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Zéro suppression de poste, zéro baisse de salaire !

Aéronautique. Latécoère veut supprimer 475 emplois !

Les plans de licenciement et les APC continuent de pleuvoir dans l'aéronautique, avec désormais Latécoère qui va supprimer un tiers de ses effectifs en France après avoir viré 1105 personnes à l'international. Ce n'est pas aux travailleurs de payer la crise, il va falloir se battre pour refuser toute suppression d'emploi !

Joachim Bertin

25 septembre 2020

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Après une décision en conseil d’administration hier soir, l’annonce est tombée ce matin, Latécoère va engager un plan de licenciements qui vise à supprimer 475 postes en France sur les 1504 salariés. Un tiers des effectifs ! Si les travailleurs de l’entreprise s’attendaient à des annonces peu réjouissantes, la direction n’avait pas fait mystère de ses réflexions sur la manière de faire encore et toujours plus de profits, l’annonce, par son ampleur, a fait l’effet d’un choc.

En remettant les documents préparatoires aux élus ce matin, la direction de l’entreprise a voulu rappeler qu’elle était déterminée à faire payer la crise à leurs salariés et ce à l’international. 1105 personnes ont déjà été licenciées à travers le monde, l’une des deux usines de Tunisie, celle de Charguia à Tunis va définitivement fermer ainsi que celle, flambant neuve, de Belgavi en Inde.

Le groupe Latécoère abrite une composante en aérostructure et l’autre en câblage, Latelec. La première emploie aux alentours de 800 personnes, contre 600 pour la seconde. Dans l’aérostructure, ce sont près de 345 emplois qui pourraient être supprimés, et 130 à Latelec dont le siège situé à Labège, commune au Sud de Toulouse, est menacé de fermeture. Sur ce site, il semble probable que les travailleurs à la production (qui ne sont déjà plus que quelques dizaines) soient virés, et que seuls les métiers de bureaux conservés seront mutés au nouveau siège, en construction, à Toulouse, sur le site de Périole. « A Labège, ça fait longtemps qu’ils ont viré, tout ce qu’ils ont pu virer » confie Florent Coste, délégué syndical CGT. Sur les sites de Montredon (Toulouse) et de Gimont (Gers), selon les plans de la direction, le plan de licenciements touchera la moitié des ouvriers. « Ces sites ne devraient pas fermer, mais on sent que ça les démange ».

Les travailleurs de l’aéronautique qui ont trimé pendant le confinement mis à la porte !

Pendant le confinement, alors que les travailleurs de l’aéronautique se sont battus pour obtenir la fermeture de leurs usines, afin de ne pas être contaminés pour produire des avions qui ne volaient pas, toutes les boîtes se sont alignées sur Airbus pour rouvrir après seulement quelques jours d’arrêt. C’est le cas de Latécoère où la direction a tout fait pour que les travailleurs reprennent au mépris de leur santé. Des travailleurs de l’aéro qui doivent donc être comptés au rang des héros qui ont travaillé pendant le Covid. Héros qui ne sont pas mieux traités que ceux de l’hôpital. Dans l’aéronautique, les plans de licenciement et les Accord de Performance Collective (APC) s’enchaînent.

D’ailleurs Latécoère n’en est pas à son coup d’essai. Un PSE avait déjà eu lieu en 2016, mettant à la porte 156 salariés. Le nouveau fond de pension installé en fin d’année, et le nouveau directeur Philip Swash (arrivé en mars) n’ont pas perdu de temps et ont su prendre très vite les habitudes de la maison.

Dégraisser pour « consolider », quand les patrons veulent profiter de la crise

Des discussions sont ouvertes entre les entreprises d’aérostructure (Figeac Aéro, Mecachrome, Nexteam...) pour une « consolidation » du secteur et de certaines entreprises, par des partenariats et peut-être à l’avenir des fusions. Autrement dit, on assiste à des discussions pour savoir qui va pouvoir manger qui et ainsi concentrer davantage le capital dans l’industrie aéronautique. Le plan de soutien de 15 milliards du gouvernement va aussi dans ce sens en mettant entre les mains des quatre donneurs d’ordre principaux (Safran, Thalès, Dassault, Airbus) un fonds d’investissement qui devrait atteindre les un milliard d’euros. Ainsi, les quatre entreprises qui dirigent déjà le secteur, vont décider de la survie des entreprises. « La consolidation de l’aérostructure, ça fait quinze ans qu’on nous en parle comme d’une nécessité vitale, imminente » détaille Florent Coste. Il est possible qu’aujourd’hui des entreprises profitent de l’affaiblissement de certaines entreprises pour les absorber. Les crises économiques poussent certains capitalistes à s’allier pour en racheter d’autres et il semble que des processus de concentration soient a minima dans les têtes du patronat de l’aéronautique.

Du côté du câblage, Latécoère poursuit l’acquisition d’activités rachetées à Bombardier à Querétaro au Mexique.

L’aéronautique fait aujourd’hui face à une crise de surproduction. Alors que les entreprises du secteur ont connu des années de croissance et de résultats florissants, les plans sociaux et et les (APC) se multiplient. Régulièrement confrontés à ces crises, les capitalistes n’ont pas beaucoup de solutions pour les résoudre : détruire des richesse,s fermer des usines, licencier des ouvriers. D’après La Dépêche, le groupe Latécoère a vu son volume de commandes et son chiffre d’affaires baisser de 40 % ce qui lui permet de justifier aujourd’hui ces attaques. Mais les salariés devraient avoir le droit de savoir où sont passés les fonds de Latécoère alors que l’entreprise dit n’avoir pas de problème de trésorerie, qu’elle a touché un prêt garanti par l’Etat à hauteur de 60 millions d’euros, et que son président Pierre Gadonneix empoche chaque année 200.000 euros de Latécoère. Et combien pour les actionnaires ? Ce ne sont pas les salariés qui coûtent cher à l’entreprise !

Grâce aux réformes successives des derniers gouvernement et de Macron en tête, les patrons de l’aéronautique ont l’embarras du choix pour faire payer la crise aux ouvriers. PSE, APC et pourquoi pas les deux ? Selon l’exemple airbusien, cette option pourrait tenter la direction de Latécoère. Mercredi s’ouvrent des négociations pour quatre mois alors que l’entreprise essaye de prétendre s’intéresser au sort des ouvriers et de vouloir limiter le nombre de licenciements. L’Etat sera son meilleur allié dans son objectif de licencier alors que le PSE a déjà été discuté avec le ministère de l’économie avant d’être rendu public. C’est bien là l’essence de la politique de soutien au patronat aéronautique de Macron. Les négociations sont un piège et comme l’a montré l’exemple de la grève des Derichebourg, il n’y a pas de temps à perdre à « négocier le poids des chaînes » pour reprendre leur expression, mais il faut s’affairer dès maintenant à regrouper les salariés, à se réunir collectivement en Assemblée Générale. Les négociations servent au patron à réduire les réactions collectives et à ce que, poussés par la résignation, chaque salarié cherche des solutions individuelles : un tel pourra toucher quelques miettes pour aller se former ailleurs, un tel pourra partir en pré-retraite, l’autre touchera quelques milliers d’euros pour déménager. Mais qui retrouvera du travail derrière alors que la crise ne fait que commencer ? Les solutions d’épicier pour négocier des baisses de salaire ou des conditions de travail contre le maintien de l’emploi votn dans le sans du patron, ce n’est pas aux salariés de se serrer encore davantage la ceinture ! Les négociations sont au cœur du plan du patronat (d’ailleurs le Medef et le gouvernement n’arrête pas de rappeler l’importance du dialogue social dans la période) pour qu’il puisse mettre la crise sur le dos des travailleurs sans faire trop de vague. L’urgence est donc à la réunion des salariés pour discuter des moyens de faire face aux attaques de la direction.

Dans cette tâche, les salariés de Latécoère pourront faire appel à la solidarité dans l’industrie aéro et compter sur le soutien de la vingtaine d’entreprises où des salariés ont appeler dans une déclaration à se préparer au combat, tous ensemble, et ne pas se laisser isoler boîte par boîte. Pour refuser tous les APC, les PSE, pas un euro de moins, pas un collègue de moins, zéro baisse de salaire, zéro licenciement. Voilà comment on pourrait résumer leur appel au reste du secteur. L’offensive de la direction de Latécoère appelle dès maintenant à serrer les rangs autour de ceux qui se font attaquer !


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