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Les sans-chemises repartent à l’offensive

Air France : la direction veut mettre les salariés à poil

Léo Serge Le PDG d'Air France, Alexandre de Juniac vient d'annoncer la suppression de 1000 emplois pour l'an prochain. Et dans un entretien au "Parisien", Xavier Broseta évoque des contrats de travail différenciés proposés aux salariés en fonction de leur productivité. Après les chemises, la direction continue sa guerre contre les salariés.

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Xavier Broseta, le plus célèbre Directeur des Ressources Humaines (DRH) de France, n’a pas sitôt perdu la chemise qu’il en demande encore. A voir ses propos, on comprend mieux pourquoi il l’a perdu. Soutenu par le gouvernement, il ne semble ne pas connaître de limite dans sa boulimie de casse sociale. Prêt à dévorer les salariés d’Air France à la vapeur, au court-bouillon ou rôtis. En effet, au menu, rien de moins que trois nouveaux contrats aux salariés d’Air France. Trois options toutes aussi dégueulasses les unes que les autres. Tout l’art du dialogue social.

Le strip-tease

Première option : le salarié doit atteindre une productivité fixée par le patron, son salaire reste le même qu’aujourd’hui – évidemment la productivité va être supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui. Travailler plus pour le même salaire, en somme.

Deuxième option : le salarié accepte de travailler encore plus pour gagner plus. Au passage, on interroge les normes de sécurité pour le personnel volant et notamment pilotant…. Une petite piqûre de rappel du cas du pilote dépressif de la German Wings qui s’est suicidé aux commandes de son avion, serait sûrement nécessaire.

Troisième option : le salarié refuse l’offre de travailler plus, dans ce cas son salaire baisse.

Sauce piquante

Dans un premier temps ces contrats vont être proposés aux pilotes, mais le DRH annonce : « On a fait cette proposition aux pilotes, on peut l’étendre aux hôtesses et aux stewards. C’est sur la table ». Et quelle table ! Les salariés vont pouvoir choisir à quelle sauce ils veulent être mangés, sympa non ? On vous le dit c’est le « dialogue social ». D’autant plus que le DRH l’apprend aux salariés par… voie de presse. Comme dit le président du syndicat des pilotes SNPL qui se déclare « très surpris de cette annonce par voie de presse. Je pensais qu’on allait prendre un nouveau départ. Mais chassez le naturel, il revient au galop ».

Indexer les salaires sur la productivité c’est un vieux rêve du patronat, qui est en fait un retour au XIXème siècle quand les salariés étaient payés à la pièce. C’est un recul potentiel très important, et si cela passe à Air France, toutes les grandes entreprises verront ce genre de pratique se répandre. De Juniac, le PDG d’Air France, ne se cache, il l’a dit dans une conférence patronale qui circule en vidéo, il faut revenir au monde du travail au XIXème siècle et notamment autoriser le travail des enfants. Voilà ce que pense une partie du patronat, voilà à quelle modernité il fait référence.

Des arguments irrecevables

Évidemment l’argumentaire patronal pour justifier l’injustifiable est toujours le même : la concurrence. La concurrence risque de nous manger nous sommes trop petit, il faut continuer notre croissance. Regardez Lufthansa, ils ont supprimé 3500 postes. Gagner 100 millions d’euros par an ce n’est pas suffisant, etc... jusqu’à la nausée. Car c’est toujours le même discours, ici comme ailleurs. Mais avoir pour maître l’actuelle direction ou une direction allemande, française, japonaise ou sud-africaine, qu’est-ce que cela change pour les employés ? En vérité, rien. Les salariés de Lufthansa – qui sont d’ailleurs également en lutte depuis l’année dernière – connaissent peu ou prou la même situation.

Derrière l’argument de la concurrence, c’est la course aux profits. Pour y parvenir la direction d’AirFrance passe par la tactique du contrat de travail individualisé ou différencié. Cela lui permettrait, s’il y parvenait, de diviser les salariés en autant de statuts et d’éviter d’avoir affaire à un front uni des salariés. On voit bien qu’à Air France, ce qui gène le plus la direction, c’est d’avoir affaire non seulement aux pilotes, mais à toutes les catégories de personnels unies, de la maintenance au personnel au sol. C’est cela qui lui fait peur et c’est pour cela qu’il faut faire pression sur les directions des syndicats d’Air France pour qu’ils restent unis dans l’intersyndical.

Les sans-chemises repartent à l’offensive. Ce sont eux qui engagent la lutte et la violence. Et pas les arracheurs de chemises. Ne rien lâcher sur le front des acquis sociaux à AirFrance, c’est aussi ne rien lâcher de la défense des salariés inculpés, de qui la direction veut faire des exemples pour mater la combattivité dans la boîte. Toute la légitimité revient aux salariés d’Air France, car en définitive, nos vies valent plus que leurs chemises.


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