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L'Etat, gardien du capital

Affaire Dépakine et course aux profits : l’État jugé responsable

Le tribunal administratif de Montreuil a jugé l’État responsable dans la prescription de Dépakine aux femmes enceintes. À l’origine de malformations congénitales et de troubles neuro-développementaux, les risques élevés de ce médicament sur les foetus des femmes enceintes étaient connus du groupe Sanofi qui le commercialise, comme de l’État. Mais dans leur course aux profits, la santé importe peu.

Lola Alduna

2 juillet 2020

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Ce jeudi 2 juillet, l’État est reconnu responsable dans l’affaire Dépakine. Selon le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis), “ l’État a manqué à ses obligations de contrôle en ne prenant pas les mesures adaptées et engagé sa responsabilité. ” comme le rapporte La Depêche, puisqu’il n’a pas assuré “ l’information donnée aux praticiens et aux malades sur la dangerosité de ces médicaments lorsqu’ils sont donnés aux femmes enceintes. ” En conséquence, l’État est condamné à indemniser trois familles à des montants de 290 000 euros, 200 000 euros et 20 000 euros, selon l’âge des enfants concernés.
 
La justice a aussi déclaré que ces mêmes responsabilités étaient partagées par le laboratoire Sanofi et les médecins prescripteurs. En effet, c’est en septembre 2016 qu’une enquête est ouverte au sujet de la commercialisation de l’antiépileptique de référance Dépakine. Elle visait à établir s’il y avait eu “ tromperie sur les risques inhérents à l’utilisation du produit et les précautions à prendre ayant eu pour conséquence de rendre son utilisation dangereuse pour la santé de l’être humain ”, suivant Le Monde.
 
C’est la molécule valproate de sodium qui semble à l’origine du problème, commercialisée depuis 1967 sous la marque Dépakine par Sanofi, et utilisée pour répondre aux troubles bipolaires et à l’épilepsie. Lorsqu’elle est prise par une femme enceinte, le risque pour le foetus de développer des malformations congénitales et/ou des troubles neuro-développementaux est très élevé. Si ces conséquences sont connues depuis longtemps, un sondage de l’Agence nationale de sécurité du médicament datant de 2015 avait dévoilé que 62 % des femmes traitées par la Dépakine n’étaient pas ou peu informées sur les effets, et que 94 % n’avaient pas signé le formulaire d’accord de soins.
 
Selon différentes études, le nombre d’enfants handicapés à cause du valproate de sodium est estimé entre 15 000 et 30 000. La condamnation de l’État dans le cas de ces trois familles est une première, et montre la responsabilité partagée par l’État français et le groupe pharmaceutique Sanofi. Le groupe n’hésite aucunement à mettre en péril la santé des patients lorsqu’il s’agit d’éviter la baisse des profits, de la même manière qu’il n’hésite pas à détruire un millier d’emplois provoquant le suicide de certaines de ses employées. L’État, défenseur des intérêts capitalistes veille à ce que les profits augmentent au détriment de nos vies, et n’hésite à devenir complice lorsqu’il s’agit de fermer les yeux, comme dans le cas de l’affaire Dépakine.

La gestion catastrophique de la pandémie a montré dans quelle mesure la santé des travailleurs, des femmes et des migrants n’entre pas dans la liste des priorités gouvernamentales. Dans un monde d’exploitation et d’oppressions, la santé est un marché comme les autres où on n’hésite pas à mettre en péril des milliers de vies si cela permet d’augmenter les profits. L’industrie pharmaceutique ne devrait pas répondre aux intérêts capitalistes, mais aux intérêts des travailleurs et travailleuses, leur vie et bien-être.


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