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Attaques du gouvernement

Aides à domicile amputées : Macron « pragmatique » temporise mais ne renonce pas

A peine 48 heures se sont écoulées entre l’annonce fracassante de la porte-parole du gouvernement et le démenti du président. Une seule explication : le tollé général et la peur de se mettre « les vieux » définitivement à dos.

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Une attaque annoncée sous couvert de « justice sociale »

Lundi 23 septembre apparaissait dans les médias l’annonce stupéfiante : les aides à domicile ne seront plus exonérées des charges. Jusqu’à présent les personnes âgées de plus de 70 ans bénéficiaient d’une dispense de cotisation « patronale » pour l’emploi d’une aide pour le jardin, le ménage, les courses... Mais désormais, ces « avantages » ce sera terminé. Fini le lavage des vitres, le dépoussiérage, le repassage, la taille de la haie… Arthrose, sciatique, vertige ou tout simplement fatigue due à l’âge… tant pis pour vous !

Bien sûr, ce n’était pas dit comme ça. Le message était enrobé sous le prétexte désormais éculé d’un « rééquilibrage » pour plus de « justice sociale » : sur LCI, Sibeth N’Diaye porte-parole du gouvernement déclarait : « Nous souhaitons recentrer les choses pour que les aides s’adressent aux personnes qui en ont le plus besoin ». précisant que le gouvernement veut réserver désormais cette exonération aux personnes qui sont en situation de perte d’autonomie, de dépendance ou de handicap.

Quand elle ajoute que « donner plus d’argent à des retraités, qui paient l’impôt sur la fortune pour payer leur jardinier, qu’à une mère célibataire pour payer la nounou, c’est totalement injuste et c’est le système actuel », la boucle est bouclée et la manip rhétorique apparemment imparable.

Les répercussions faciles à imaginer et le tollé général

Sauf qu’une telle mauvaise foi avait de quoi faire hurler de rage. Personne ne songeait que les personnes dépendantes ou handicapées devaient être privées d’un tel soutien. Mais personne non plus n’admet que toutes les personnes de plus de 70 ans, affaiblies, fatiguées, moins mobiles, passent aux oubliettes et soient assimilées aux « riches » qui payent (ou plutôt payaient...) l’impôt sur la fortune et font entretenir leur parc de quelques hectares par un (ou plusieurs) jardiniers.
Que dire par exemple de cette femme de 75 ans dont l’entrée est précédée d’une cour de 10 m2 bordée par des thuyas et qui fait appel à un jardinier pour tailler la haie ? Est-ce un abus ? Que dire de cet homme qui jusque-là nettoyait les vitres de son 6ème étage au-dessus du vide et est désormais pris de vertige quand il monte sur un escabeau ? Est-ce un abus ? Que dire de cette femme de 80 ans qui aimait pourtant repasser et qui, atteinte de sciatique, ne supporte plus la station debout ? Est-ce un abus ? Que dire tout simplement de ce couple fatigué qui n’a plus le courage d’aller faire ses courses ? Est-ce un abus après des années de travail ?

Et d’ailleurs, à propos de ces fameux « riches » auxquels la porte-parole assimile éhontément les plus de 70 ans, quand est-ce qu’on remettra la question de l’ISF ou du CICE sur la table ? Selon le quotidien Les Echos, la nouvelle mesure de rabotage de l’aide à domicile permettrait de retirer de la poche des personnes âgées 310 millions d’euros en 2020 et 360 millions les années suivantes, somme que l’on aurait aisément trouvée dans les coffres-forts des patrons du Cac 40. Pour eux une goutte d’eau dans la mare de leurs profits mais pour toutes ces personnes âgées qui recourent à l’aide à domicile, une dépense qu’ils ne pourraient plus assurer.
Quant au personnel d’aide à domicile, précaire entre les précaires et exploité entre les exploités, il risque de perdre une grande partie de ses possibilités d’emploi, soit à travers les chèques emploi service, soit à travers les entreprises d’aide à domicile. Un statut déjà très aléatoire qui risque d’être frappé de plein fouet par ces nouvelles mesures.

Au total, de quoi susciter un tollé général dans la population, dans certains médias, et jusque dans les rangs de LREM affolés du risque politique encouru alors même que se développent grèves et manifestations contre la réforme des retraites.

Repli stratégique du gouvernement, reculer n’est pas renoncer

C’est d’abord Édouard Philippe qui monte au créneau devant l’Assemblée Nationale dès le mardi 24 septembre. Sans crainte de faire apparaître au grand jour, au mieux l’incompétence et l’incohérence, au pire les dissensions au sommet de l’Etat, il admet, en réponse au député LR, Gilles Lurton, que « cette décision aurait mérité une concertation beaucoup plus approfondie. ». Il ajoute qu’il a « demandé à la ministre du travail de renoncer à cette mesure » et qu’il veut « rassurer les professionnels et les employeurs » : « Ces mesures n’entreront pas en vigueur ».

De son côté, Macron a assumé mardi soir avoir donné son feu vert au gouvernement pour qu’il renonce à raboter les aides à l’emploi à domicile pour les seniors. Ce serait pour lui un choix « pragmatique » sur une mesure « à l’impact négatif ».
Ouf ! On devrait être soulagés et classer définitivement l’affaire. Mais soyons vigilants, car ce que Macron ne mentionne pas et qu’a largement expliqué le premier ministre c’est le sens et la durée de ce renoncement : ce n’est pas parce que cette mesure est inique, injustifiée ou révoltante, c’est parce que « l’annonce ne correspond pas aux méthodes qu’il souhaite suivre pour l’acte II du quinquennat ». Et de relancer le processus, éculé lui aussi, de la vaste consultation, qui a déjà largement fait la preuve de son déni de démocratie : la ministre du travail Muriel Pénicaud « fera parvenir rapidement d’autres propositions qui seront soumises à concertation avec les parlementaires et les secteurs concernés », promet-il.
Une promesse dont on sait ce qu’elle vaut et ce qu’elle vise : reculer pour mieux sauter le pas d’une attaque de plus de nos conquêtes sociales quand le moment sera plus propice. La mesure n’est pas annulée, elle est mise au frigo, le temps que l’orage passe et que le hochet de la concertation tous azimuts puisse fonctionner.


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