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« Age pivot » : le gouvernement temporise mais maintient les 12 milliards de coupes dans les retraites !

Alors que se poursuit ce samedi la mobilisation pour le retrait de la réforme, le premier ministre a affirmé dans un courrier retirer l’âge-pivot à 64 ans, du moins temporairement, tout en maintenant l’âge d’équilibre « systémique » de la retraite à point. En effet, les « partenaires sociaux » devront trouver un « accord de financement » pour obtenir quelques 12 milliards de coupes dans le système de retraites. En cas d’échec, le gouvernement réintégrera l’âge pivot par ordonnance… En cas d’« accord », comme l’Assurance chômage (3,4 milliards), ce sera 12 milliards de coupe dans le système de retraites. Vous avez dit « compromis » ?

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Dans un courrier adressé aux syndicats, le premier ministre se dit prêt à retirer « la mesure de court terme consistant à converger progressivement à partir de 2022 vers un âge d’équilibre en 2027 ». Sans surprise, Il a tenu à préciser qu’il reste totalement inflexible sur le reste de la réforme, réaffirmant « la volonté du gouvernement de construire un système universel de retraites par répartition et par point ». Ainsi, le gouvernement fait mine de faire un geste pour trouver un « compromis » avec les partenaires sociaux. Mais de quel compromis parles-t-on ?

En effet, le gouvernement a tenu à réaffirmer qu’il faudra quoi qu’il arrive une mesure pour assurer « l’impératif équilibre du système des retraites ». Un impératif qui sera, rappelle-t-il, « inscrit dans le projet de loi ». Si Edouard Philippe accepte de s’en remettre à une « conférence de financement » pour définir les modalités de cet équilibre, les marges de manœuvres seront donc nulles car le gouvernement affirme entre les lignes que l’objectif d’« équilibre » reste le même : trouver 12 milliards d’euros correspondant au « coût » de l’âge-pivot.

Et ce cadre, le gouvernement compte bien en maitriser l’ensemble des contours. C’est ce dont témoigne la désignation par le premier ministre de sa présidence : Jean-Jacques Marette, réclamé par la CFDT, ancien directeur général de l’AGIRC-ARRCO, qui dirigera les débats et devra remettre « ses conclusions d’ici la fin du mois d’avril 2020 ». Un calendrier qui doit permettre au gouvernement en cas d’« échec » de prendre « par ordonnance les mesures nécessaires pour atteindre l’équilibre d’ici 2027 ». En somme, imposer l’âge-pivot par ordonnance. « Je veux être parfaitement clair sur ce point : je prendrai mes responsabilités », a insisté le Premier ministre. Les modalités de « négociation » rappellent étrangement la manière dont le gouvernement avait encadré les « négociations » de l’assurance chômage qui avaient permis à l’exécutif d’imposer 3,4 milliards d’euros de coupes budgétaires : des négociations le pistolet sur la tempe.

Si l’on lit entre les lignes, l’objectif du gouvernement reste le même : 12 milliards de coupes budgétaires contre le système de retraites. Ce faux-vrai retrait de l’âge-pivot n’est qu’un leurre dans le sens où la « mesure d’équilibre » est maintenue. Seule la manière dont l’on coupera 12 milliards d’euros dans le système de retraites sera discuté. Cette annonce confirme donc au contraire que le gouvernement maintient à 100% sa réforme, « systémique » comme « paramétrique ». Loin d’un compromis, il maintient sa réforme sur toute la ligne. Système de retraite par répartition comme « mesure paramétrique » dont la CFDT avait pourtant remis en cause la nécessité. Plus qu’un recul de Macron, c’est bien un recul des directions syndicales « réformistes » auquel on assiste. La mesure dite d’équilibre implique une nouvelle entaille contre le système de retraite par répartition.

De plus, le gouvernement maintient aussi son âge d’équilibre à long terme, inhérent au système par points, qui évoluera en fonction de l’espérance de vie. C’est ce qu’explique Libération : «  Même en cas d’accord entre partenaires sociaux, un autre « âge d’équilibre » verra le jour. L’article 10 du projet de loi détaille en effet la « référence collective » qui permettra de faire « fonctionner » le futur système universel. Un dispositif « correspondant à l’âge auquel les assurés pourront partir à "taux plein", et autour de laquelle s’articulera un mécanisme de bonus/malus ». Et contrairement à l’âge d’équilibre « paramétrique », cet âge d’équilibre « systémique », déjà présenté en juillet par l’ex-haut-commissaire chargé des retraites, Jean-Paul Delevoye et qui avait mis en rogne la CFDT, n’est pas même négociable dans son principe.  »

En somme, dans cette lettre au syndicat, mais aussi dans le projet de loi, il y a tout un tas d’astérisques qu’il faut lire. Non seulement le retrait, même temporaire, n’est pas une victoire de la mobilisation comme tend à l’affirmer Laurent Berger, mais pire : le texte du projet de loi du gouvernement inscrit un âge d’équilibre à « long terme » qui permettra, dans le système de retraites à points, d’augmenter l’âge de départ à la retraite en fonction de l’espérance de vie, mais aussi des paramètres budgétaires inhérents au système par points à savoir à budget du PIB constants, une baisse généralisée des pensions. Non, c’est tout ce projet qu’il faut retirer ! Aussi bien les mesures de coupes budgétaires qui n’ont pas bougé d’un pouce, mais plus encore le système par points, qui prépare une attaque historique contre les acquis sociaux.

Mais s’il s’agit d’une fausse concession de Macron, cela illustre cependant, que le gouvernement a été obligé de faire un geste en direction des centrales réformistes auxquelles il a concédé, au moins sur la forme, un "compromis" de méthode pour couper 12 milliards dans le système de retraite. Cela montre que le gouvernement est toujours affaibli, après plus de 36 jours de grève reconductible - le mouvement de grève le plus profond depuis mai 1995. C’est ce dont témoignent notamment les sondages d’opinions qui montrent sa forte chute de popularité. Si le gouvernement est obligé de renouer avec les « corps intermédiaires » alors qu’il avait fait de leur humiliation sa marque de fabrique. Si le gouvernement lâche sur la forme, c’est qu’il est en difficulté. Profitons de ce moment décisif pour généraliser la grève, qui continue à durer malgré les manœuvres par en haut. Il nous faut maintenant généraliser la grève pour obtenir le retrait total du projet de loi sur les retraites ! Grève jusqu’au retrait !


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