, et ils n’ont pas encore vu la couleur des tickets de transport qui leur ont été promis pour accomplir leurs démarches. Alors que les réfugiés réclamaient d’être traités comme des êtres humains, ils s’aperçoivent que les intentions des pouvoirs publics sont bien éloignées de l’apparence qu’ils cherchent à se donner dans les médias. Mais les réfugiés ne sont pas dupes, et dès leur arrivée dans les centres d’hébergement, certains discutaient de la possibilité de partir ou d’organiser des sit-in de protestation.


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