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Violences de genre

Affaire Alexia Daval : en finir avec les féminicides

Le 30 octobre dernier, le corps d'Alexia Daval était retrouvé dans un bois de Haute-Saône. Un meurtre qui jusqu'à aujourd'hui restait non élucidé. Depuis hier on connaît désormais le nom de son meurtrier : c’est celui de son mari, Jonathann Daval. Ce dernier a fini par avouer. Un "fait divers", celui du meurtre d'une "joggeuse", qui se révèle, trois mois plus tard, être un nouveau féminicide. Pourtant, au lieu de parler d'assassinat, les médias relaient des propos qui présentent Alexia et Jonathann comme deux victimes. Or, il n'y a dans cette histoire qu'une seule victime : Alexia, victime comme de nombreuses autres femmes de violences conjugales.

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Le meurtre non élucidé d’Alexia Daval aurait pu tomber dans l’oubli. Ce sont les aveux récents de son mari qui font aujourd’hui de ce meurtre, une affaire et non celle d’un "drame conjugal" mais celle d’un crime de genre.

Jonathann Daval a avoué avoir tué sa femme avec qui il avait de nombreuses altercations. L’histoire ressemble, comme beaucoup d’autres, à celle d’un couple dont les situations de violences conjugales à plusieurs reprises, dans le cadre du domicile conjugal, ont fini par se terminer par l’assassinat de la jeune femme. Des meurtres comme celui là, il s’en produit des centaines par an en France, et des milliers dans le monde. Il y a de cela, à peine quelques semaines encore, Mariama Kallo mourait défenestrée après 32 coups de couteaux assénés par son compagnon. Dans un monde où le corps des femmes est perçu comme une marchandise, comme un objet dont on pourrait disposer, jouer puis se débarrasser, les violences de genre sont nombreuses et diverses, et s’expriment partout, dans les espaces tant publics que privés (au travail, dans la rue, à la maison...).

Mais la dénonciation systématique des féminicides, des violences de genre n’est certainement pas à l’agenda des gouvernements, des médias, des institutions bourgeoises, de la justice.

Ainsi, suite aux aveux du mari, l’avocat de Jonathann Daval, Randall Schwerdorffer, a prononcé un discours présentant Alexia et Jonathann comme deux victimes faisant portée en partie à Alexia la responsabilité de son assassinat et ainsi diffusant le discours dominant qui est de rendre coupable les femmes et minorités de genre des agressions qu’elles subissent. Il a ainsi déclaré à la presse, pour défendre le geste de l’homme qu’ "Alexia avait une personnalité écrasante, il se sentait rabaissé, écrasé". Il a ensuite ajouté que dans l’affaire "il y a deux victimes, Alexia et Jonathann Daval", et poursuivit en ces termes : "c’est un couple dont malheureusement l’un des conjoints était violent mais ce n’est pas celui auquel on pense, c’est-à-dire qu’Alexia, en période de crise, pouvait avoir des accès de violence extrêmement importants à l’encontre de son compagnon."

Ces propos déclarés à la presse ont ensuite été repris dans tous les médias. Une diffusion que différentes figures politiques et personnalités ont dénoncé. Caroline de Haas a rebondi sur les propos des avocats s’indignant de cette rhétorique qui vise à culpabiliser la victime et garanti en dernière instance "l’impunité" du meurtrier, la secrétaire d’Etat à l’égalité hommes-femmes, Marlène Schiappa a également dénoncé des propos « scandaleux » sur RTL. Des réactions qui s’expliquent suite à de nombreuses affaires de féminicides en France et ailleurs, et un contexte où des mouvements récents ont émergé contre les violences faites aux femmes - le mouvement Metoo - après l’affaire Weinstein.

Depuis plusieurs mois, ce sont également des réactions qui fleurissent sur les réseaux sociaux contre les médias dominants qui classent systématiquement les cas de féminicides dans la rubrique "fait divers" et qualifient les féminicides de "drames passionnels" ou "d’accidents". Une prise de conscience à la fois sur les réseaux sociaux et dans certains milieux de l’invisibilisation de ces féminicides qui sont l’expression la plus violente d’une chaîne de violences de genre quotidiennes et qui touchent l’ensemble des femmes et minorités de genre.

Les discours tenus dans la presse ou encore par les avocats, constituent le discours dominant qui légitime au quotidien les violences de genre. La réponse de Marlène Schiappa, si elle a le mérite de dénoncer publiquement les propos de l’avocat, reste une position hypocrite de la part d’une ministre du gouvernement Macron qui tous les jours fait passer des lois qui précarisent les femmes et minorités de genre et les exposent à plus de violences.

Aujourd’hui, alors même qu’émerge un mouvement contre les violences sexistes, une remise en cause à une plus large échelle de discours dominants quotidiens et banalisés, ce sont à celles qui sont descendues dans la rue, qui se placent du côté de celles qui placées en bas de l’échelle sociale subissent encore plus que les autres les violences de genre, de dénoncer systématiquement le discours dominant, et de s’organiser loin de Marlène Schiappa, des institutions et de l’Etat.


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