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Pendant que la jeunesse et les salariés occupent la rue, ce 9 mars, contre la loi Travail

Adieu Front de Gauche ?

Sous les coups répétés d’un gouvernement Hollande-Valls à la botte du Medef, de plus en plus guerrier et répressif, les travailleurs arrivent à la limite de ce qu’ils peuvent supporter. La loi El Khomri cristallise le « trop c’est trop ». La jeunesse, frappée de plein fouet, s’agite. Le gouvernement appelle les « partenaires sociaux » à la rescousse mais ils renaudent de peur de perdre leurs troupes. Tous les regards sont tournés vers les rendez-vous du 9 et du 31 mars.

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Pendant ce temps, ça discute ferme, à « la gauche de la gauche » sur la stratégie à adopter dans la perspective des présidentielles. Mélenchon en annonçant officiellement sa candidature, consomme la rupture avec son partenaire d’origine Pierre Laurent et libère d’autres groupes politiques membres du Front de Gauche (FDG) désormais en mal de recomposition. Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) devrait de son côté définir lors de sa conférence nationale des 19 et 20 mars, une stratégie et un candidat pour les présidentielles mais cela ne va pas sans tensions internes.

De la création du Front de Gauche…

Le terme de « partenariat » a été utilisé pour qualifier l’accord électoral signé en novembre 2008 entre le Parti Communiste et le Parti de Gauche. Le Front de gauche qu’ils créent ensemble, affiche l’objectif de « rassembler toutes les formations politiques de gauche hostiles au traité de Lisbonne sans exclusive, de la gauche antilibérale à l’extrême gauche, dans la perspective de passer en tête de toutes les forces politiques en termes de suffrages ».

Dès sa fondation, le FDG montre que sa stratégie est principalement électoraliste : Mélenchon annonce avec force sa volonté de faire « la révolution par les urnes » quant au PC, il ne doit de résister à son déclin dans la classe ouvrière que grâce aux bastions qu’il détient encore dans un assez grand nombre de communes, le plus souvent sur la base d’accords électoraux avec le PS.

Quelles que soient les proclamations maximalistes d’un Mélenchon, elles ne dépassent jamais les limites d’un antilibéralisme bien compris dans le cadre des institutions de la « République » quand bien même ce serait la VIème. Sa conception de l’Europe passe d’ailleurs par un nationalisme franchouillard qui le fait souvent flirter avec les conceptions du souverainisme, même s’il est teinté de gauche, d’une Marine Le Pen

Dernier avatar de l’absence de délimitation par rapport à un gouvernement « socialiste » aussi inféodé à la bourgeoisie que celui de Hollande-Valls, le PC, le PG et Ensemble, autre composante du FDG, ont voté l’Etat d’urgence et Mélenchon n’a jamais caché qu’il soutenait l’intervention française, en Lybie par exemple.

… à la rupture consommée

Mais, malgré ces points de convergence, c’est finalement les enjeux électoraux pour les présidentielles de 2017 et les stratégies d’alliance envisagées par les uns et les autres qui ont fait éclater le FDG.

A plus d’un an du scrutin, Mélenchon, se souvenant de l’élection de 2012 où il était arrivé sous la bannière du Front de gauche en quatrième position avec plus de 11% des suffrages, annonce, sans en informer le FDG, qu’il sera à nouveau candidat en 2017. Et aux journalistes qui lui demandent qui le soutiendra, il répond « des convictions…. et peut-être le peuple français ». Hollande n’a qu’à bien se tenir ; à Bonaparte, Bonaparte et demi. Mélenchon a bien l’intention de dialoguer directement avec le peuple à coup de référendums et autres méthodes pour lesquelles les institutions de la Vème république, revues et corrigées par Hollande, pourraient bien lui suffire. Des primaires à gauche… il va de soi qu’il n’en veut pas.

Tout l’inverse de la stratégie de Pierre Laurent qui déclare : « La gauche a besoin d’une primaire pour débloquer le système politique actuel et organiser une irruption citoyenne dans le débat….Chaque parti doit mettre ses propositions sur la table. Le PCF vient de le faire. Pour nous, ce processus doit démarrer par des grands débats à travers le pays. Il faut redonner la parole aux citoyens, à ceux qui souhaitent une primaire à gauche. Puis, en fonction des attentes, demandes et revendications des citoyens, il faut faire émerger un socle politique partagé ».

Exit le Front de Gauche.

L’espace politique a horreur du vide

Après la métamorphose définitive du PS en parti du Medef et l’effondrement de l’influence du PCF dans les milieux ouvriers, un vide s’est créé en termes d’expression du mouvement ouvrier sur le terrain politique, l’extrême gauche étant aujourd’hui bien trop faible pour combler ce vide. C’est cette configuration qui explique aussi la progression de l’influence du FN qui se dit « antisystème ». C’est dans cet espace que s’est créé le NPA et après lui le FDG.

Aujourd’hui, tous les débats à la gauche de la gauche et dans l’extrême gauche sont guidés par ce constat, même si les conclusions tirées par les uns et les autres peuvent largement diverger.

Plus la crise du capitalisme s’approfondit, à l’échelle européenne et mondiale, plus les gouvernements attaquent frontalement les travailleurs, et plus chacun se pose la question de l’alternative politique qui permettra aux travailleurs de mettre fin durablement aux méfaits du capitalisme. A cette situation viennent s’ajouter des formes d’expression spontanées qui peuvent donner à penser qu’il existe une volonté de masse d’en finir avec un certain nombre de formes d’oppression et d’attaques sociales. Comment ne pas être attentif à une pétition en faveur de Jacqueline Sauvage qui recueille des signatures en masse et surtout à la pétition contre la « Loi travail » qui dépasse le million.

Mais chacun sait que ce n’est pas suffisant pour organiser un « tous ensemble » victorieux. L’exemple des printemps arabes a montré qu’en l’absence d’un mouvement ouvrier organisé ou avec un niveau d’organisation très faible, et d’un parti révolutionnaire représentant en toute indépendance de classe les exploités et les opprimés, la contre-révolution reprenait assez vite le dessus.

Quelle forme d’organisation pour espérer vaincre les exploiteurs ?

Le modèle qui a été le plus porteur d’espoir, mais aussi de déception, c’est celui de Syriza en Grèce et de Podemos en Espagne dont l’idée est reprise de manière plus globale sous le vocable de « nouvelle représentation politique ». Le principe en est simple. Il repose sur l’idée qu’aucune des forces « de gauche » ne peut à elle seule combler l’espace politique qui représenterait les « citoyens », « ceux d’en bas », « les opprimés ». Il faut donc se rassembler « à gauche » pour constituer un gouvernement capable de lutter contre l’austérité la limite étant en Grèce, le Pasok, en Espagne le PSOE en France le PS.

On sait pourtant avec quelle rapidité Syriza et Podemos ont renoncé à leur propre programme. Après la capitulation de Tsipras, c’est maintenant Iglesias qui propose la constitution d’un gouvernement avec le PSOE dont il serait le vice-président.
Les liens de ces deux organisations avec la classe ouvrière sont d’ailleurs extrêmement distendus. Pour Syriza, la voie qui l’a amenée au pouvoir a été principalement électorale. Quant à Podemos, bien qu’il y ait eu ces derniers temps, un mouvement ouvrier vigoureux en Espagne, il l’a dilué dans la masse des « citoyens », des « indignés » en général.

De quoi avons-nous besoin aujourd’hui

A la veille du 9 mars « La pétition contre la loi sur le travail a dépassé le million de signatures », les collectifs se multiplient, contre la guerre, contre l’état d’urgence, en soutien des good Year…, les étudiants se mobilisent avec mais aussi à côté des directions syndicales ; la jonction avec les secteurs ouvriers en lutte (SNCF, good Year …) redevient une hypothèse plausible. Beaucoup commencent à comprendre que le « tous ensemble » ne sera possible que si l’on impose nos mots d’ordre aux diversions, collusions orchestrées par les bureaucraties syndicales, celle de la CFDT en tête.

C’est dans ce contexte où les jeunes, les travailleurs, les chômeurs, les sans-papiers, les migrants cherchent à relever la tête qu’il faut situer la présence des militants politiques, syndicaux, associatifs dans les luttes. Ceux qui veulent en finir avec la destruction régulière des acquis du mouvement ouvrier, fruit des luttes, offrir une perspective décente à la jeunesse, en finir avec le chômage et la précarité, doivent jeter leurs forces dans la bataille en utilisant toutes les formes d’organisation à leur disposition. Réponse aux appels à la grève, AG dans les boîtes, dans les bahuts, dans les facs. Meeting de convergence entre les étudiants et les travailleurs, entre les salariés du tertiaire et de l’industrie, entre les syndiqués et les non syndiqués, entre les travailleurs avec et sans papiers.

Si par leur capacité à se mobiliser et à s’auto-organiser tous ceux qui sont en lutte parvenaient à déclencher un mouvement d’ensemble, voire une grève générale, alors se poserait la question de la mise en place d’une nouvelle représentation politique c’est-à-dire d’un gouvernement des travailleurs. Cela n’aurait rien à voir avec des partenariats construits sur des principes d’alliance électorale dans le cadre des institutions en place.


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