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Black is beautiful

Afrique du Sud. Les lycéennes noires se battent afin de pouvoir garder leurs cheveux au naturel

Xavier Dolan Z A Pretoria, une pétition en ligne a été lancée pour dénoncer le règlement raciste d'un lycée pour filles, où une élève de 13 ans fut menacée d'exclusion pour avoir refusé de se lisser les cheveux. Rapidement devenue une affaire dépassant les frontières de l’école, elle vient tout juste de passer la barre des 30.000 signatures.

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L’histoire de Zulaikha Patel

 

Noire de peau aux cheveux naturellement crépus, l’adolescente de 13 ans a été menacée d’exclusion par son lycée, le Pretoria High School for Girls, dans la capitale administrative de l’Afrique du Sud, car elle ne « respectait pas la réglementation capillaire de l’établissement ». Et pour cause, la jeune fille en question ne se serait pas lissée les cheveux afin de les attacher. Voilà la raison avancée par la direction de l’établissement lorsque les parents de Zulaikha ont réclamé des explications. Autant dire que seules quelques heures ont suffit pour que l’histoire devienne nationale et que soit partagée la pétition immédiatement créée qui en l’espace de 48h avait déjà été signé par plus de 10.000 personnes.

Le texte de la pétition, adressée au ministre provincial de l’Éducation Panyaza Lesufi, dénonce une clause du règlement intérieur interdisant de venir à l’école avec les cheveux crépus, obligeant de fait les étudiantes à se les lisser, et réclame que des « actions disciplinaires soient engagées contre les professeurs qui mettent en place des politiques racistes ».

Un racisme permanent

 

D’après le témoignage de certaines élèves, le corps enseignant de l’établissement participerait activement à ce que cette règle couchée sur papier prenne réalité. Tantôt en faisant des remarques, comme quoi les coupes de cheveux dites ‘afro’ - aussi comparée à des « nids sur la tête » ; seraient « peu soignées », tantôt en infligeant des sanctions. C’est ainsi que deux lycéenne de 17 ans, pour ne citer que quelques exemples, racontent avoir assisté à un cours durant lequel une élève aurait été forcé de quitter la classe pour aller se « lisser les cheveux » ou qu’une autre se serait entendue dire que sa coupe de cheveux « empêchait les autres d’apprendre ».

Le pire étant que ce harcèlement permanent de la part de professeurs blancs relèverait seulement d’une appréciation « arbitraire ». En effet, le code de conduite de l’école ne mentionne en fait aucune coupe de cheveux spécifique mais simplement de « s’attacher les cheveux en arrière » dès qu’ils sont suffisamment longs comme le révèle l’enquête indépendante qui fut conduite sous l’ordre du ministre de l’éducation pour la province de Gauteng, Panyaza Lesufi, une fois qu’il a visité l’école publique.

Plusieurs témoignages d’élèves noires relatent aussi le fait qu’elles ne seraient pas autorisées par leur professeurs à parler, dans l’établissement, l’afrikaans, soit leur langue locale, ces derniers les accusant de comploter. Alors même qu’ils ne voient aucun souci à ce que les élèves blanches le fassent, évidemment.

Un nouveau souffle de lutte

 

Au delà de la mésaventure de Zulaikha, c’est face à ce racisme vécu au quotidien que les lycéennes ont protesté. Qui n’est pas sans créer un souffle de solidarité entre les étudiantes le subissant. Plusieurs d’entre elles font écho à cette journée durant laquelle elles étaient nombreuses à porter un turban autour de la tête après que, la veille, une de leur camarade s’était fait huer à la cantine de ce lycée huppé pour en avoir porté un.

Tout comme en atteste aussi la manifestation qui s’est déroulé juste après le lancement de la pétition, largement relayée sur les réseaux sociaux illustrée par le hastag #StopRacismAtPretoriaGirlsHigh, ayant eu lieu devant le lycée Pretoria High, rassemblant une centaine d’étudiantes protestant pour le droit de porter leur cheveux naturels à l’école. Manifestation durant laquelle le lycée a fait appel ce week-end à la police et à des gardes de sécurité armés.

Aussi, comme en ce qui concerne les universités, les meilleurs collèges en Afrique du Sud ont été créés pour l’usage de la minorité blanche. La fin de l’Apartheid et la possibilité à ce que les étudiant.e.s noir.e.s accèdent à ces institutions n’a pas changé le caractère discriminatoire de ces dernières. Et si la simple possibilité d’étudier au sein de celles-ci, pour des milliers d’étudiants noirs fut une conquête, un nouveau souffle de lutte, après la chute du régime raciste, a commencé à remettre en question la légitimité colonialiste restée debout.


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